On ne le dit jamais assez et les artistes acceptent en général mal le fait d’être classés et définis par un seul des multiples traits qui les caractérisent. Le fait de trouver un concept clair et facilement identifiable peut s’avérer très frustrant car loin de révéler la complexité et la panoplie des valeurs ajoutées qu’un corps artistique comporte pourtant, c’est un élément fondamental d’un point de vue marketing et permet aussi de ne pas se disperser dans le travail, en particulier pour un groupe en développement. Le groupe que nous avons rencontré pour vous cette semaine a non seulement su relever le défi de cette contrainte artistique mais s’efforce aussi de la traduire par une stratégie de communication. Un groupe qu’on pourrait donc qualifié de “moderne” qui trouve son équilibre avec un fonctionnement “semi DIY”.
Les membres de Colt Silvers (se prononce SilverS) se sont rencontrés en 2008. Ils partagent une passion commune, le cinéma et ses membres sont tous issus de culture rock. Nous avons rencontré Nicolas (bassiste) et Tristan (chanteur et guitariste) et ils semblent s’accorder sur le fait que ces deux éléments sont fondateurs et qu’ils dirigent le groupe.
Le but en créant Colt Silvers c’était d’utiliser notre expérience rock. Nous avons une passion commune qui se trouve être le cinéma. Films d’horreur, science fiction, amour pour le cinema d’où CS pour la consonance.
Pour ceux qui l’ignorent, Colt Silvers fait référence à plusieurs choses, la première étant bien évidemment “L’homme qui tombe à pic“. Colt a plusieurs significations: flingue, poney, poulain. Colt Silvers c’était donc pour Poulains d’argent !
Nos Poulains d’argent Strasbourgeois sont donc un concept et traduisent cet état d’esprit également dans leur stratégie de diffusion et de communication puisqu’aujourd’hui, il nous font l’honneur de diffuser le premier titre d’une série de 7 qui constituent leur tout nouvel EP “Acoustronics”.
Chaque semaine, à partir d’aujourd’hui, à l’instar des séries, un titre sera diffusé sur la toile. Le principe est que chaque titre est inspiré d’un thème de film et comprend le chant des titres du premier album. Cette stratégie conçue pour engager les fans les intègrera donc dans le jeu en leur faisant retrouver les thèmes de cinéma utilisés dans les compos. L’hommage au cinéma est plus appuyé que dans leur précèdent projet et la couleur des compositions est aussi légèrement différente. Les acoustiques fonctionnant bien, ils ont tenté de donner une couleur plus organique à leurs productions.
L’équipe est familière des réseaux sociaux et ils ont toujours su optimiser les retours de leurs fans et faire évoluer leur concept. On remarque que tous les changements effectués entre le projet numéro un et deux sont dus à ces échanges, qui ont participé à faire mûrir le projet.
Le groupe issu de la génération net a surement intégré les constantes de cette nouvelle époque bien avant que l’industrie ne se rende compte de la gravité de la situation et toutes les questions que nous leur posons à propos des nouveaux usages et schémas liés à l’avènement d’internet leur semblent dépassées et pour eux, ces problématiques ont été intégrées bien avant la constitution des Colt Silvers.
On a commencé par écrire des morceaux inspirés de BO, et c’est là qu’on rencontre Julien, le boss de notre label. Il jouait dans Plus Guest, un autre groupe du label et nous dit qu’il veut monter son label, et nous demande si nous aimerions y contribuer. On a sorti deux titres pour lui, à la base une petite démo. Le projet lui ayant beaucoup plu, on enregistre un album /concept sur la thématique du cinéma.
Aujourd’hui, un artiste ne peut plus se contenter de ne faire que sa musique. Ça aussi c’est une évidence qui a pourtant bien du mal à être intégrée. Les Colts Silvers, bien que soutenus par un label, gèrent pour la plupart leur communication et participent activement à l’activité du label.
Adeptes de Bandcamp, mais aussi de Twitter qu’ils décrivent comme une sorte d’agenda qu’ils tiennent, “c’est un peu le vis ma vie des Colt Silvers“.
“Myspace, mis à part pour faire écouter notre musique, on ne l’utilise plus du tout.”
“Facebook reste encore un peu plus répandu que Twitter. Les gens peuvent commenter directement sur une photos, l’échange est plus évident et facile à suivre. On essaye de jouer le jeu. On a souvent des photos improbables, on essaie d’en poster une par semaine et faire deviner aux gens ce qu’il se passait. On essaie aussi de faire basculer les gens sur Twitter mais ce ne sont pas les mêmes personnes qui utilisent l’un et l’autre.”
On a pris conscience que ça faisait partie du boulot de musicien. C’est indissociable, on ne peut pas se contenter d’être musicien aujourd’hui. (Nicolas)
On utilise les réseaux sociaux depuis le début. On ne tient pas de blog mais on sait faire et on est très actifs sur la toile. De toute manière, à partir du moment ou tu as un groupe de musique, ce sont des choses qu’il faut savoir faire. (Tristan)
Afin de pouvoir participer pleinement à leur communication et effectuer le travail de community management, le groupe possède un poste au siège du label. Une solidarité s’est installée au sein de celui-ci, qui gère quatre groupes. Un label collaboratif (avec un patron) où chacun se rend service. On met un profil à jour, on le fait pour tous. Chaque groupe représenté participe donc activement à sa promotion, celle de ses colocataires et du label.
Si cette génération de musiciens geeks n’a pas besoin de se forcer pour mettre à jour ses divers comptes internet, ils font tout de même confiance à Julien pour ce qui concerne le business et la négociation.
“La double casquette n’est pas aussi apparente pour nous que pour Julien mais on met la main à la patte et ça nous parait assez naturel”.
Le business on ne gère pas assez de paramètres pour pouvoir s’en occuper. C’est Julien qui s’occupe de ça. On s’y intéresse dès que ça touche le groupe mais on a tendance à être vite dépassés.
Avez-vous déjà eu des touches à l’étranger ?
“Oui, les premier à nous avoir contactés à la sortie de notre premier album “Night Of The Living Robots” était NMEradio à Londres. On aimerait bien s’exporter un peu plus. On a déjà commencé avec quelques dates en Allemagne. On aime la France mais on voit des fois qu’il y a de meilleurs retours de l’étranger donc à ne pas négliger.”
C’est quoi pour vous la French Touch?
“La French Touch pour nous c’est Daft Punk, Phoenix donc électro et maintenant pop. Je pense notamment à Tahïti 80. Ceux qui ont inventé l’expression avaient surement plus de recul que nous.”
Et le téléchargement illégal, pour vous, ça veut dire quoi ?
“Petite anecdote, on a été très surpris de retrouver notre album sur un site de file-sharing. Comme tout le monde ! Et on était finalement assez contents.”
L’artiste de demain, il devra faire quoi ?
“Essayer d’être le plus visible possible. Il n’y a plus beaucoup de gens qui ont la chance d’avoir quelqu’un qui travaille pour eux. C’est donc indispensable de pouvoir maitriser un maximum de paramètres”.
Retrouvez Le Colt Silvers sur: myspace, twitter, facebook
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Crédits photo: tous droits réservés Julien Hermann, Agnan Banholzer
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