OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Neutralité sans foi ni loi http://owni.fr/2012/09/20/neutralite-sans-foi-ni-loi/ http://owni.fr/2012/09/20/neutralite-sans-foi-ni-loi/#comments Thu, 20 Sep 2012 18:30:41 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=120553

Le régulateur se remet à la neutralité du net

Le régulateur se remet à la neutralité du net

Le gendarme des télécoms renoue avec la neutralité du net. Dans un rapport remis il y a quelques jours au nouveau ...

Décidément, c’est un peu sa fête ! Après la proposition de loi de la député UMP Laure de la Raudière il y a quelques jours, la neutralité du Net se retrouve une nouvelle fois devant le Parlement. Cette fois-ci, c’est le gendarme des télécoms (Arcep) qui s’y colle, en présentant aux élus et au gouvernement un rapport [PDF] prévu de longue date.

Sur le fond, le document de 134 pages diffère peu de la version présentée au public en mai dernier (lire notre analyse sur le sujet : “Le régulateur se remet à la neutralité du Net”). Plus offensif qu’il y a quelques mois, le régulateur des télécoms ne se montre pas toujours tendre avec les fournisseurs d’accès à Internet (FAI), dont les pratiques et les modèles d’avenir sont ” susceptibles d’entraver, dans certaines circonstances, le principe de neutralité de l’internet” (p.5).

L’Arcep se garde bien néanmoins de se prononcer explicitement en faveur d’une loi protégeant la neutralité du Net. Pas folle la guêpe ! Enlisée dès la rentrée dans un projet très politique de rapprochement avec le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, elle évite soigneusement de pénétrer dans un territoire qui ne serait pas le sien -et qui lui vaudrait quelques coups de tatanes. Tout en rappelant dans un même mouvement subtil son utilité et son périmètre d’action. Pour un résultat mi-figue, mi-raisin.

Pédagogie

S’il ne se démarque pas par son engagement, le rapport de l’Arcep a néanmoins le mérite d’être pédagogique. Un bien nécessaire pour des élus souvent dépassés par les enjeux complexes du réseau.

Ce débat porte essentiellement sur la question de savoir quel contrôle les acteurs de l’internet ont le droit d’exercer sur le trafic acheminé. Il s’agit d’examiner les pratiques des opérateurs sur leurs réseaux, mais également leurs relations avec certains fournisseurs de contenus et d’applications. Peuvent-ils bloquer des services, ralentir certaines applications, prioriser certaines catégories de contenus ? Doivent-ils au contraire s’en tenir strictement au respect du principe d’égalité de traitement propre au « best effort » originel des concepteurs de l’internet ?

Définition de la neutralité, forces en présence, avancées des travaux en Europe comme en France : l’Arcep dresse un panorama assez complet des implications économiques et techniques du concept de neutralité, qui affirme que “les réseaux de communications électroniques doivent transporter tous les flux d’information de manière neutre, c’est-à-dire indépendamment de leur nature, de leur contenu, de leur expéditeur ou de leur destinataire.”

Une notion qui, “bien qu’elle n’ait pas à ce stade fait l’objet de dispositions légales, réglementaires ou même de stipulations contractuelles” écrit l’Arcep, sous-tend le fonctionnement d’Internet depuis ses débuts. Mais avec des utilisateurs toujours plus nombreux, et des services toujours plus gourmands en bande passante (streaming audio, vidéo, jeux en ligne…), certains acteurs souhaitent bousculer ce fonctionnement tacite :

D’une part, les opérateurs soulignent la pression que fait peser la croissance soutenue des trafics sur le dimensionnement des réseaux ; d’autre part, les utilisateurs (internautes comme fournisseurs de contenus et d’applications) rappellent tous les bénéfices tirés d’un modèle neutre, notamment le foisonnement d’innovations et d’usages qu’il a entraîné, et attirent l’attention sur le fait qu’une atteinte aux principes de fonctionnement de l’internet pourrait remettre en cause son développement.

FAI égratignés

Guerre de cyber-tranchées dans laquelle l’autorité des télécoms s’abstient de trancher. Même si elle égratigne, dans un vocabulaire arcepien certes mesuré, quelques arguments et projets commerciaux des opérateurs.

Elle évoque ainsi le risque d’apparition d’un “Internet à deux vitesses”, où le ralentissement ou le blocage de certains contenus “susceptibles d’entraver, dans certaines circonstances, le principe de neutralité de l’internet.” De même, elle s’inquiète de la mise en place “d’offres premium”, pratique “d’autant plus efficace pour un FAI que la qualité de service associée à l’internet «best effort » est basse”, souligne l’autorité.

Le gendarme des télécoms s’abstient néanmoins d’aller au-delà des prérogatives qui sont les siennes. Et justifie sans arrêt ses prises de position, notamment en rappelant le pouvoir que lui confie l’Europe via le Paquet Telecom : le “règlement de différends” qui pourraient apparaître entre les FAI et des sites Internet, ou “la fixation d’exigences minimales de qualité de service.”

Rien de plus ! L’Arcep la joue bonne élève et déclare :

Il appartient désormais au Parlement et au Gouvernement de déterminer les suites qu’ils souhaitent donner à ce rapport.

A peine se permet-elle quelques incartades, afin de mettre en avant ses efforts dans les quatre chantiers qu’elle a mis en place sur la transparence des offres des FAI, la qualité de leurs prestations, la gestion de trafic et l’interconnexion entre les acteurs du Net.

Ou pour rappeler à Orange, Free, SFR, Bouygues et compagnie qu’ils “n’ont pas à prendre l’initiative du contrôle de la légalité des contenus qu’ils acheminent.” Précisant néanmoins en préambule que ces “questions sociétales et éthiques [..] relèvent du législateur, du juge et d’entités administratives autres que l’ARCEP.”

Ou encore pour inviter, toujours avec force pincettes et humilité, le Parlement à renforcer certaines de ses fonctions. Ainsi dans le cadre de l’observatoire de la qualité de l’accès à l’Internet fixe, elle suggère au Parlement, “s’il l’estime utile” bien sûr, “de donner à l’ARCEP les moyens juridiques et financiers pour mesurer de façon plus indépendante les indicateurs de qualité de service.” Une décision qui lui “appartient”, évidemment, dans un dossier où l’éventualité de tricheries de la part des opérateurs a été pointée bien des fois. Subtile art de feindre de ne pas y toucher.

J’ai pas touché !

Une position qui a de quoi agacer. Du côté du collectif de La Quadrature du Net, Benjamin Sonntag lance :

Il faut mettre fin à ce jeu de dupes qui depuis trois ans consiste à empiler les rapports et les déclarations en faveur de la neutralité, tout en se refusant à inscrire dans la loi ce principe fondamental.

Les consommateurs abandonnés aux FAI

Les consommateurs abandonnés aux FAI

C'est aux consommateurs de garantir la neutralité du net. Pas aux institutions. Si les opérateurs limitent l'accès à ...

Il faut dire que l’autorité marche sur des œufs.

Côté européen, elle doit composer avec la position de Neelie Kroes, qui ne se démarque pas par une démarche proactive en matière de neutralité du Net, et celle du régulateur européen, le Berec, qui se montre un poil plus déterminé.

Côté français, c’est encore pire : la sortie d’Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, cet été, contre les décisions jugées trop “politiques” de l’Arcep pendant l’affaire Free mobile, a laissé quelques plaies. Largement rouvertes par le projet de rapprochement avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel (traduite en simple “évolution de la régulation de l’audiovisuel” en langage arcepien), lancé à la rentrée par le gouvernement, et qui s’apparente à une sanction politique.

Sans compter que le cabinet de Fleur Pellerin a fait savoir qu’il ne désirait pas se lancer dans une loi sur la neutralité. S’en tenant au statu quo, et renvoyant au régulateur des télécoms en cas de problème. Il ne serait donc pas opportun pour ce dernier de s’opposer, même subtilement, à cet avis, qui va (pour une fois) dans son sens…


Photo [CC-bysa] par Spaghetti Junction

]]>
http://owni.fr/2012/09/20/neutralite-sans-foi-ni-loi/feed/ 2
Internet en fusion http://owni.fr/2012/09/03/internet-en-fusion/ http://owni.fr/2012/09/03/internet-en-fusion/#comments Mon, 03 Sep 2012 15:06:03 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=119299

C’est le gros dossier de la rentrée. Ou merdier, c’est selon les versions : le rapprochement envisagé du CSA et de l’Arcep. Deux autorités, deux “gendarmes”, le premier de l’audiovisuel, le second des télécommunications, unies (ou presque) par les liens sacrés de l’Internet. Pour le meilleur et pour le pire.

[Voir notre infographie sur "Les autorités du Net"]

Olé, lé, télé connectée !

Officiellement, l’affaire est technique. Il s’agit de faire “face à la convergence des infrastructures numériques, des services et des contenus qu’elles acheminent, des réseaux et des services fixes et mobiles, et des terminaux à l’usage du public”, a expliqué un communiqué du Premier ministre Jean-Marc Ayrault en officialisant les proches fiançailles le 21 août dernier.

“A l’heure où les contenus audiovisuels sont de plus en plus diffusés par l’Internet fixe et mobile”, poursuit le chef du gouvernement, il semble indispensable de “s’interroger sur l’efficacité des modes de régulation des communications électroniques et de l’audiovisuel”. Comprenez par là : de les assembler en un pack prêt à l’emploi.

C’est Arnaud Montebourg (redressement productif), Aurélie Filippetti (Culture) et Fleur Pellerin (économie numérique) qui seront chargés de formuler les propositions d’ici novembre prochain. Peu connues pour être sur la même longueur d’onde -reliquats de la présidentielle- les deux femmes semblent pourtant avoir accordé leur violon sur ce dossier. Elles n’ont qu’une seule et même expression aux lèvres : la “télé connectée”, dont l’arrivée imminente donnerait un caractère urgent à la fusion annoncée.

Hadopi en sursis

Hadopi en sursis

À la faveur de l'affaire Megaupload, l'opposition entre droits d'auteur et Internet s'est installée au nombre des sujets de ...

Si on a du mal à saisir le prétexte en vogue de la télé connectée, Internet n’ayant pas attendu les téléviseurs susnommés pour apparaître sur les TV (et vice-versa), l’idée d’une union CSA-Arcep n’est pas absurde. Elle n’est d’ailleurs pas nouvelle : nombre de parlementaires ont déjà proposé la fusion de ces deux autorités, comme le détaille Olivier Laurelli sur son blog. D’autres étaient aussi concernées par ces projets. CSA, Arcep, Cnil, Hadopi… Les autorités du Net se boulottent depuis longtemps déjà leur territoire : Internet n’est pas docile, et s’adapte mal aux desirata rigides des régulateurs (voir l’infographie).

Pour le moment, seuls le CSA et l’Arcep seraient directement concernés par la fusion -quoique, on y reviendra. Elle se justifie en particulier par l’érosion, au fil des années, du territoire du CSA.

Le Conseil est historiquement en charge de l’attribution des fréquences aux télévisions et aux radios. La révolution numérique, comme aiment encore à l’appeler les politiques, a rendu obsolète ces concepts de fréquences et de médias : télévisé ou radiophonique, tout contenu est désormais susceptible de circuler dans les tuyaux du Net. Le CSA l’a bien compris et tente d’élargir ses compétences : depuis 2009, il est par exemple en charge de la diffusion des programmes sur Internet – vidéo de rattrapage et à la demande.

Il n’empêche : le réseau remet en cause l’idée même du CSA, en foutant en l’air tout son modèle de régulation. On pourrait donc s’attendre à ce qu’il soit le parent pauvre de la fusion. Pour beaucoup c’est le cas : le rapprochement signe l’arrêt de mort de l’autorité. A en croire d’autres observateurs néanmoins, c’est l’Arcep qui est mis au pilori. Les piques à peine voilées du Premier ministre en sa direction n’y sont pas pour rien :

[...] les contenus diffusés via internet font l’objet d’une régulation plus limitée et parfois inadaptée.

Une petite phrase qui a officiellement lancé le jeu de dupes, dans lequel le CSA jubile et l’Arcep feint de n’y voir que du feu. Chacun se déclare bien sûr enchanté par l’initiative, mais de façon bien différente.

Les télécoms perdent toute autorité

Les télécoms perdent toute autorité

Hier matin, le régulateur des télécoms a tenu sa conférence de rentrée. L'occasion de poser les questions qui fâchent ...

“J’avais suggéré, le 26 juin, que la préparation d’une loi sur l’audiovisuel soit mise à profit pour engager une réflexion sur l’articulation entre le CSA et l’ARCEP. Je suis heureux que le Gouvernement ait décidé d’entreprendre sans tarder cette réflexion.” a déclaré Michel Boyon, le président du CSA qui n’hésite pas à s’attribuer l’initiative du mariage, quand l’Arcep n’y voit qu’une “évolution de la régulation de l’audiovisuel.” Évacuant au passage de son analyse l’idée pourtant essentielle de “rapprochement” des deux autorités.

“Une question à l’intérêt mineur”

Des œillères qui sont depuis longtemps vissées à la tête de l’Arcep. Le gendarme des télécoms ne s’est jamais montré emballé à l’idée de cohabiter avec le CSA. Son président Jean-Ludovic Silicani est d’ailleurs particulièrement chatouilleux sur le sujet. En mémoire, une prise de bec où le conseiller d’État nous avait expédié dans les cordes lors d’une conférence de presse en janvier 2012, commentant :

C’est une question à l’intérêt mineur.

Et d’expliquer que si le rapprochement du CSA et de l’Arcep était acté, il faudrait alors envisager la “fusion des ministères” en charge de la Culture et du numérique, ainsi que les lois et codes qui régissent ces secteurs. Dans le jargon, c’est ce qu’on appelle un troll : les ministres en question, Aurélie Filippetti et Fleur Pellerin, sauront apprécier.

Donner vie à ce serpent de mer de la régulation ressemblerait donc fort à un désaveu. En juin dernier déjà, moins d’un mois après son installation, Arnaud Montebourg s’en prenait violemment à l’Arcep, l’accusant d’avoir fait des choix politiques lors du lancement de Free Mobile. Si Jean-Ludovic Silicani est bel et bien l’homme à abattre, le gouvernement risque fort de trouver un allier de choix du côté des opérateurs.

“Ce soutien des opérateurs à la fusion me semble assez nouveau. J’ai le sentiment qu’il s’agit là bien plus d’une tactique politique que d’une démarche pragmatique, commente Édouard Barreiro de l’UFC Que Choisir. Le régulateur paie, assez injustement d’ailleurs, l’entrée de Free sur le marché [du mobile] et est ainsi désigné responsable des turbulences qu’ils traversent.”

Des mobiles et des hommes

Des mobiles et des hommes

Info, intox, expertises et boules puantes : la guerre fait rage autour de Free Mobile, quatrième opérateur lancé il y a ...

Martin Bouygues n’a d’ailleurs pas tardé à afficher son soutien à l’initiative gouvernementale, taclant l’action de l’Arcep dans le cas Free mobile, comme celle du CSA pour l’attribution de nouvelles chaînes de la TNT. Deux dossiers où les intérêts de l’entrepreneur français sont directement engagés.

Hadopi absorbée ?

Peu de chance donc que l’Arcep sorte indemne de ce mic-mac. Ni Internet d’ailleurs. Gros bonnets comme petites pointures.

Car au-delà des impératifs administratifs, et des revanches politiciennes, l’enjeu de la fusion CSA-Arcep semble bel et bien être la recherche, encore et toujours, de financement pour la création en France.

Ce n’est pas pour rien que Jean-Marc Ayrault a exigé que cette mission soit “coordonnée avec celle conduite par Pierre Lescure sur l’acte II de l’exception culturelle”. Choisi par François Hollande pour démêler l’embrouillamini Hadopi et culture-à-l-heure-du-numérique, l’avis de l’ancien président de Canal+ a été mis dans le même sac que celui de l’Arcep ou du CSA. Décision qui fait dire à certains observateurs qu’Hadopi sera aussi dissoute dans la fusion. Il faut dire que cette dernière partage avec le CSA ou même l’Arcep de nombreuses missions et réflexions (voir l’infographie).

En attendant, Pierre Lescure s’est déjà mis au diapason du gouvernement, agitant à qui mieux-mieux la menace la télé connectée :

Avec la télé connectée, le piratage sera inarrêtable. Dès lors que vous avez votre écran plat, en quatre clics, vous vous pointez sur un site de téléchargement gratuit.

En ligne de mire, Google, Apple et consorts, dont les petits boîtiers qu’ils ambitionnent de connecter à la lucarne de tous les Français font trembler TF1, M6 et Canal+. Le jeu ne se fait pas à armes égales. Car en contrepartie de l’acquisition du précieux droit à émettre remis par le CSA, l’ancien monde du PAF doit s’acquitter de certaines contreparties : respect du pluralisme politique ou bien encore contribution au rayonnement (par la mise en place de quotas) et au financement de la création française. Tribut auquel échappent encore les acteurs du Net. Qu’ils s’appellent YouTube, Netflix ; qu’ils soient des internautes lambda ou pire, qu’ils rentrent dans la catégorie “illégal”.

Le rêve serait donc de parvenir à enfin taxer les grands noms du web américain. Ambition dans laquelle la Culture comme l’Industrie se retrouvent, Bercy espérant rompre le cercle vicieux de ce qu’on désigne généralement par la “taxe Google”, sur laquelle la France se casse les dents, en mettant en place un large dispositif fiscal à l’encontre des géants du réseau.

Mégacolosse de la mort

D’autres néanmoins estiment que le rapprochement de l’Arcep et du CSA pourraient aller bien plus loin. Et avoir des conséquences bien plus néfastes pour les internautes.

La Quadrature du Net s’élève par exemple contre un projet qui risque de virer en “ORTF 2.0″ :

Le CSA régule la diffusion de contenus, de façon centralisée, par des acteurs commerciaux.
Tenter d’imposer le même type de règles à la multitude d’acteurs, commerciaux et non-commerciaux, qui constituent le réseau décentralisé qu’est Internet, dans lequel chacun peut consulter, mais également publier des contenus, est une aberration.

Tout dépendra donc de la méthode de fonctionnement choisie au sein de ce mégacolosse régulateur. Et de qui gagnera le bras de fer déjà en train de se jouer entre l’Arcep et le CSA, Internet et l’audiovisuel.

Du côté de Michel Boyon, les exigences sont déjà très claires :

La [...] condition pour un tel rapprochement est qu’il garantisse la suprématie des contenus par rapport aux tuyaux. Ce qui compte dans notre pays, c’est ce que l’on fait circuler dans les réseaux. La technique doit être mise au service des programmes. Et non l’inverse.

Si cette vision s’impose, elle signera l’émergence d’une redoutable pieuvre régulatrice. Aux dimensions déjà peu à même d’épouser la complexité du Net, mais aux ambitions bien plus redoutables : tenter de le contrôler. En y apposant un filtrage serré des contenus susceptibles d’y circuler, un jugement strict de leur qualité afin d’assurer, comme le souhaite Michel Boyon, le “respect de la protection de l’enfance ou des consommateurs.” Bref un foutoir lourdingue et loufoque, plus de vingt ans après l’avènement du Net grand public.

Fort heureusement, cela n’arrivera pas. C’est Fleur Pellerin qui le dit, assurant que son gouvernement est “opposé à la surveillance généralisée et au filtrage. [...] La question n’est pas de limiter la liberté d’expression et les capacités d’innovation liées à la neutralité du Net. “ Nombreux sont ceux qui y veilleront.


Pour s’y retrouver dans ces autorités du Net aux noms alambiqués, cette infographie détaille les missions (cliquer sur les boutons pour en savoir plus), le mode de nomination (cliquez sur “direction”), l’effectif et le budget du CSA, de l’Arcep, de la Cnil et de l’Hadopi.


Illustration et couverture par Cédric Audinot pour Owni ~~~~~=:) Téléchargez là ! ~~~~~=:)
Double couverture via Mystery in Space !

]]>
http://owni.fr/2012/09/03/internet-en-fusion/feed/ 13
Montebourg irradie http://owni.fr/2012/08/27/montebourg-irradie/ http://owni.fr/2012/08/27/montebourg-irradie/#comments Mon, 27 Aug 2012 15:15:19 +0000 Claire Berthelemy http://owni.fr/?p=118734 "Le nucléaire est notre avenir"... Radio, télévision et Internet voient fleurir les réactions à cette déclaration d'Arnaud Montebourg. Cette sortie n'est pourtant pas étonnante, le ministre ne faisant que poursuivre ce qu'il avait déjà entamé. Explications.]]> Dans un entretien sur BFM TV hier soir, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, était invité pour défendre sa vision de la production française et ses théories sur cette ré-industrialisation. Mais il y a aussi glissé que le nucléaire était une énergie d’avenir.

Provocation pour les écologistes, Noël Mamère en tête, profession de foi en décalage avec la réalité pour Denis Baupin, vice-président (EELV) à l’Assemblée Nationale, Montebourg est pourtant soutenu par Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur.

Sauf que le hasard n’existe pas

Arnaud Montebourg, avocat de formation a débuté sa carrière politique en Saône-et-Loire à la fin des années 90. Alors député de la 6ème circonscription, il devient ensuite en 2008 Président du Conseil Général de Saône-et-Loire. Sur la région Bourgogne, quelques milliers de travailleurs de l’industrie française. Le porte-parole de Ségolène Royal en 2007 sait de quoi il retourne quand on parle d’industrie du nucléaire. Ce qui l’amènera à se prononcer au cours de la campagne de l’ancienne femme de François Hollande pour l’achèvement du chantier de Flammanville. Avec Mâcon, Le Creusot et Saint-Marcel, le pôle nucléaire de Bourgogne est dense et le poids de l’industrie dans l’emploi était de de l’ordre de 20 % en 2008 et selon l’INSEE l’emploi salarié de l’industrie de Saône-et-Loire a perdu 14 200 postes entre 1989 et 2007, dont 12 500 dans le secteur de la fabrication de produits industriels. “Il s’agit là des conséquences des suppressions d’emploi dans le textile (DIM), de la fermeture des activités industrielles de Kodak à Chalon-sur-Saône, des difficultés rencontrées dans la métallurgie (Arcelor), les pneumatiques (Michelin) et les mines”.

Certainement sensibilisé par ses électeurs, Arnaud Montebourg sait aussi que la région Bourgogne compte près de 9 000 salariés du nucléaire, tel qu’estimé par François Sauvadet, ancien ministre de la Fonction publique sous le gouvernement Fillon et président du conseil général de Côte-d’Or. 150 entreprises adhèrent aussi au Pôle nucléaire Bourgogne, rassemblant les industries qui travaillent de près ou de loin avec ou pour l’industrie nucléaire. De quoi les rassurer, un peu.

Semblant surprendre ou choquer les uns et les autres, écologistes ou non, il n’est pourtant pas à sa première déclaration tonitruante sur le sujet. Il est ainsi l’un des rares non-signataires de l’accord PS-EELV.

L’idéalisme du ministre du redressement productif ne s’arrête pas à ce seul bassin-là et, régulièrement, il rencontre les salariés du nucléaire. Par le biais des syndicats. Après l’annonce du plan d’austérité d’Areva mené par Luc Oursel, quelques temps après sa nomination en novembre 2011 et l’accord PS-EELV, il avait reçu la délégation CFDT pour les rassurer sur la ligne de conduite du Parti Socialiste en cas de victoire :

On ne peut pas bazarder une industrie qui marche, surtout quand on a rien pour la remplacer. Il serait irréaliste de fermer des centrales qui ne sont pas en fin de vie et de ne pas poursuivre l’EPR.

Plus récemment, il a co-signé les nouveaux statuts d’Areva avec Pierre Moscovici, ministre de l’économie et Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Pour un renforcement des pouvoirs du conseil de surveillance du groupe — en matière d’acquisition notamment. Les prémices d’une reprise en main de l’industrie nucléaire. Et de sa pérennité.

Les peurs d’Arnaud

Dans son intervention sur BFM TV, Arnaud Montebourg prône un déploiement de la croissance après la rigueur, à contre courant des “politiques austéritaires de l’Europe”. Après quelques prises de position : pour les hydroliennes, contre le gaz de schiste (“Jean-Marc Ayrault a dit que le débat n’était pas tranché. [...] Aujourd’hui telles que les conditions d’exploitation se déroulent [...] il y a un énorme problème environnemental. [...] La fracturation hydraulique fait beaucoup de dégâts.”).

Cette réindustrialisation émerge de ce “besoin de nous protéger”, ce qu’il martèle :

Un pays qui ne produit pas est dans la main de ceux qui produisent. Un pays qui consomme les produits des autres est un pays qui devient dépendant des autres. Un pays qui produit et donne à consommer aux autres devient un pays puissant. C’est le destin de la France, d’être une grande nation industrielle. Elle s’est affaissée, elle doit se redresser.

Alors que la cause anti ou pro nucléaire sort de deux mois de vacances et après une année complète ou presque à avoir défrayé la chronique, pourquoi mettre sur le tapis la question nucléaire ? Rien de plus simple pour le journaliste de BFMTV Olivier Mazerolle, grâce à l’équation du Premier ministre sortie tout droit des archives des différentes interventions ministérielles : 25 milliards pour cause d’exportation insuffisante — 45 milliards imputables à l’énergie. Et pour redresser la France, rien de mieux que de ramener la part déficitaire du commerce extérieur à zéro. Tel est l’objectif du gouvernement.

Pour produire plus, il faut de l’énergie. Est ce que c’est vraiment le moment de réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité en France ?

C’est à ce moment-là que le débat prend un virage qui fait rugir bon nombre d’élus et de personnalités diverses, à commencer par les écologistes. La réponse d’Arnaud Montebourg dépasse ce qu’ils auraient souhaité entendre compte tenu du poids qu’ils estiment peser au sein de gouvernement et dans les bas-côtés :

Nous avons besoin d’énergie — et pas trop chère — et la France a un atout extraordinaire entre ses mains, qui lui a permis de bâtir son industrie [...] c’est une énergie abordable. Et même en Allemagne, les entreprises se retrouvent avec des hausses de coûts. [...] Notre choix [...] est stratégique pour la Nation. Le nucléaire doit être rééquilibré [...] Il y a la quantité, ce qu’on consomme de plus. Nous arrivons quand même à un certain maintien du parc actuel. [...] Pour ma part, je considère que le nucléaire est une filière d’avenir.

Le nucléaire, une filière d’avenir, c’est ce qui a fait tiquer la majorité les spectateurs, ceux convaincus fermement que la catastrophe de Fukushima devrait permettre à la France de comprendre qu’il faut cesser d’utiliser l’énergie nucléaire, à l’instar de l’Allemagne d’Angela Merkel. Pourtant, jamais Arnaud Montebourg n’a fait partie des grands pourfendeurs de l’énergie nucléaire. Supposons un instant que si François Hollande recevait les grands patrons du CAC le 23 août dernier — sans Areva ni EDF — c’est parce que le dossier est dans les mains d’un des défenseurs de l’énergie tant décriée, aux côtés d’un autre fin connaisseur de la problématique, Bernard Cazeneuve, bien présent sur La Hague et ses usines liées au nucléaire.
En fin de journée, en déplacement chez Atol,
il affirmait :

Areva est une des plus belles entreprises nucléaires au monde en exportant deux tiers de ses productions.

Le nucléaire a de beaux jours devant lui. N’en déplaise donc aux écologistes.


Photo par Jyc1 (cc-by) et loltoshopée via ICanHasCheezburger

]]>
http://owni.fr/2012/08/27/montebourg-irradie/feed/ 44
Des mobiles et des hommes http://owni.fr/2012/06/28/free-guerre-au-mobile/ http://owni.fr/2012/06/28/free-guerre-au-mobile/#comments Thu, 28 Jun 2012 19:14:46 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=114129 Owni vous raconte les dessous et les batailles de ce conflit sans merci, duquel il est dit que Bouygues Telecom s’apprêterait à annoncer un plan social dès juillet.]]>

C’est une partie qui démarre sur les chapeaux de roues. Avant de sérieusement se corser. Récit de la quête du Saint-Mobile, dans l’impitoyable contrée des Télécoms, en un texte… et une infographie (voir en bas d’article), par Loguy.

L’Iliad et l’Odyssée

Le 10 janvier 2012, Xavier Niel, président d’Iliad et co-fondateur de Free, s’avance sur une estrade installée dans son QG, près du métro Madeleine à Paris. Casque-micro vissé sur la caboche, dégaine à la fois offensive et fébrile. Il ne lance pas Free Mobile : il le propulse tel un missile dans le monde des télécoms. Et au-delà.

Free frime

Free frime

Un Xavier Niel au bord des larmes, une communauté surexcitée sur Twitter et une couverture médiatique unanime. C’est le ...

“Rocket is on the launch pad”. Le mystérieux message, signe du lancement imminent du quatrième opérateur mobile français, circulait depuis quelques jours sur Internet et annonçait déjà la couleur. Chauffant à blanc l’attente de toute une communauté, les “freenautes”, déjà lancée dans un jeu de piste effréné, consistant à trouver les détails des futurs forfaits de Free Mobile. Énigme savamment orchestrée par l’opérateur : pas d’affiches ni de spots, juste quelques indices disséminés sous forme de lignes de code sur Internet. Miser sur le silence et la rareté pour faire monter la sauce. Jusqu’à l’explosion : la présentation des deux forfaits. L’“illimité” à 19,99 euros, le “social” à 2 : une rupture avec les pratiques du secteur.

Niel s’enflamme : Free Mobile est une affaire de transparence, de justice, de probité. “On vient pas là pour gagner de l’argent on vient là pour foutre le bordel.” Un marketing de robin des bois, de chevalier blanc, qui n’est pas sans rappeler une certaine marque à la pomme. Et qui marche. Vivas dans la salle et couverture médiatique euphorique. Free explose les highscores : carton d’audience pour les sites de presse en ligne, mais aussi affluence record sur la plate-forme commerciale de l’opérateur. Xavier Niel évoque le chiffre de 3 à 4 millions de demandes d’information. Le site tombe dans la journée. La machine à gagner Free Mobile est en surchauffe : c’est le début des bugs.

Fight !

Dès le surlendemain, l’organisme en charge du transfert des numéros des clients souhaitant changer d’opérateur (“le GIE portabilité”), annonce le triplement des demandes. Free, qui s’était engagé à livrer les cartes SIM sous 24 heures, ne peut tenir ses promesses. Embouteillage dans le traitement des dossiers, mini pépins techniques… les soucis s’accumulent et le ton change dans la presse, qui se fait le porte-voix des clients mécontents. Sous les articles, néo-Freenautes désabusés et Free-fans convaincus s’affrontent à coup de commentaires. De son côté, Xavier Niel met en cause la portabilité des numéros, accusant le GIE de mal faire son travail. Et crie au complot à mots à peine voilés :

Tous les moyens sont bons pour discréditer le petit nouveau […] mais nous sommes peut-être parano chez Free…

Free Mobile crie au complot

Free Mobile crie au complot

Free Mobile : mytho, parano ou réglo ? Xavier Niel semble débordé par le buzz qu'il a lui-même provoqué avec son offre ...

Il faut dire que la bataille commence à faire rage du côté des concurrents. Parallèlement aux couacs commerciaux, Free Mobile connaîtrait des dysfonctionnements techniques. Pire, son réseau ne serait conformes aux obligations que l’opérateur est censé remplir. Soit une couverture effective de 27% de la population française. Free, hors des clous ? La question enfle dans les médias. Les témoignages à charge “d’ingénieur des télécoms” pleuvent. Sans qu’il soit possible de démêler l’info de l’intox, la défaillance de l’enfumage. Expertises, contre-expertises, constats d’huissiers : le pouls des télécoms français bat au rythme de Free mobile. Complot ou non, le pari est d’ores et déjà gagné pour le petit dernier du secteur : mieux vaut la désinformation à l’indifférence.

Une confrontation sanglante dans laquelle Xavier Niel a été le premier à sonner la charge. Non content de briser leur rente de situation, il s’est moqué de ses concurrents, rappelant la condamnation d’Orange, Bouygues et SFR en 2005 pour entente, et mettant en doute leur virginité nouvellement acquise. Et prononçant cette phrase devenue célèbre :

Si vous ne passez pas chez Free Mobile, vous êtes des pigeons !

Une agressivité qui n’aurait donné suite à aucun procès. Et dont Xavier Niel serait revenu. A en croire une récente interview à Challenges, le patron de Free aurait raccroché les gants… ou presque, taclant encore les pratiques “inavouables” de ses camarades.

Player 1 : Orange, opérateur à papa

Seul épargné du pugilat, Orange. L’opérateur à papa, comme aime à le désigner Xavier Niel, a finalement été peu accroché dans la bataille. Parce qu’on ne tape pas sur celui qui, bon gré mal gré, vous soutient.

L’actuel patron d’Orange, Stéphane Richard, s’est lui-même montré bienveillant envers Free et son ambition de décrocher la quatrième licence mobile. C’était dans une autre vie, alors qu’il était directeur de cabinet de la ministre de l’Économie Christine Lagarde. Ce qui lui a tout de même valu quelques remerciements chaleureux de la part de Xavier Niel.

Sans compter qu’en concluant un accord d’itinérance avec Free, Orange a mis à sa disposition une infrastructure solide, sur laquelle le quatrième opérateur a pu s’appuyer pour parer à ses défaillances.

L’Arcep et Besson se disputent sur Free

L’Arcep et Besson se disputent sur Free

Free Mobile est officiellement le trublion du secteur des telecom. A tel point que l'autorité de régulation et le ...

Peut-être un peu trop : constatant qu’une grande partie du trafic de Free circulait par ses antennes, et redoutant que les pannes touchant ce dernier ne l’affecte aussi, Orange a fait les gros yeux, menaçant de rompre l’accord. L’affaire semble aujourd’hui apaisée, avec une réévaluation à la hausse des gains qu’Orange est susceptible de tirer de cette affaire. D’abord estimés aux alentours de 1 milliard, ils pourraient rapporter plus du double. Juteux pour l’opérateur historique, qui se défend de vouloir aider Free : “c’est la meilleure protection pour l’entreprise, ses salariés, ses actionnaires, que je pouvais trouver face à l’arrivée du quatrième opérateur”, explique Stéphane Richard.

Il n’empêche. Arroseur arrosé, les soupçons d’entente entre Orange et Free gonflent. Et Xavier Niel n’arrange rien, en présentant les deux opérateurs comme les plus “légitimes” du secteur. Orange comme historique un peu chicos, Free comme petit dernier provocateur. De quoi provoquer la colère de SFR, Bouygues et des autres joueurs de la partie télécom. Ils dégainent les coups spéciaux. Selon Le Parisien, une plainte serait déposée auprès de la Brigade financière. Et SFR réfléchirait à une action auprès de Bruxelles.

Arcep vs Besson

Face aux critiques visant son réseau, Free n’a pas non plus hésité à brandir la carte justice. “A compter de ce jour, Free Mobile attaquera en justice toute personne dénigrant la réalité de sa couverture (réseau) ou de ses investissements” tonne l’opérateur dans un communiqué en date de mars 2012. Une menace qui aurait selon lui eu son petit effet : aujourd’hui, la polémique sur la couverture de Free Mobile semble s’être dégonflée comme un soufflé mal cuit. Mais dans l’intervalle, elle a secoué les plus hautes instances de la République. Ravivant de vieilles querelles qu’on croyait éteintes.

En l’occurrence, entre le ministère de l’Industrie et l’Arcep, le gendarme des télécoms, qui a encadré l’introduction de Free Mobile sur le marché. Ou plus précisément, entre le cabinet d’Éric Besson et l’Arcep, alors en froid depuis un an. Le premier tapant sur le second, en lui reprochant d’avoir mal vérifié le réseau et en le sommant de recommencer. Le second s’en défendant, fustigeant les pratiques de certains opérateurs. Le tout nappé d’une crise d’autorité, dans laquelle chacun tente de publiquement prouver qu’il a la main sur le dossier. En résulte une guerre de communiqués, des accusations de courrier anti-daté et des réponses par voie de presse interposée.

Free Mobile couvert

Free Mobile couvert

Oui, Free Mobile couvre bien 27% de la population. Et c'est le gendarme des télécoms qui le dit, tentant ainsi de mettre un ...

Fin janvier, le régulateur des télécoms décide néanmoins de vérifier une seconde fois le réseau de Free. Pour le valider à nouveau, un mois plus tard.

En marge de l’Arcep, l’Industrie somme l’Anfr (Agence nationale des fréquences), instance directement placée sous ses ordres, de procéder également à une vérification de la couverture du quatrième opérateur. Là encore, le constat va dans le même sens, l’agence estimant que Free peut couvrir 30,8 % de la population métropolitaine [PDF].

Try again : level Emploi

Besson parti, l’histoire des réseaux en grande partie derrière eux, les télécoms n’en ont pourtant pas fini avec Free Mobile. Une nouvelle bataille s’intensifie. Cette fois-ci, pas question d’antennes, de cartes SIM ou d’entente, mais d’emplois. D’une vague de licenciements dans le secteur mobile dont Free, et sa prestation que la concurrence qualifie de “low-cost”, seraient seuls responsables.

Et s’ils ont chiffré l’hémorragie de leur clientèle, Orange, Bouygues et SFR sont autrement plus réticents à parler d’éventuelles saignées dans leurs rangs. Stéphane Richard l’a d’ailleurs assuré au micro de BFM : pas de plan social en perspective. Pourtant, les chiffres pleuvent : le président de l’Arcep Jean-Ludovic Silicani avance un chiffre de 10 000 pertes, le syndicat Force ouvrière table lui sur 30 000 disparitions de postes en France. Une récente étude a fait état de plus de 70 000 destruction d’emplois. Il y a quelques années, Orange, SFR et Bouygues eux-mêmes, n’hésitaient pas à agiter le chiffon rouge des licenciements massifs pour dissuader les autorités de donner une quatrième licence mobile. Intox ou réelle menace ?

Affaiblis dans cette guerre du mobile, les opérateurs historiques disposent peut-être d’une carte Joker sur le volet de l’emploi : Arnaud Montebourg. Dans une interview à Challenges, le ministre du redressement productif fraîchement installé s’est fendu d’une sortie contre l’Arcep. Et, en creux, contre Free Mobile, estime de nombreux observateurs. Déclarant notamment :

Pour le gouvernement, la concurrence doit trouver sa limite dans la préservation de l’emploi.

Aujourd’hui à Bercy, l’intérêt du secteur prime sur celui des consommateurs et Montebourg le fait savoir. Ouvrant une brèche dans laquelle s’engagent -sans surprise- opérateurs (Thierry Breton et Stéphane Richard, respectivement ancien et actuel patrons de France Telecom) et ayants-droits, par la voix de Pascal Rogard, pour qui forfaits à bas prix riment avec pillage des œuvres sur Internet. En face, l’intéressé a déjà riposté dans Les Échos, lançant que les pertes d’emplois s’étaient amorcées avant Free Mobile…

Les troupes se reforment donc et fourbissent leurs armes. La saga est loin d’être terminée. Et risque d’être sérieusement relancée dès juillet, quand Bouygues Telecom devrait selon nos informations annoncer un plan social touchant plusieurs milliers d’employés. Contacté par OWNI, l’opérateur ne souhaite pas faire de commentaires. N’infirmant, ni ne confirmant. Le jeu vient de se relancer. “Other players are ready to play”.

Baladez votre souris et découvrez dans les cercles gris les liens qui font l’histoire de la guerre aux mobiles !



Full disclosure : Xavier Niel est actionnaire, à titre personnel, de la SAS 22Mars, maison mère d’OWNI (à hauteur de 6%). Suite à la scission de 22Mars et OWNI, j’ignore ce qu’il advient de son investissement. Mais comme le dit justement Manhack, OSEF.


Illustrations par Loguy (CC)

]]>
http://owni.fr/2012/06/28/free-guerre-au-mobile/feed/ 0
Montebourg et Batho à la vérification http://owni.fr/2012/06/18/montebourg-et-batho-a-la-verification/ http://owni.fr/2012/06/18/montebourg-et-batho-a-la-verification/#comments Mon, 18 Jun 2012 15:23:53 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=113550 Owni a vérifié leurs propos chiffrés.]]>

Owni s’est penché sur les déclarations chiffrées en cette période riche en annonces politiques. À la faveur de cette période électorale, les membres du gouvernement ont usé de statistiques pour appuyer leurs propositions. Et, s’agissant d’Arnaud Montebourg et de Delphine Batho, dans les citations que nous avons relevées dans des interviews accordées à des médias grands publics, ils s’y sont cassé les dents.

Coopératives

Invité sur RTL mardi, le ministre du Redressement productif était venu vanter l’option défendue par le gouvernement d’une reprise de SeaFrance par ses salariés. Pour souligner les mérites des Sociétés coopératives ouvrières (les Scops), Arnaud Montebourg s’est attardé sur une société bien connue ayant adopté ce modèle et sur la modération salarial qu’elle pratique :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Je voudrais signaler une grande entreprise, qui s’appelle Chèque déjeuner, qui est connue de beaucoup de salariés, c’est une Scop ! Où les écarts de salaires sont très réduits, de 1 à 3 ou 4. Où les bénéfices, considérables, sont ré-engrangés dans l’entreprise et où on se consacre à l’investissement, à l’innovation.

Non disponible sur le site de Chèque déjeuner, la rémunération de Jacques Landriot, PDG du groupe, n’est pas tenu secrète par la société. Contacté par Owni, le service de communication a répondu à nos questions sur l’écart salarial :

Nous n’avons pas son salaire au mois dernier mais il était d’environ 10 000 euros net fin 2011. Le groupe n’embauche pas en dessous de 1500 euros. Nous sommes en général dans un rapport de un à sept ou huit entre le plus bas et le plus haut salaire.

L’écart réel serait donc le double de celui avancé par Arnaud Montebourg sur RTL. Si la fédération nationale des Scops ne dispose pas de statistique sur l’écart salarial dans les sociétés coopératives ouvrières à travers la France, les services de l’Observatoire de l’économie sociale et solidaire en Île-de-France nous ont présenté une “tendance” qui se situerait dans un écart de 1 à 7. “Mais il faut pondérer ce constat, les formes de Scops diffèrent énormément entre les différents secteurs et les tailles d’entreprise : les plus hauts salaires dans des PME en Scops sont mécaniquement moins élevés”, nous a-t-on précisé.

Si elle fait partie des valeurs défendues par les Scops, la modération salariale n’est en fait que le fruit du vote des comités des rémunérations où siègent également les salariés-sociétaires. Il n’existe pas de limite légale permettant de se revendiquer Scop. Le service de communication du groupe Chèque Déjeuner nous a même confié qu’il était envisagé d’étendre l’écart salarial de 1 à 11 ou 12 pour recruter des personnes susceptibles de mener l’expansion du groupe à l’international.

Sur le point de l’écart salarial, le ministre du Redressement productif est donc incorrect. Il a en revanche raison de vanter la redistribution des bénéfices aux salariés, laquelle rapporte à chaque employé de la maison-mère de Chèque Déjeuner 20.000 euros par an, selon les chiffres du groupe.

Grâce

Mercredi, Delphine Batho passait à son tour à la question au micro de Bruce Toussaint sur Europe 1. Écartant la mise en place de la traditionnelle amnistie refusée par François Hollande, la ministre délégué à la Justice a préféré se concentrer sur la situation carcérale et les réponses pouvant y être apportées, en dehors de la grâce présidentielle :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le contrôleur général des lieux privatifs de liberté est dans son rôle. Et d’ailleurs le gouvernement est à son écoute lorsqu’il tire le signal d’alarme sur la situation qui est celle aujourd’hui des prisons françaises, avec une surpopulation carcérale qui est catastrophique, 117%, pour 57000 places.

La ministre indique d’elle-même la source de ses chiffres : il s’agit de l’avis du contrôleur général des lieux de privation de liberté, lequel a été publié le 22 mai dernier au journal officiel. Dès le troisième point de ce rapport très critique des conditions de détention en France, le contrôleur avance effectivement les chiffres de 117% de taux de sur-occupation mais le juge loin d’être pertinent, au regard des différences entre centres de détention et maisons d’arrêt :

117 % tiré du rapprochement du nombre de places et de celui des occupants n’est qu’une moyenne vide de sens, dès lors qu’existe dans les établissements pour peines un numerus clausus de fait, qui conduit à des taux d’occupation qui ne dépassent jamais 100 % mais qu’inversement, dans les maisons d’arrêt, le taux d’occupation peut être, par voie de conséquence, beaucoup plus élevé. Dans un de ces établissements qu’a visité l’an dernier le contrôle général, dans l’est de la France, vivaient 163 personnes détenues pour soixante-dix-sept places (soit un taux de sur-occupation de 212 %

Le jugement du contrôleur général des lieux de privation de liberté paraît d’autant plus pertinent à l’analyse de la cartographie pénitencière de la France, telle que l’avait réalisée OWNI.

Quant au chiffre de 57 000 places, il est également présenté dans l’avis mais largement pondéré dans sa définition :

D’autre part, le concept de « place » est d’une remarquable plasticité. Une maison d’arrêt antillaise visitée comptait ainsi cent trente places théoriques mais 244 lits (soit une surcapacité de 188 %) ; une autre dans le centre de l’Hexagone cent vingt-deux places théoriques mais 154 “pratiques” (soit un taux de surcapacité de 126 %) ; il suffit pour accroître le « théorique » de mettre par exemple deux lits superposés dans une cellule individuelle ou trois dans une cellule en comptant deux, sans d’ailleurs que le reste du mobilier soit en général accru d’autant, faute de place.

Du simple point de vue mathématique, Delphine Batho tient donc des propos corrects. Mais l’avis même qu’elle évoque, s’il reprend les mêmes statistiques, critique leur fondement, rendant un panorama résumé à deux chiffres très réducteurs de la réalité de la situation carcérale en France. Et par conséquent du travail qui attendrait la ministre déléguée pour réformer la condition carcérale dans le pays, si elle demeure à la Justice après un éventuel remaniement tirant les conséquences de ces législatives.


Photo FlickR BY-NC Western socialist.

]]>
http://owni.fr/2012/06/18/montebourg-et-batho-a-la-verification/feed/ 19
Le PS remplit ses urnes et ses caisses http://owni.fr/2011/10/10/le-ps-remplit-ses-urnes-et-ses-caisses/ http://owni.fr/2011/10/10/le-ps-remplit-ses-urnes-et-ses-caisses/#comments Mon, 10 Oct 2011 07:51:06 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=82714 En atteignant 2,665 millions de votants à un euro de participation minimum dimanche 9 octobre, le Parti socialiste a d’ores et déjà remboursé l’intégralité des frais de l’organisation des primaires : selon le trésorier du parti, 3,2 à 3,7 millions d’euros auraient été récoltés, contre 3,5 millions d’euros de budget pour les deux tours du scrutin. Validé ce matin par la Haute autorité des primaires, le taux de participation supérieur aux prévisions n’est pas seulement une démonstration de l’efficacité de la démarche mais aussi une bonne opération de financement de la campagne présidentielle.

1,4 euro en moyenne

Dimanche, l’affaire a plutôt bien fonctionné. Du fait de l’impossibilité de rendre la monnaie et de la consigne donnée aux assesseurs de préciser que la participation était libre, la moyenne des contributions était systématiquement supérieure à 1 euro. À Saint-Étienne, la moyenne s’établissait ainsi entre 1,4 et 1,5 euro. Assesseur dans un bureau parisien d’un peu plus de 800 votants, une militante a compté une « caisse de participation » supérieure à 1 200 euros. Le premier tour ayant coûté 2,5 millions d’euros, la collecte sera donc mathématiquement excédentaire. « Nous avons même récolté un minimum de 8 000 euros pour les bulletins blancs, s’amuse un permanent de Solférino. Maintenant, on a de l’argent. »

Pour le second tour, beaucoup de coûts auront déjà été amortis (publicité, tracts, site Internet, etc.). Ne restent à réinvestir que pour l’impression des bulletins (par jeux de deux au lieu de six), la distribution des enveloppes, les procédures de sécurisation (huissier, confidentialité, destruction des données nominatives, etc.) et l’infrastructure de remontée de données pour vérification. Un total avoisinant le million d’euros. Or, si les listes d’émargements permettront aux votants du premier tour de s’exprimer sans avoir à verser de PAF, les nouveaux participants et ceux qui souhaiteront contribuer viendront faire grossir la collecte. Et, comme pour tout scrutin d’enjeu national, les socialistes comptent bien sur une participation plus forte encore au second tour.

En théorie, la contribution d’un euro par votant aux primaires n’a rien de « symbolique ». Pris dans son ensemble, l’organisation des deux tours de scrutin représente un budget de 3,5 millions, selon le trésorier du PS (un demi million de plus que le coût évalué au départ). Soit un peu moins de la moitié du budget total (7 à 8 millions d’euros) prévu pour la campagne socialiste à l’élection présidentielle. Suite à une décision rendue par la Commission nationale des comptes de campagne et financements politiques, ce mode de désignation choisi par le parti ne peut faire l’objet d’un remboursement prélevé sur des deniers publics. Plutôt que de pomper dans les caisses du parti, le PS a préféré faire tourner le chapeau, sur le principe de la libre participation, comme il a l’habitude de la pratiquer dans les meetings.

Frais annexes et grosses économies

Organisée par les instances nationales du PS, la primaire est financièrement gérée par le trésorier du parti, Régis Juanico :

La somme des participations est consignée, au même titre que les résultats, dans le procès-verbal de vote qui est transmis à la Haute autorité des primaires. Le président du bureau de vote doit ensuite aller déposer dans une agence de la Banque postale l’intégralité du montant sur le compte dédié « Primaires 2011 ».

Une fois en banque, la somme a d’abord vocation à régler les frais des primaires. Quant à l’excédent, comme pour tout meeting du PS, il rentre dans le budget du Parti avec pour mission de financer la campagne, comme le précisait clairement le site questions-réponses de la primaire :

Pourquoi la participation aux frais est-elle fixée à 1 euro ?
Il a été décidé de limiter ce montant à une somme permettant de n’exclure personne. Il vous sera possible, si vous souhaitez contribuer davantage, de verser également un don du montant de votre choix, dans les limites légales, pour financer la future campagne pour le changement en 2012.

Seule exception envisagée par le trésorier du PS : les indemnités d’occupation des bureaux de vote. La plupart du temps prêtées gracieusement par les mairies, certaines écoles ou salles communales ont fait l’objet de compensation pour mise en place et entretien (présence d’un agent municipal, mesures d’hygiènes pour les salles de classe, etc.). A Paris, chacun des 260 bureaux de vote a été loué 700 euros par la mairie. Sur Nice, 14 000 euros ont été demandés pour la totalité des salles. Selon un proche de Martine Aubry, le maire du Raincy, l’UMP Eric Raoult, aurait facturé 7 000 euros l’accès à chaque local… En théorie, ce budget est à la charge des fédérations mais le parti envisage de compenser tout ou partie de ces frais avec les éventuels « bénéfices » des primaires, notamment pour éviter que certains départements ne déboursent plus que d’autres.

Mais c’est un bien maigre effort comparé à certaines économies réalisées par le Parti. A côté des listes d’émargement, les formulaires de contact ont connu un énorme succès dans les bureaux de vote, selon le trésorier du PS :

20 à 50% des participants ont laissé leurs coordonnées ce qui constitue une base de données de un million de personnes qui nous sera très utile pour les élections nationales comme locales à venir : c’est un très bon investissement.


Photos et illustrations vis Flickr par Jonathan Probe [cc-by-nc-nd]
Kit des primaires socialistes

Papier mis à jour le 10.10.2011 à 17h47.

]]>
http://owni.fr/2011/10/10/le-ps-remplit-ses-urnes-et-ses-caisses/feed/ 31
Les mots socialistes sur DSK http://owni.fr/2011/08/27/les-mots-socialistes-sur-dsk/ http://owni.fr/2011/08/27/les-mots-socialistes-sur-dsk/#comments Sat, 27 Aug 2011 09:30:19 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=77001 À la veille de la primaire du PS qui désignera, dans moins d’un mois, celui ou celle qui se lancera dans la bataille vers l’Elysée au nom de tous les siens, il nous a paru intéressant de rembobiner le fil de “l’affaire Strauss-Kahn”. Pour mettre en lumière les positions des principaux prétendants au mandat suprême telles qu’elles ont été prises dans le feu de l’action.

Cent jours se sont déroulés entre le 14 mai 2011, date de l’arrestation de l’ancien patron du FMI, et le 23 août lorsque le bureau du procureur de New York a annoncé qu’il abandonnait les poursuites contre Dominique Strauss-Kahn.

Cent jours d’exposition médiatique d’une intensité rarement égalée pour celui qui, quelques jours avant son arrestation les mettait tous à l’amende en étant le favori des électeurs de gauche. Autant pour les primaires que pour la Présidentielle.

Indignation, empathie, résignation, indifférence… La ligne officielle socialiste de soutien à DSK se craquèle dès lors qu’on examine les éléments de langage des candidats à l’investiture au fil de la procédure judiciaire.

En juxtaposant sur une ligne chronologique les grands moments de l’affaire avec les réactions des prétendants socialistes, on voit émerger les positions des candidats. Avec parfois des surprises.

Rembobinons-les

Naviguez dans la frise chronologique ci-dessous (en cliquant sur les flèches à droite et à gauche) pour relire les déclarations des candidats à la primaire lors de six moments clés de l’affaire DSK : l’évocation de sa candidature, son arrestation, sa sortie de prison, sa plaidoirie non coupable, la levée de l’assignation à résidence et enfin le jugement de non-lieu.


(Méthodologie : Après avoir croisé les grandes étapes de l’affaire DSK avec les réactions des candidats à la primaire nous avons pris la décision d’exclure Jean-Michel Baylet de nos recherches car ses déclarations sur DSK étaient trop rares. Toutes nos sources sont accessibles ici.)

Des récurrences, des différences

L’analyse des réactions exprimées par les candidats met en avant certains thèmes, certaines idées régulièrement évoquées : la présomption d’innocence, la nécessité de laisser la justice faire son travail, les réactions émotionnelles,…

Cliquez sur “click to interact” puis zoomez dans le diagramme suivant pour vous en rendre compte : les cinq candidats sont reliés aux thématiques lorsque leurs citations évoquent le sujet.
Cliquez également sur le point correspondant à un thème ou au nom d’un candidat pour avoir le détail des relations.

Chacun son ton

Si certains éléments sont évoqués par tous, la diversité de ton employée est inévitable, compte tenu des personnalités de chacun, de leur rôle au sein du Parti Socialiste et enfin de la relation personnelle de chacun avec Dominique Strauss-Khan.

Ainsi le discours de Martine Aubry se veut relativement neutre, convenu et diplomatique. Sa déclaration suite à l’arrestation, est très factuelle : elle évoque un “coup de tonnerre” mais met en garde contre une prise de position trop rapide.
Sa position de première secrétaire du Parti Socialiste est particulièrement présente quand elle sépare clairement ce qui arrive à DSK de l’avenir du Parti Socialiste :

Je veux dire aux Français que, quels que soient les circonstances et les aléas, hier comme aujourd’hui, le parti socialiste est mobilisé pour les comprendre, pour apporter les réponses à leurs problèmes et à ceux de la France, et pour les servir

Un élément sur lequel elle insiste de nouveau, en réaction de DSK : “il s’agit d’un problème personnel pour Dominique Strauss-Khan”.

François Hollande se situe sur un registre plus “énonciatif” comme nous l’apprend l’analyse sémantique de ses citations via le logiciel Tropes.
Ses réactions explorent en effet davantage les hypothèses et conséquences liées aux évènements.
Il demande ainsi de “faire attention, réagir avec émotion mais aussi avec réserve, avec le souci de la justice”, tout en évoquant, avec de très nombreuses précautions, une issue possible, en tout les cas souhaitable de l’affaire :

Peut-être que cette affaire peut se dénouer très vite si on apprend qu’il n’y a aucune charge sérieuse, si ce qui a été dit par cette femme n’est pas vrai, ce que nous souhaitons tous.

Le même ton se retrouve lors de sa déclaration à la sortie de prison “C’est un soulagement (…) en même temps il reste inculpé” et au rendu de jugement de non lieu “C’est à lui, au moment où il le jugera opportun, après probablement un temps consacré à se reconstituer, à retrouver toute sa liberté dans son propre pays, de décider ce qu’il veut faire”.

Les propos tenus par Ségolène Royal sont plus affirmés. Dès sa première réaction, lors de l’arrestation de DSK, elle se place sur le registre de la décence et de l’intérêt de commenter cette affaire : “Il serait indécent d’en faire un feuilleton (…) Le moment n’est pas venu de commenter les conséquences de cette affaire sur la politique intérieure (…) Que chacun garde son calme et sa sérénité.”

Cette idée de “feuilleton” revient dans sa réaction à la sortie de prison de DSK, en allant même jusqu’à parler de danger :

“On ne va pas occulter toute la vie politique française (…) en vivant ce feuilleton de la justice américaine jour après jour (…) Cette affaire occulte la totalité de l’actualité, je pense que ça devient grave pour la démocratie, pour l’efficacité de la politique.”

Lors de la sortie de prison, après avoir évoqué la “violence” et la “brutalité” de cet épisode, elle rappelle avoir été “la première à m’exprimer sur cette affaire en rappelant le principe de la présomption d’innocence.”

Montebourg et Valls, les plus personnels

Les réactions de Manuel Valls et Arnaud Montebourg expriment bien davantage leur avis personnel sur la question, dans des directions radicalement opposées.
Manuel Valls exprime dès le départ sa proximité et son amitié avec Dominique Strauss-Khan, et l’extrême émotion que sucite de fait la nouvelle de son arrestation :

“Je n’ai jamais vu cela et je n’ai jamais ressenti cela (…) Dominique Strauss-Kahn est un ami que je connais de puis longtemps, les images de ce matin sont d’une cruauté insoutenable (…) J’avais les larmes aux yeux (…)”

.
Il conserve ce ton guidé par l’émotion et l’amitié tout au long de l’affaire, comme lors de sa sortie de prison “Il faut que la vérité éclate pour nous ses amis, pour les Français qui sont K.O. depuis dimanche”, ou de la levée de l’assignation à résidence “Moi, j’ai cru dès le premier jour à l’innocence de Dominique Strauss-Kahn. Dominique avait eu l’occasion de me dire qu’il était innocent. J’ai toujours cru en son innocence”.
L’analyse sémantique de son discours via Wordle le montre :

Déclarations de Manuel Valls

Arnaud Montebourg, à l’inverse, était déjà dans une relation d’opposition à DSK, avant même que l’affaire ne débute.
Il ne commente pas l’arrestation de Strauss-Khan. A sa sortie de prison, en revanche, il reste purement factuel “La libération sur parole de Dominique Strauss-Kahn est une nouvelle importante pour lui, sa femme, Anne Sinclair, et sa famille” et met davantage l’accent sur la situation des socialistes

Les socialistes, pour leur part, doivent continuer à tracer leur route vers la victoire de la gauche en 2012, pour bâtir ensemble la Nouvelle France. Ils ont le devoir de réussir les primaires citoyennes dont les modalités et le calendrier n’ont, en l’état, aucune raison de changer.”

Lors de la plaidoirie, il exprime clairement ne jamais avoir soutenu Dominique Strauss-Khan et se évoque “une sensibilité proche de la plaignante.” Lors de l’annonce du non lieu, Arnaud Montebourg explique même son désintérêt pour l’affaire qu’il estime être simplement un “fait divers, je n’ai ni commentaire, ni analyse sur la chronique judiciaire new-yorkaise. Et je ne pense pas que je lui parlerai au téléphone, je suis très pris en ce moment.”

Déclarations d'Arnaud Montebourg

]]>
http://owni.fr/2011/08/27/les-mots-socialistes-sur-dsk/feed/ 4