OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Néo-journalisme en prise directe http://owni.fr/2011/09/06/un-neo-journalisme-en-prise-directe/ http://owni.fr/2011/09/06/un-neo-journalisme-en-prise-directe/#comments Tue, 06 Sep 2011 06:11:47 +0000 Damien Van Achter http://owni.fr/?p=78149 Être journaliste professionnel et refuser de se créer un compte sur Facebook, devrait, à mon sens, être considéré comme une faute professionnelle grave. Libre à eux de continuer à croire que  les habitants du web ne sont qu’une tribu de sauvages pédophiles qui violent les comptes en banque pour se payer de la coke dans la Vallée du Silicone. Ces journalistes-là ne parlent de toute façon déjà plus à personne.

Pour Dave Winer, ancien d’Harvard et pionnier du web, c’est le journalisme lui-même qui est en passe de devenir obsolète. C’est non seulement la fonction mais le concept lui-même d’intermédiaire de l’information qui est en train de voler en éclat. Selon Dave Winer :

Avant qu’internet n’arrive, cela coûtait très cher de transporter de l’information jusqu’aux consommateurs finaux, il fallait un fameux capital, des rotatives, des tonnes de papiers et une armada de camions et de paperboy. Désormais, les utilisateurs du numérique peuvent se mettre à l’écoute de n’importe quelle source et créer leurs propres références informationnelles. Nous n’en sommes qu’au début mais dans une génération ou deux plus personne ne déléguera à d’autres le soin de choisir les “bonnes” informations qui l’intéresse. Tout fonctionnera différemment.

Mutation irréversible de l’ADN du journalisme

La “démocratie de la distribution“, comme l’appelle Om Malik, est en train de faire muter l’ADN du journalisme avec une puissance phénoménale. Les conversations entre individus interconnectés sont en train de réaliser la prophétie du Manifeste des évidences (qui date pourtant de 1999). Elles sont devenues le marché. En 2011, si une information est importante pour un de ces individus, ce n’est pas le JT du soir ou la gazette du matin qui lui apprendra mais ses “amis” sur leurs blogs, sur Facebook ou sur Twitter. Seule compte la confiance qu’il place dans les composantes de son graphe social, et cette confiance ne s’acquiert pas sur simple présentation d’une carte de presse.

Oui, depuis quelques décennies je vois que nous vivons une période comparable à l’aurore de la Paideia, après que les Grecs apprirent à écrire et démontrer ; semblable à la Renaissance qui vit naître l’impression et le règne du livre apparaître ; période incomparable pourtant, puisqu’en même temps que ces techniques mutent, le corps se métamorphose, changent la naissance et la mort, la souffrance et la guérison, les métiers, l’espace, l’habitat, l’être-au-monde.

Face à ces mutations, sans doute convient-il d’inventer d’inimaginables nouveautés, hors les cadres désuets qui formatent encore nos conduites, nos médias, nos projets adaptés à la société du spectacle. Je vois nos institutions luire d’un éclat semblable à celui des constellations dont les astronomes nous apprirent qu’elles étaient mortes depuis longtemps déjà.

Pourquoi ces nouveautés ne sont-elles point advenues ? Je crains d’en accuser les philosophes, dont je suis, gens qui ont pour métier d’anticiper le savoir et les pratiques à venir, et qui ont, ce me semble, failli à leur tâche. Engagés dans la politique au jour le jour, ils n’entendirent pas venir le contemporain. Si j’avais eu à croquer le portrait des adultes, dont je suis, ce profil eût été moins flatteur.

Extrait du discours de Michel Serres, de l’académie française, à l’Institut de France (mars 2011)

La spéculation sur le marché du bits d’information n’a jamais été aussi élevée. Les paquets de dollars que certains drôles d’oiseaux sont capables, à tort ou à raison, de mettre sur la table pour détenir un puisième de Facebook ou de Groupon le démontrent à souhait. La valeur ne réside plus dans les entreprises de fabrication des contenus. Un article, aussi bon et pertinent soit-il, ne vaut plus rien, littéralement. S’il n’est pas distribué par les réseaux d’individus interconnectés, son existence se limitera dans le meilleur des cas à être disponible quelques temps via un moteur de recherche interne, jusqu’à ce que son média effectue la purge de ses serveurs “pour faire de la place”, comme il envoie au pilori les exemplaires papiers invendus.

Pour Clay Shirky,  “Ce n’est pas les journaux qu’il faut sauver, mais le journalisme”. A condition d’y inclure les autres supports et de s’accorder sur ce qu’est encore le journalisme …

Chercher à définir le journalisme s’apparente à déblayer la neige alors qu’elle tombe encore. Mais chacun s’accordera pour dire que la recherche de sens dans notre petite existence est une activité qui mérite à tout le moins de s’y mettre à plusieurs si l’on ne veut pas se laisser enfumer par les messages téléguidés des communicants de tous poils.

Parce que c’est sans doute là que réside le principal intérêt qu’il y a de “sauver le journalisme”, cet art noble et parfois martial tant il nécessite de canaliser son énergie et sa puissance pour viser, et toucher, juste. Et bien sot celui qui prétendrait détenir la clé magique qui ouvrirait tous les shakra du monstre médiatique. A tout le moins, remettre sans cesse le métier sur l’ouvrage nous permettra de nous approcher des nœuds gordiens qui font et défont la réputation de ces nouveaux intermédiaires de l’Information.

Le journalisme aura-t-il à souffrir des conflits d’intérêts, des abus de pouvoir ou des formes multiples de dévoiement des lois soi-disant intangibles qui régissent l’exercice de cette profession qui seront provoqués par ces nouvelles formes de distribution de l’attention ? Pas vraiment explique Mathew Ingram.

Au cours des 50 dernières années, les médias traditionnels se sont déjà rendus coupables de toutes les turpitudes possibles (les écoutes illégales de NewsCorp en étant le dernier exemple en date). Des journaux naissent et meurent, des blogueurs éclosent et disparaissent, mais le journalisme continuera d’exister, pas tant comme une institution mais plutôt comme un état d’esprit, un catalogue de convictions et de comportements en adéquation avec celles-ci. Il y a juste plus de manières différentes de faire du bon et du mauvais journalisme.

Si faire acte de journalisme est désormais à la portée de tout un chacun, en faire sa profession demande toutefois une dose d’abnégation et d’investissement sans précédent. Les médias qui ont enfin compris que leur écosystème était en train de passer cul par dessus tête sont en train de se réinventer en replaçant tant bien que mal la rue numérique au centre de leur stratégie. Ce qui apparaissait comme une évidence il y 5 ans, devient progressivement une urgence voire un sauve-qui-peut, parfois pitoyable il faut bien le dire.

L’une des planches de salut, à mon sens, est de réinvestir dans le potentiel humain, dans la richesse brute des individus qui se destinent contre vents et marées à vivre de leur journalisme. Faire en sorte de les rendre puissants grâce à la maîtrise des outils, d’attirer progressivement sur eux les spotlights de l’attention avant même qu’ils aient à se soucier de la rentabiliser. Mais de ne surtout pas éluder cette obligation, sans laquelle ils ne pourront prétendre à une quelconque indépendance d’esprit et d’action.

Devenir journaliste ? Un business plan à préparer !

Ce n’est donc pas une surprise de voir des écoles (de journalisme, mais pas que) telle Columbia ou CUNY à New York, dédier des pans entiers de leurs formations aux dynamiques mises en œuvre par les “roto-plateformes” que constituent désormais Google, Facebook ,Twitter, LinkedIn, Foursquare,Tumblr et consorts. Le cours de Sree Sreenivasan, disponible en ligne, en est à mes yeux le meilleur exemple. Il n’est pas non plus surprenant de voir émerger de nouvelles formations dédiées à la construction, à la gestion de son identité journalistique et à son financement ou encore des sessions de cours entièrement consacrées à l’usage du code html et à l’exploitation des bases de données.

Entreprendre une carrière en journalisme au 21ème siècle, c’est un investissement qui se planifie, un business plan qui se construit en marchant, un idéal qui se concrétise bien au delà de mettre sa tronche à la télé ou sa signature au bas d’un papier.

Comme l’homme de Néanderthal avec le silex et le feu, le journaliste du 21ème siècle doit apprendre à utiliser les outils de son temps pour espérer survivre et prospérer. Car oui, prendre soin du journalisme, c’est prendre soin des individus qui y aspirent. Et la meilleure assurance vie à laquelle ils peuvent souscrire ce n’est pas un contrat à durée indéterminée avec une entreprise de presse mais une reconduction tacite de moult transactions, humaines et matérielles, avec ceux et celles qui leur font l’honneur de s’informer avec et auprès d’eux.

Découvrez la version “pour les nuls” de ce billet en cliquant ici et, ci-dessous, en version audio par maître Van Achter :

Photos FlickR PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales freddy ; PaternitéPartage selon les Conditions Initiales phooky ; PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales themarkpike.

]]>
http://owni.fr/2011/09/06/un-neo-journalisme-en-prise-directe/feed/ 72
Classer les écoles de journalisme? Oui, mais… http://owni.fr/2011/06/26/classer-les-ecoles-de-journalisme-oui-mais%e2%80%a6/ http://owni.fr/2011/06/26/classer-les-ecoles-de-journalisme-oui-mais%e2%80%a6/#comments Sun, 26 Jun 2011 16:26:55 +0000 Erwann Gaucher http://owni.fr/?p=71873 C’était le buzz de la semaine dans le petit monde journalistique. Un classement des écoles de journalisme, pensez-donc ! L’occasion de régler les vieux contentieux. Les Nordistes de l’ESJ et les Parisiens du CFJ n’en avaient pas assez de s’affronter sur des terrains de foot depuis des années (et je ne ferai à personne l’offense de rappeler certains scores), un classement allait mettre tout le monde d’accord sur l’institution qui allait pouvoir se vanter d’être “la meilleure école de journalisme de France”.

Et pas seulement eux ! Sciences-Po, le CUEJ, le Celsa, l’IPJ, les IUT et j’en oublie forcément, avec ce classement des 30 premières écoles de journalisme, Street Press s’assurait une lecture attentive, amusée et parfois énervée de milliers d’anciens de ces écoles. Le site ne s’en cache d’ailleurs pas, cet article, c’est aussi une façon d’appliquer aux écoles de journalisme cette manne des classements que les anciens de ces mêmes établissements sont les premiers à appliquer lorsqu’ils travaillent au Point, au Nouvel Obs, à Challenges ou à l’Express. Hôpitaux, universités, facs, universités, prépas, crèches, écoles de commerce, fortunes les journalistes adorent classer, souvent, beaucoup car cela fait vendre du papier (lire mon billet “Dans la tête des rédacteurs en chef des hebdos ?“).

Le classement des écoles de journalisme, c’était donc un bon coup éditorial, une idée amusante et inédite, je ne crois pas en avoir déjà lu un autre avant. Une poussée de visites et de pages vue pour le site, et il n’y a là rien de répréhensible.

Mieux, même, le classement réserve quelques surprises, comme cette belle 3è marche du podium revenant à l’IUT de Lannion qui talonne ainsi les deux “prestigieux” établissement lillois et parisien pour lesquels Street press se garde de trancher en leur offrant une (légèrement) hypocrite première place ex-aequo.

Et bien évidemment, le tout a buzzé dès sa mise en ligne, ce jeudi 23 juin. Twitter ne bruissait que de ça, ou presque, toute la matinée (ça m’apprendra à avoir autant de journalistes dans ma Time Line). Ca chambrait ici ou là, cela criait victoire pour les anciens de Lannion ou de Tours, cela criait au scandale pour les écoles qui n’étaient pas présentes dans le classement telles que l’IJBA de Bordeaux

Une offre pléthorique

Alors, faut-il un classement des écoles de journalisme ? Oui, pourquoi pas, tant l’offre dans ce secteur est devenu pléthorique et souvent peu compréhensible. Mais cela ne suffira pas forcément à orienter les candidats à notre beau métier, comme l’explique Marc Cappelle, directeur de l’ESJ-Lille (1er ex-aequo du classement donc) :

Je crois important de mettre un peu d’ordre dans le paysage de la formation au journalisme en France. Il y a effectivement une centaine de lieux de formation, publics et privés, reconnus et non reconnus. Or, je ne suis pas certain que pour cela un “classement” soit suffisant pour éclairer la lanterne des futurs étudiants. Le travail mené par la CNMJ (Conférence nationale des métiers du journalisme) me semble ici autrement plus important. Il s’agit de mettre en place un référentiel commun de formation qui permettra d’harmoniser les critères de reconnaissance de la profession et les attentes du MESR (Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche). Les membres de la CNMJ (les 13 écoles actuellement reconnues, la Commission nationale paritaire pour l’emploi des journalistes, les services du MESR…) ont beaucoup travaillé depuis quelques mois sous la présidence de Patrick Pépin. Une réunion publique à Paris, le 29 septembre, permettra de livrer le résultat des travaux. Je pense qu’à ce moment-là, tout le monde disposera d’éléments d’appréciation qui permettront de dire si tel ou tel cursus de formation au journalisme est sérieux ou non.

Un avis partagé par Christophe Deloire, directeur du CFJ : “Pourquoi pas, mais il ne faut pas avoir la religion des classements. Il y a un vrai manque de clarté dans les 80 à 100 formations qui existent aujourd’hui en France et c’est un souci pour les candidats. Si un classement peut les aider, c’est un outil de plus, mais cela dépend vraiment des critères et de la méthodologie utilisées. Je pense que le travail menée actuellement par la CNMJ sera beaucoup plus utile pour y voir plus clair“.

Quant au classement de son école, Marc Capelle a le triomphe modeste : “La place de l’ESJ en tête de ce classement n’est pas vraiment une surprise. Je ne sais pas si le taux de placement des étudiants à la sortie de écoles était un critère, mais c’est aussi un point important (et sur ce plan aussi l’ESJ est fort bien placée). Il est intéressant de constater que des formations qui diplôment à des niveaux différents (l’ESJ et Lannion, par exemple) se classent bien. C’est en l’occurrence – pour l’instant – une spécificité française : la qualité professionnelle de la formation est plus important que le niveau de diplôme “.

Tout comme Christophe Deloire : “Pour être franc, nous n’avions pas besoin d’un classement pour nous confirmer que nous êtions dans les toutes meilleures formations, il ne faut donc pas lui donner trop d’importance. Les nombreux prix qui ont été remportés par les étudiants sont à mon avis plus révélateurs de la qualité d’une école. Cette année, le CFJ a tout raflé en télévision et en a reçu de nombreux en presse écrite et en radio“.

Critères en question

Les critères, voilà l’un des reproches que l’on peut adresser au classement de Street press qui n’en a retenu que trois, ce qui est bien peu : la sélectivité et l’attractivité, les moyens pédagogiques et l’avis des recruteurs. Ce sont de bons critères, mais ils ne sont pas assez nombreux et ne sont, pour certains, pas assez précis. Les moyens pédagogiques sont ainsi notés en fonction du nombre d’heures de cours, du nombre d’encadrants dans l’équipe pédagogique et du nombre de caméras vidéos par rapport au nombre d’étudiants.

Le spectre des écoles passées à la loupe est lui aussi trop étroit. Avec 30 écoles dans le classement et quatre qui n’ont pas répondu aux sollicitations du site, Street press n’a jaugé qu’un tiers des écoles de journalisme du pays, avec un gros manque : les formations professionnelles. Un “oubli” très représentatif d’un problème plus général dans la formation des journalistes en France, explique Marc Mentré, de l’Ecole des métiers de l’information à Paris :

Le classement de Streetpress ne tient pas compte des formations professionnelles en journalisme. Cela est du à plusieurs facteurs. Les écoles de journalisme ont construit leur modèle de sélection sur celui des écoles d’ingénieur, qui est un modèle d’hypersélectivité: classes préparatoires, concours où il y a mille candidats pour une cinquantaine de places, etc. Résultat de ce système, en France, le diplôme obtenu en formation initiale est prépondérant dans la construction d’un parcours professionnel, puisque ce sont les “meilleurs”, avec des guillemets, car les critères de sélection sont purement scolaires, qui ont été sélectionnés. Le journalisme n’échappe pas à ce modèle.

L’une des conséquences de ce système est qu’il est très difficile de changer d’orientation professionnelle, car celui qui le fait est toujours “suspect”. Il l’est tout d’abord, car il n’a pas le choix initial de s’engager dans telle ou telle profession et donc d’entrer dans le processus de sélection qui y mène. En quelque sorte, dans sa jeunesse, il n’a pas “joué le jeu”. Il l’est ensuite, car quelque soit la qualité de la formation professionnelle, il ne saurait prétendre se situer “à égalité” avec un diplômé d’une École, puisqu’il n’aura pas été dans sa jeunesse “hypersélectionné”. Je ne développe pas, des flots d’encre ont été écrits sur cette question.


En bref, cela signifie que dans notre inconscient collectif, il n’existe de formation qu’initiale, et que la légitimité de la formation professionnelle continue est toujours questionnée. C’est l’une des raisons de fond qui explique l’absence des écoles de formation continue dans le classement Streepress. En France, il existe 13 écoles reconnues par la profession, c’est-à-dire par la commission nationale paritaire de l’emploi des journalistes. Ce sont toutes des écoles de formation initiale. La commission ne s’est jamais penchée sur les formations dispensées dans le cadre de la formation professionnelle. Si l’on prend ce critère, on n’a aucune chance de retrouver avant 2211, au mieux, une formation continue “reconnue par la profession”. Cela dit, Streetpress ne s’est pas appuyé sur ce critère, puisqu’il y 30 écoles dans son classement. Alors pourquoi pas de formation continue ?

Gérard Larcher a lancé une réforme ambitieuse, baptisée “formation tout au long de la vie” qui se traduit concrètement par ce que l’on appelle la “certification”, c’est-à-dire que les organismes de formation continue doivent délivrer un “certificat de qualification professionnelle”, qui certifie que son titulaire “maîtrise les compétences, aptitudes et connaissances nécessaires à l’exercice d’une ou plusieurs activités qualifiées”. Il s’agit d’un diplôme d’État offrant une équivalence universitaire, qui est inscrit au Répertoire national des certification professionnel. Une réforme essentielle, mais longue et complexe à mettre à œuvre par les centres de formation, car elle exige de définir précisément les différentes tâches qui constituent un métier, d’en établir le mode de validation, etc.

Mais en dehors des cercles étroits de la formation professionnelle (et des journalistes sociaux) qui connaît réellement cette réforme et ses implications ? Tout cela n’empêche pas que les organismes de formation continue forment chaque année des dizaines de journalistes professionnels, qui s’insèrent dans les rédactions. Au fond c’est ça l’essentiel “.

Alors, faut-il un classement des écoles de journalisme ? Oui, pourquoi pas. Mais il lui faudra être plus large dans sa sélection et plus précis dans ses critères pour être véritablement pertinent. En attendant, les anciens contniuent de se “tirer la bourre”, et ça, c’est toujours amusant à observer !


Article initialement paru sur Cross Media Consulting
Crédits Wikimedia Commons by-sa Smilen.milev / FlickR CC by-nc-nd SDEurope

]]>
http://owni.fr/2011/06/26/classer-les-ecoles-de-journalisme-oui-mais%e2%80%a6/feed/ 14
Et si les écoles de journalisme se mettaient au triolisme? http://owni.fr/2011/03/05/et-si-les-ecoles-de-journalisme-se-mettaient-au-triolisme-formation/ http://owni.fr/2011/03/05/et-si-les-ecoles-de-journalisme-se-mettaient-au-triolisme-formation/#comments Sat, 05 Mar 2011 18:00:09 +0000 Erwann Gaucher http://owni.fr/?p=49787

Le problème des écoles de journalisme, c’est qu’on y trouve que des journalistes…

Le reproche fait aux vénérables maisons qui enseignent le journalisme n’est pas forcément nouveau, mais il est aujourd’hui de plus en plus significatif. S’il a toujours été un peu gênant de former des journalistes « en vase clos », c’est-à-dire assez éloignés de la réalité des nombreux autres métiers qui “faisaient” les journaux, ce défaut structurel pose aujourd’hui un véritable problème. Au moment où un nouveau type de journalisme émerge, peut-on continuer à former des journalistes solo ou, au mieux, des journalistes habitués à travailler entre journalistes ?

Les nouveaux médias inventent, au fil des mois, de nouvelles pratiques journalistiques, de nouveaux formats éditoriaux, dont l’une des principales spécificités réside dans la collaboration étroite entre journalistes, graphistes, développeurs, techniciens spécialisés dans l’exploitation des données… C’est l’une des révolutions des pure players au sein de la profession. De Rue89 à OWNI, ce dernier étant sans doute le laboratoire le plus avancé en la matière, le journalisme ne se pratique plus seulement entre journalistes. Les autres « corps de métier » sont totalement associés à la réalisation des sujets et ne sont plus cantonnés à la seule mise en forme du travail journalistique. Pourtant, où sont-ils dans les écoles de journalisme ces autres métiers ? Bien entendu, à l’ESJ, au CFPJ et dans la plupart des écoles reconnues, d’excellents intervenants viennent régulièrement prodiguer des cours de graphisme ou viennent expliquer le travail de développeur. Mais ce sont au mieux quelques poignées d’heures d’enseignement noyées dans l’océan des cours.

Et je suis le premier à avoir appliqué ce schéma qu’il faudrait sans doute aujourd’hui bousculer sérieusement. Pendant les deux années où j’ai eu la chance de diriger la filière PHR de l’ESJ Lille, j’ai moi aussi programmé dix heures d’apprentissage d’X-press par-ci, dix heures de photo par-là, demandé à des graphistes de venir expliquer les grands principes de leur métier aux apprentis-journalistes dont j’avais la charge… Mais je me rends bien compte aujourd’hui que c’est nettement insuffisant ! Dans les années à venir, le journalisme sera de plus en plus le fruit d’une étroite collaboration entre plusieurs compétences. Pourquoi ne pas former ses compétences ensemble ?

En finir avec l’individualisme

Les écoles auraient tout intérêt à essayer de mettre sur pied de nouvelles formations, réunissant tout au long de l’année journalistes, graphistes et techniciens par exemple. C’est en partie l’expérience, très intéressante, menée sur le terrain par l‘Emi-Cfd et à découvrir en détail dans le billet du camarade Marc Mentré sur « le journalisme de couple ».

Ayant sans doute un fond encore plus vicieux, je pense qu’il faut aller encore plus loin et j’attends avec impatience l’école de journalisme qui ira encore plus loin et se mettre au véritable triolisme : un journaliste, un graphiste et un développeur (par exemple), ne travaillant pas ensemble simplement le temps d’un atelier, d’une session intensive ou de quelques cours, mais étant vraiment formés ensemble.

Un apprentissage quasi-commun et mené en parallèle pourrait également apporter une réponse au syndrome du journalisme-Shiva dont beaucoup se plaignent. Les outils à la disposition des journalistes sont de plus en plus nombreux et de plus en plus simples à appréhender, mais les journées ne font toujours que 24 heures. En accentuant encore le travail d’équipe, le “journalisme de couple” voire de trio, le journaliste aura moins besoin de jouer à Shiva. Mais il devra apprendre à travailler en étroite collaboration, ce qui est loin d’être inscrit dans nos ADN professionnels, souvent marqués par un certain individualisme. N’attendons pas d’être au pied du web-docu pour apprendre à travailler ensemble !

Les écoles de journalisme, fascinée par l’académisme, n’ont eu de cesse depuis quinze ans d’essayer de se rapprocher au maximum de l’université (pour que leurs diplômes obtiennent les meilleures équivalence universitaires) ou de Sciences-Po (puisque de toute façon une part important de leurs étudiants y passent, autant travailler le plus tôt possible main dans la main). C’était sans doute une bonne chose, mais il est temps maintenant, de se rapprocher d’autres écoles, d’autres types de filière. Celles où l’on forme les autres professionnels avec qui les journalistes de demain vont travailler dans une collaboration de plus en plus étroite.

Bien sûr, de tels rapprochements sont longs à mettre en place. Il ne suffit pas d’enfermer des apprentis-journalistes avec des étudiants en graphisme et en développement web pour que, par magie, un journalisme nouveau en ressorte. La formule chimique est plus complexe et nécessite que les équipes pédagogiques travaillent elles aussi étroitement en commun pour imaginer un nouveau projet pédagogique et une nouvelle méthode d’enseignement. Mais parce que la demande sera de plus en plus forte dans les années à venir, il est temps de s’y mettre et de tenter l’expérience.

Il y a quelques semaines, je signais un billet au titre volontairement provocateur « En 2011, faudra-t-il tuer les informaticiens de votre journal ? » et je concluais : « Pire, il faudra apprendre à travailler avec. » Faisons-le dès l’école !

Billet initialement publié sur Cross Media Consulting

Image CC Flickr PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales Tyello ; ludwig van standard lamp.



]]>
http://owni.fr/2011/03/05/et-si-les-ecoles-de-journalisme-se-mettaient-au-triolisme-formation/feed/ 18