OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Un corridor humanitaire de données ouvertes http://owni.fr/2011/08/28/un-corridor-humanitaire-de-donnees-ouvertes/ http://owni.fr/2011/08/28/un-corridor-humanitaire-de-donnees-ouvertes/#comments Sun, 28 Aug 2011 09:30:05 +0000 aKa (Framasoft) http://owni.fr/?p=77116 Cet article est la traduction d’un entretien réalisé par Jason Hibbets, et paru le 18 juillet sur OpenSource.com. Sauf mention contraire tous les liens de cet article sont en anglais.

À la rencontre SouthEast LinuxFest qui s’est tenue au début de l’année, j’ai appris l’existence du projet humanitaire OpenStreetMap à l’occasion d’une conférence donnée par Leslie Hawthorn sur les outils gratuits et libres destinés à l’action humanitaire.

HOT (Humanitarian OpenStreetMap Team, Ndlr) reprend les principes de l’open source et du partage libre de données pour l’aide humanitaire et le développement économique, en tirant parti des efforts de OpenstreetMap. Kate Chapman est directrice du projet. Son rôle est de mettre en place l’organisation mais aussi la contribution aux projets. Elle travaille pour lever des fonds, exécuter les tâches administratives, gérer le budget, et enfin aller sur le terrain pour y tenir des ateliers. Kate nous en a dit plus sur le projet HOT dans l’interview ci-dessous.

Quelle est la mission de l’équipe humanitaire OpenstreetMap ?

HOT croit que des données géographiques libres et à jour peuvent être indispensables pour réagir face à un désastre. Donc nous aidons des communautés et des intervenants d’urgence qui d’une part utilisent les données d’OpenStreetMap et d’autre part contribuent en même temps au projet.

Quel a été l’impact du projet humanitaire OpenStreetMap sur des régions atteintes par un désastre (par exemple en Haïti ou en Côte d’Ivoire) ?

HOT a joué un rôle actif en Haïti, que ce soit à distance ou sur place par l’intermédiaire de missions. La communauté du projet OpenStreetMap a commencé par rechercher des images satellite et collecter des données issues de vieilles cartes pour mettre à jour la carte d’Haïti après le tremblement de terre. Puis à partir de mars 2010, nos équipes ont commencé à se rendre en Haïti pour former directement les gens à la mise à jour d’OpenStreetMap et à son utilisation. Ainsi, la communauté OpenStreet Map d’Haïti (COSMHA) s’est développée et poursuit le travail de cartographie de la région avec le soutien de HOT quand cela est nécessaire.

En Côte d’Ivoire, notre travail s’est fait entièrement à distance. Un de nos membres, Frederic Bonifas, a fourni la plus grosse contribution à l’effort de coordination pour ce projet. SPOT (une entreprise française de satellites) a joué un rôle vital en mettant à disposition sous licence libre des images que des personnes ont pu utiliser pour compléter les données d’OpenStreetMap.

Cependant, HOT n’existe pas que pour les cas d’urgence. On a commencé des travaux d’anticipation en Indonésie cette année. Jeff Hack et moi-même passons en ce moment deux mois en Indonésie pour tenir des ateliers dans des communautés et des universités. Nous espérons ainsi recueillir des informations détaillées sur les bâtiments et les utiliser pour mieux anticiper les scénarios catastrophes.

Quelles sont les technologies ou les autres défis qui se présentent à vous ?

Le problème des licences a été le plus gros défi pour HOT. Après un afflux d’images en provenance d’Haïti, les cartes d’OpenStreetMap ont pu être mises à jour sans problème. En cas de catastrophes, il est parfois difficile de réagir rapidement lorsqu’il n’y a pas d’images satellite ou d’autres types de données disponibles qui peuvent être utilisées avec OpenStreetMap.

Est-ce que vous avez la possibilité de faire équipe pour travailler en collaboration avec les gouvernements des zones concernées ?

La réponse à cette question est : quelques fois. Que ce soit en Haïti ou en Indonésie, nous avons formé des personnes travaillant pour le gouvernement. Nous allons également bientôt commencer un programme au Togo pour anticiper les catastrophes, celui-ci impliquera directement le gouvernement togolais.

Détaillez-nous les étapes de l’assistance fournie par votre organisation en cas de désastre. Par exemple, si un ouragan devait arriver sur la côte, comment est-ce que vous aideriez ?

Chaque catastrophe est unique. Typiquement après une catastrophe on commence en premier à faire l’état des données disponibles. Cela veut dire se mettre en contact avec les fournisseurs d’images satellite, répondre aux agences, et faire des recherches sur internet en général. Puis d’habitude on essaye de trouver quelqu’un qui est capable de coordonner les efforts humanitaires. Après nombre de cataclysmes on a de nouveaux bénévoles, des individus variés qui sont intéressés par l’utilisation des données, d’autres qui ont besoin d’aide, ce qui importe c’est de s’assurer qu’ils obtiennent ce dont ils ont besoin.

OpenStreetMap en général est une organisation avec une communauté très impliquée, et son développement HOT conserve ce même caractère. Mais ici nous réagissons à des urgences, c’est pourquoi nous nous coordonnons pour être sûr qu’une personne à la tête peut diriger les efforts.

Rejoignez-nous

La manière la plus simple de participer à HOT c’est d’abord d’apprendre à éditer les données dans OpenStreetMap. Souvent, le meilleur moyen de le faire est de commencer à cartographier votre propre quartier. Ce n’est pas difficile de se familiariser avec les outils de base. Pour avoir une participation plus active à HOT, le mieux est de s’abonner aux listes de diffusion. C’est là que se passent les discussions entre les personnes qui font quelque chose pour aider sur tel ou tel événement ainsi que les annonces générales.

Bonus Track

Chronique d’Emmanuelle Talon (La Matinale de Canal+ – 18 janvier 2010) évoquant OpenStreetMap au moment du tremblement de terre d’Haïti de 2010.


Billet initialement publié sur Framablog sous le titre L’Open Data au service du secours humanitaire grâce à l’équipe dédiée d’OpenStreetMap.

Traduction d’un article de Jason Hibbets intitulé Open data for humanitarian relief with the Humanitarian OpenStreetMap Team publié le 18 juillet 2011 sur OpenSource.com. (Traduction Framalang : Slystone, ZeHiro, Goofy, Padoup-padoup)

Illustrations Flickr CC PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales ethan.crowley Paternité puuikibeach

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7 images pour 2010 http://owni.fr/2010/12/31/7-images-pour-2010/ http://owni.fr/2010/12/31/7-images-pour-2010/#comments Fri, 31 Dec 2010 08:48:53 +0000 André Gunthert http://owni.fr/?p=40702 Haïti, une catastrophe pour les images

2010 s’est ouvert sur une histoire bien moche de photo volée. Pas par Wikipédia ou ces truands d’amateurs, mais par l’AFP, parangon du photojournalisme, prise la main dans le sac de l’accélération du marché. Confrontée à l’urgence du tremblement de terre de Haïti, la presse a commis de nombreuses erreurs, reprenant sans vérification des images d’autres catastrophes, signalées notamment sur Twitter. Comme les autres, l’AFP n’a fait que se servir sur le réseau social, et a rediffusé sans autorisation et avec une fausse attribution une photo qui allait faire la une de nombreux journaux (voir ci-contre). Lorsque Daniel Morel, son véritable auteur, porte plainte pour exploitation illégale, l’AFP réplique par un recours – que l’agence vient de perdre devant le tribunal de New York.

Jamais en retard d’un combat perdu, le pape du photoreportage, l’inusable Jean-François Leroy, a choisi de se faire l’avocat du vol de l’agence contre le droit de l’auteur, au nom de l’argument bien connu de la jupe trop courte et de la provocation du pot de terre contre le pot de fer. Le défenseur du photojournalisme assis s’est justement fait épingler par Duckrabbit sur son blog.

Rimbaud, un nouveau visage

Depuis avril 2010, Rimbaud a changé de visage. Découverte par Alban Caussé et Jacques Desse, une photo du perron de l’hôtel de l’Univers à Aden, datée de 1880 (ci-dessus, n° 9), montre une physionomie si inhabituelle que de nombreux fans ont préféré ne pas y reconnaître leur auteur favori. Pas de chance, il semble bien que ce soit toute l’imagerie de la rimbaudmania qu’il faille désormais retourner cul par-dessus tête. Le célèbre portrait par Carjat, fondateur d’une vision éthérée d’un poète les yeux dans le vague (ci-dessus, n° 2), s’avère manifestement retouché. D’autres images de Rimbaud, jusqu’à présent écartées, font écho à la photo d’Aden et donnent un visage plus humain à l’auteur des Illuminations. La passionnante controverse qui a accueilli cette découverte (dont on peut suivre les échanges sur ce blog) montre que l’édition de la fin du XIXe siècle a su créer des icônes aussi puissantes que les industries culturelles du XXe siècle.

YouTube, fini de rire

Le Sacre de l’amateur (Patrice Flichy, 2010) s’ouvre sur le chiffre emblématique des vidéos téléchargées sur Youtube, censé résumer à lui seul l’essor conféré par le web aux pratiques créatives. Mais le temps est loin où l’on comptait les enregistrements familiaux remarquables, façon “Charlie bit me“. Désormais partagé par les maisons de disque, les émissions de télévision grand public ou la publicité de prestige, l’usage de la plate-forme s’est banalisé et a noyé le broadcast yourself dans la concurrence sans pitié des grands médias (on peut parier que le nullissime “Baby” de Justin Bieber sera la 1e vidéo à franchir prochainement la barre du demi-milliard de vues).

2010 restera l’année où YouTube a chassé le droit à la parodie de ses serveurs, en se soumettant à l’interdiction par le distributeur des pastiches de La Chute d’Oliver Hirschbiegel. Contrairement à l’avis des optimistes, qui pariaient sur un rebond du web, la célèbre crise de rage interprétée par Bruno Ganz n’a plus servi depuis de défouloir à la moquerie, qui s’est mise à l’abri sur les réseaux sociaux.

Bettencourt, le portrait d’une affaire d’État


Eté marqué par un conflit familial devenu scandale d’État par l’obstination dans le mensonge d’un ministre qui y a définitivement brûlé sa carrière. Dans un paysage visuel qui cache la vieillesse comme un crime, le visage archéologique de la patronne de la crème antiride produit un étrange raccourci des mythes du temps. On s’en souviendra. Accessoirement, la répétition du portrait de l’AFP rappelle qu’à l’ère du camphone, la disponibilité de l’image reste la première détermination de la dynamique de publication.

Lady Gaga crowdsourcée


Pas de best-of 2010 sans Lady Gaga. Mais pour une image différente des clips à succès de la pop-star. Enregistré simultanément par plusieurs dizaines de caméras et mobiles, puis retransmis sur les plates-formes de vidéo en ligne, le crowd surfing (ou jeté dans la foule) exécuté par Lady Gaga au festival Lollapalooza de Chicago le 6 août dernier a fait d’une figure classique des concerts rock une expérimentation grandeur nature de la capacité panoptique des nouveaux médias, sorte de déclinaison frivole des pratiques visuelles du mouvement de protestation iranienne de 2009. Preuve de la puissance du crowdsourcing visuel, ces deux exemples montrent aussi la difficulté de son emploi en dehors de cas très …mobilisateurs.

La toupie d’Inception: ne rêvons pas

Deux films oniriques ont marqué 2010. Laissons de côté Alice au pays des merveilles, gonflé d’effets spéciaux comme une Sahnetorte, pour faire un sort à Inception, vrai film à thèse. En résumé: il est possible de manipuler l’esprit grâce à une effraction du cortex et à quelques scènes d’action emboîtées. Ça aurait pu être une magnifique métaphore du cinéma. Le film passe résolument à côté par son manque absolu de fantaisie et son absence de réflexivité cinématographique. Inception réussit à dépoétiser jusqu’au totem, transformé en outil de vérification de l’état onirique, sorte de “pince-moi” objectif (voir ci-contre).

Faut pas rêver. Dans une époque qui préfère Onfray à Freud, peut-on avoir de l’imaginaire une autre approche que celle des écoles de commerce? Pourtant, comme l’avait bien compris le père de la psychanalyse, le rêve est d’abord un moteur à histoires. Dans Alice ou dans Inception, les effets de manche soupesés au millimètre par des comptables incrédules dévoilent un chapeau vide. Un cinéma qui n’est plus capable de croire à la puissance du rêve ne fait que creuser sa propre tombe.

La 3D à lunettes, un lancement qui tombe à plat

2010 restera comme l’année du lancement de la 3D, promue au cinéma par le succès d’Avatar, vaisseau amiral de la technologie des shutter glasses, et dont le Mondial de foot aurait dû assurer les prolongations dans les salons. Las, malgré quelques blockbusters pas forcément inoubliables (Piranha 3D, Le Choc des titans, Streetdance 3D, Alice au pays des merveilles, Schrek 4…), la demande n’a pas suivi. Sur 9 millions d’écrans plats achetés cette année en France, on estime à un petit 2% la proportion de téléviseurs 3D, bien loin du succès annoncé par le marketing.

Entretemps, les spectateurs américains commencent déjà à se lasser de l’estampille “3D”, et l’auto-stéréoscopie avance à grands pas, programmant l’obsolescence du relief à lunettes, qui risque bien de n’avoir été qu’un des coûteux faux-pas des technologies de l’image, à ranger bientôt à côté du vidéodisque ou du HD-DVD. Pour ma part, muni par le père Noël d’un écran LED tout neuf, j’ai pu constater qu’Avatar est aussi un excellent film en 2D, et que sa vision à plat ne fait pas le moins du monde regretter sa version bodybuildée – ce qui est une autre manière de vérifier le caractère superflu du leurre 3D.

Article initialement paru sur Culture Visuelle, L’Atelier des icônes.

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Ushahidi ou la cartographie du message http://owni.fr/2010/08/18/ushahidi-ou-la-cartographie-du-message/ http://owni.fr/2010/08/18/ushahidi-ou-la-cartographie-du-message/#comments Wed, 18 Aug 2010 10:08:11 +0000 Julien Goetz http://owni.fr/?p=25100 Ushahidi est un outil open source qui a été développé pour servir de plateforme de suivi de crise. Il permet d’afficher sur une carte en ligne les messages envoyés par SMS depuis le terrain. L’idée est née il y a maintenant 2 ans. En ce début d’année 2008, le Kenya est frappé par une terrible flambée de violences qui fait suite à la réélection contestée du président en place, Mwai Kibaki, à la tête de l’état. Alors que les partisans des deux camps s’affrontent, Ory Okolloh, développeur kenyane et bloggueuse déjà reconnue pour ses billets politiques, lance l’idée d’Ushahidi, “Message” en swahili. Le principe est simple et répond à l’urgence : il faut pouvoir visualiser ce qu’il se passe sur place.

Genèse d’un service utile

Ory Okolloh - World Economic Forum 2010

Le téléphone mobile étant l’outil de communication le plus utilisé en Afrique, il devenait évident qu’il fallait profiter de ses possibilités de géolocalisation. L’utilisation du réseau et de ses données de localisation individuelle prend une nouvelle tournure. Ce n’est plus “Big Brother is watching you” mais plutôt “Aidez nous à voir ce qu’il se passe, pour que tout le monde sache”.

Suite à l’article d’Ory Okolloh , les retours ne se font pas attendre. Très vite d’autres bloggeurs relaient l’info et de nouveaux développeurs viennent l’épauler pour mettre sur pied le projet Ushahidi.

Loin des clichés qui ont encore la vie dure sur l’Afrique, il faut savoir que le Kenya dispose de toute une génération de jeunes technologues venus étudier à Mombassa ou à Nairobi, la capitale, parfois après avoir fui les guerres qui embrasaient les pays voisins (Soudan, République Démocratique du Congo…). De plus la diaspora kényane étant très active aux États-Unis et dans le monde anglophone, notamment dans le milieu des nouvelles technologies, tout ce petit monde se connaît déjà bien et les ressources sont vite partagées. Une fois toutes ces bonnes volontés réunies, Ushahidi était né.

La plateforme open-source a vite connu un succès inattendu. Cette utilisation des réseaux mobiles, de la géolocalisation, dans des pays ou face à des situations de crise où internet est inaccessible et où les communications sont difficiles ou contrôlées s’est avérée plus qu’utile.

Inde, République du Congo, Haïti: des usages multiples

Partant de là le projet s’est rapidement diffusé sous le modèle du logiciel libre. Ushahidi a été massivement utilisé en Inde lors des élections du printemps 2009, presque un an après la création du service. Le ministère indien chargé de superviser les élections a décidé de l’utiliser pour pister les éventuelles irrégularités ou problèmes. Avec plus de 700 millions d’électeurs inscrits il lui était clairement impossible de mettre en place un suivi de tous les bureaux de vote. Un site a donc été ouvert avec Ushahidi et une large promotion a été faite pour que ce soit les citoyens eux-mêmes qui signalent les problèmes et fassent remonter l’information sur ce site simplement grâce à leur téléphone portable.

Ushahidi a également été déployé à la demande du CICR lors d’émeutes au Nord Kivu (RDC) qui ont provoquées des déplacements massifs de populations. Cette fois-ci l’outil n’était pas directement à destination des réfugiés mais plutôt des ONG afin d’anticiper les mouvements de population. Le but était de ne pas se laisser déborder par une arrivée massive de 10 000 réfugiés dans un camp déjà trop plein.

Dans les situations de crise humanitaire, une fois la plateforme mise en place, le principal enjeu est toujours de diffuser l’information sur l’existence de cet outil auprès des populations sinistrées. En Haïti par exemple, suite au terrible séisme, un site avec Ushahidi a rapidement été mis en place avec l’ONU (OCHA). Dans les premiers jours, c’était surtout les ONG qui l’utilisaient pour se passer des informations alors qu’elles étaient totalement dépassées. Il a fallu du temps pour que le message parvienne aux populations touchées et qu’elles retiennent le numéro leur permettant d’envoyer un message sur la plateforme utilisant Ushahidi.

Dans les semaines qui ont suivi beaucoup de monde s’est mobilisé sur le réseau notamment pour établir une cartographie fiable des zones touchées. Grâce à l’aide d’Openstreetmap et de nombreux traducteurs, l’outil mis en place s’est avéré essentiel pour venir en aide aux sinistrés. Suite à cela les gouvernements, les ONG et les médias internationaux ont réellement pris conscience du rôle que pouvait jouer un outil comme Ushahidi.

Coup d’État, feux de forêt, braconniers, zombies: tout passe par Ushaidi

Il reste que son utilisation est indissociable d’un réel effort de coopération et de coordination, notamment à l’extérieur des frontières en cas de crise. Les plateformes mises en place sont souvent prises d’assaut les premiers jours et parfois dès les premières heures par les proches des sinistrés qui tentent d’avoir des nouvelles de leur famille sur place mais il faut du recul et une vision globale pour que l’outil soit efficace. Les autorités et personnes sur place étant souvent soit débordées soit dans un black-out. C’est donc aussi “l’ailleurs” qui peut guider dans ce chaos. Lors de la crise politique qui a secoué Madagascar début 2009, les médias étant bâillonnés, la diaspora en savait plus sur ce qui se passait que les personnes sur place. Via l’outil de crise mis en place, des habitants d’Antananarivo pouvaient demander à ceux vivants à l’extérieur du pays des explications sur ce qu’ils entendaient au coin de leur propre rue et l’on voyait s’afficher des messages comme : “Je suis dans ma chambre, j’entends des coups de feu, que se passe -t-il ? La radio est coupée”.

Distribué en open-source, ce sont au final les utilisateurs de la plateforme qui en inventent les usages à chaque installation. L’humanitaire et les crises politiques on beaucoup fait pour faire connaître cet outil mais les possibilités de déploiement sont multiples et cela ne se limite pas nécessairement aux situations d’urgence. Il y a cet Ushahidi installé en Italie depuis deux ans pour suivre l’évolution des feux de forêt. À Los Angeles, un groupe de cyclistes activistes a monté un site avec Ushahidi pour répertorier les accidents impliquant des vélos, les routes à risque et ainsi essayer de rendre plus sécurisée la circulation en roue libre en Californie. Autre exemple, au Kenya, un site avec Ushahidi avait été utilisé par les parcs nationaux pour signaler les braconniers.

L’utilisation la plus originale restant pour l’instant : un mapping des incidents ou information concernant des… Zombies.

Illustrations CC FlickR whiteafrican, World Economic Forum,

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Humanitaire: les médias sociaux à la rescousse! http://owni.fr/2010/06/16/humanitaire-les-medias-sociaux-a-la-rescousse/ http://owni.fr/2010/06/16/humanitaire-les-medias-sociaux-a-la-rescousse/#comments Wed, 16 Jun 2010 13:44:30 +0000 Sacha Declomesnil http://owni.fr/?p=18959 Plus nous sommes témoins de catastrophes humanitaires et plus il devient flagrant que notre système humanitaire ne fonctionne pas. Aussi longtemps que l’humanitaire sera tributaire de la logique du prime time, il demeurera d’une efficacité douteuse.

Je prends pour exemple Haïti. Hier, 12 juin, cela faisait précisément cinq mois que la terre y avait tremblé. Avez-vous lu un papier sur la question dans les journaux du week-end ? Qui se soucie de cinq mois ? Ça n’est pas un anniversaire ça cinq mois ! Par contre je vous prédis que le mois prochain, lors des six mois, ce qui est beaucoup plus pertinent pour les médias, on en parlera (un peu). Bon, bien sur c’est la coupe du monde de foot, alors tous les regards sont tournés vers le ballon rond et vers l’Afrique du Sud, pas vers Haïti et sa reconstruction. J’imagine aussi que les douze mois, le premier anniversaire de la catastrophe on se posera la question de savoir si l’aide est parvenue à bon port et comment elle fut utilisée.

Qui fait le suivi ?

Ce qui est déplorable dans notre système humanitaire, c’est la logique de l’urgence. Des images chocs dans l’actualité soulèvent la compassion et suscitent le don. Mais qu’en est-il ensuite ? On nous dit qu’il faudra dix ans pour reconstruire Haïti. Alors oui, certes, des dons ont été fait, plus que pour le tsunami même, c’est dire. Mais qui fait le suivi ? Qui nous tiens au courant de l’état de la reconstruction sur une base régulière? Quand je lis comment ont parfois été utilisés les dons du Tsunami (c’était il y a cinq ans, on peut donc avoir un certain recul), ca ne me donne guère envie de redonner lors de la prochaine catastrophe…

Comment se fait-il qu’à l’ère des médias sociaux, mon don ne me permette pas de participer ou du moins de suivre en temps (presque) réel ce qui se passe sur place ?

Nous vivons désormais dans un monde où l’on veut savoir ce qu’il se passe, surtout qu’en tant que donateur je me retrouve participant actif de la reconstruction. Je veux savoir comment mon argent est dépensé, et par qui. J’ai besoin de témoignages. J’ai surtout besoin qu’on me prouve que mon geste a été utile. Et que je devrai poursuivre ma générosité. Il n’appartient pas aux médias d’attirer mon attention tous les six mois sur l’humanitaire. Je dois me sentir impliqué par mon ONG. Pourquoi pas plus de blogues par exemple ? Ça ne serait pas bien difficile à mettre en place. Tous les envoyés sur place sont capables de bloguer. Qui sait utiliser un traitement de texte peut bloguer, pour peu qu’on le lui demande gentiment… Pas besoin de grands moyens.

Les bonnes vieilles recettes qui marchent (ou pas)

Les logiques de notre système humanitaire datent d’il y a plus de cinquante ans. On a guère évolué depuis. Je vois de près les tactiques publicitaires de certaines ONG et fondations. On fait un blitz une ou deux fois par an dans les médias traditionnels, et on arrête, par manque de moyens certes, mais surtout parce que l’argent doit être utilisé pour agir plutôt qu’à communiquer. Bien sur communiquer (pardon on dit “sensibiliser” dans cette industrie) est important, mais combien se donnent la peine de le faire sur le long terme ? Combien d’ONG entretiennent-elles des blogues sur leurs activités. Combien donnent la parole à ceux qui sont aidés ? Bien peu en vérité. Je décèle une certaine volonté d’aller plus loin, mais souvent par manque de moyens ou de connaissances, on se contente de répéter les bonnes vieilles recettes qui marchent (ou pas), parce qu’on sait le faire.

Quand je consulte les sites de mes ONG préférées, je me retrouve trop souvent à la préhistoire du web. Et quand c’est moderne, trop souvent c’est inefficace.

Si vous avez un blogue d’ONG ou de fondation qui fonctionne, merci de me le faire savoir, je ferai un autre billet sur les bons et moins coups dans le secteur… En attendant, pour finir sur une note optimiste (on ne se refait pas), voici ce que fait le CECI pour Haïti : ce n’est pas encore un blogue mais au moins j’ai des infos régulières, et même des témoignages vidéo comme celui ci-dessous. Nous sommes dans la bonne direction.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Billet initialement publié sur La Fontaine de pierre sous le titre “Humanitaire, sortir de la logique d’urgence” ; photo CC Flickr  urmania

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The Weekly Best #11: Sélection des Aaaliens & Best-of d’Owni /-) http://owni.fr/2010/02/26/the-weeklybest-11-selection-aaaliens-bestof-owni/ http://owni.fr/2010/02/26/the-weeklybest-11-selection-aaaliens-bestof-owni/#comments Fri, 26 Feb 2010 15:47:35 +0000 Admin http://owni.fr/?p=9091 flying

Ces rdv sont trop rares et les bonnes résolutions trop rarement tenues! Ce billet est donc d’une densité exceptionnelle pour ce 11° #Weeklybest .

Nous vous proposons ici un best-of éditorialisé des articles les plus lus et et les plus partagés sur Aaaliens depuis près de deux mois, ainsi que les dix articles les plus lus sur la soucoupe ces dernières semaines. Détachez vos ceintures – bon surf /-)

#Aaaliens :

Journalisme

Bilan 2009, perspectives 2010

2009 aura consacré les réseaux sociaux comme de nouveaux médias de masse, et l’arrivée de l’Internet sur soi (et non plus seulement chez soi), tandis que les médias traditionnels restaient sur la défensive.

2010 devrait confirmer l’essor de l’information en mobilité (smart phones, tablette Apple, lecteurs ebook & encre électronique, téléphones Google….), du journalisme en temps réel avec recours à la géolocalisation et à la visualisation de données, mais aussi voir se développer de nombreuses nouvelles petites unités éditoriales. Côté médias classiques, le payant sur le web va être testé une nouvelle fois, sur fond d’alliances plus nombreuses entre anciens frères ennemis. Parions aussi qu’un vif débat autour de l’utilisation des données personnelles va enfin surgir.

Pourquoi les hebdos parient sur le Net

Le principal défi reste cependant de se distinguer dans l’univers bouillonnant des sites d’informations
Ces sites d’information, gratuits et basés sur la publicité, sont toujours sources de pertes pour leurs maisons mères. De nouveaux modèles économiques sont à l’étude, mais les hésitations se font sentir.

La presse hexagonale regarde passer l’ innovation technologique

Depuis les débuts de la numérisation massive, les industries françaises de contenus – musique, presse, édition, vidéo – regardent passer les innovations en ruminant de l’anti-américanisme primaire et en gémissant sur l’indifférence que les audiences – le peuple, en somme – osent manifester à l’égard de leur offre fade et monotone.
Elles ont contribué au torpillage du réseau français Cyclades qui, en 1978, intéressait énormément les pionniers américains d’internet (1). Elles n’ont pas vu arriver le CD audio, donc le DVD, preuves palpables que tout est numérisable. Elles n’ont pas vu arriver l’ADSL. Elles n’ont pas vu arriver le MP3. Elles n’ont rien compris à Napster. Elles n’ont pas vu arriver Google. Elles n’ont pas vu arriver Youtube. Elles ne voient pas ce qu’auraient pu leur apporter les lecteurs et tablettes électroniques…

Le futur des magazines sur iPad

“La tablette d’Apple bouleversera-t-elle le monde de l’édition ? L’attention s’est surtout tournée vers les livres et quotidiens. Mais il me semble que ce sont les magazines qui seront les plus transformés par l’interface.”

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Wired version iPad

Personne ne pense un seul instant qu’il devrait payer pour son journal

Entre vouloir faire payer l’information à l’internaute et y parvenir, il y a un pas. Il ne pourra s’agir que de revenus complémentaires. Déjà, les médias de masse ont toujours été financés en partie par la publicité et l’impôt. Et il y a incompatibilité entre l’information sur le web et le payant. Les groupes de média essayent de s”ortir d’un modèle totalement « ouvert » et hyper-compétitif, ou le « gratuit » est dominant, pour se construire des refuges, des niches, où ils pourront contrôler l’accès et le mode de paiement (modalités et montant).”

Séisme, mensonges et vidéo

Intox, mode d’emploi. D’un côté, des individus réactifs et fin connaisseurs du web. De l’autre, des journalistes pressés et mal formés à la vérification en ligne. La vidéo présentée par des médias comme celle de “l’ambassade de France à Haïti pendant le tremblement de terre”, capturée à la va-vite sur des plateformes, passe pour un cas d’école.

“L’avenir de la presse est dans les réseaux” par Jeff Jarvis / video – fr

À l’heure d’Internet, l’erreur des médias est de vouloir préserver leur ancien modèle économique, estime le blogueur Jeff Jarvis. Celui-ci préconise la mise en place d’un nouveau webjournalisme, basé sur la sélection et l’enrichissement de contenus. Un entretien majeur, en français / et qui en éclairera plus d’un sur ce que nous sommes en train de monter /-)

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“Les effroyables imposteurs” sur Arte, Hadopi, Loppsi2: la revanche des anti-Internet

“Les journalistes seraient plus inspirés de trouver leur place dans ce nouvel écosystème plutôt que de faire perdre l’argent à la télévision publique à tenter de démontrer avec des ficelles aussi grosses que des gazoducs que le web est dangereux.
Ils devraient la jouer “Journalistes+amateurs” plutôt que “journalistes contre amateurs”.
Se battre contre l’effroyable amateur en brandissant le sceau divin de sa carte de presse, ce n’est pas à l’honneur d’une profession qui, au fil du temps, a toujours sur prouver qu’elle était capable de s’adapter au bouleversement permanent du monde et des usages.”

Les Français commencent à lire leurs journaux sur l’iPhone

Comme sur Internet, l’enjeu est désormais de monétiser cette audience.

La culture populaire à l’abordage des sites d’infos français

Si la ligne éditoriale d’un site d’infos et les goûts des internautes ne coïncident pas toujours, il y a au moins une chose qui fait l’unanimité. C’est gagné quand l’article véhicule ou suscite une émotion, comme le montre cette étude sur les articles les plus envoyés du New York Times. Et cela reste valable même si l’article parle de cosmologie.

En anglais

BBC tells news staff to embrace social media or leave

BBC journalists must keep up with technological change – or leave, the director of BBC Global News Peter Horrocks says.

Demand Media May Be Bad for Social Media, but Not for Journalism

Production of SEO optimized content is not just a matter of “gaming” Google; It plays to the notion of tweaking the purpose of social media for marketing. In this, Demand is also neutral. Demand’s intention is not to trick consumers of corporate social media efforts into believing someone’s there to listen to them. Rather, Demand’s intent is driven by the social media plan of the corporation that commissions the content.

For newspapers, Demand’s edited, optimized content could be beneficial. As newspapers continue to downsize, many will not be able to afford freelancers for the supplemental publications that have been helping some newspapers to stay afloat. If a newspaper receives edited, optimized evergreen content at reasonable cost it will not need to end supplemental publications.

There is no new revenue model for journalism

There are three ways – and only three ways – that publishers can make money from their content: 1. Direct purchases, such as subscriptions, copy sales and tickets 2. Advertising 3. Donations, including direct contributions and grant funding.

Société numérique

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Le monde de la culture sombre-t-il dans la diabolisation de Google et de l’Internet?

“Tous ces éléments mis ensemble manifestent l’angoisse presque désespérée avec laquelle les acteurs de la Culture en France accueillent la révolution numérique. Son extension progressive à chacun des secteurs concernés a été vécue comme une montée progressive des périls. Elle touche aujourd’hui le dernier bastion, le coeur sacré du temple culturel : le livre et cela n’est pas sans importance pour expliquer la violence des réactions actuelles qui, de l’indifférence et du mépris semblent évoluer maintenant vers la haine.”

Les blogs “extimes” : analyse sociologique de l’interactivité des blogs

Le premier objectif de cet article est de mieux comprendre les motivations initiales des blogueurs de blogs personnels.Le second est plus fondamentalement d’expliquer la perception globalement positive qu’ont les blogueurs des réactions des internautes. Finalement, l’engouement que cette nouvelle activité suscite fait ressortir quatre types de motivations : témoigner, dévoiler sa personnalité (éventuellement créative), donner son avis, écrire. Ainsi, le succès des blogs extimes tient alors en partie à leur capacité à prendre en charge des besoins d’expression variés dans la population. Mais il tient aussi au caractère jugé « valorisant », « enrichissant » des réactions reçues par les blogueurs à la lecture de leurs billets.

Web : Les adolescents se détournent des blogs

“Aux Etats-Unis, le nombre de jeunes de 12 à 17 ans tenant un blog a été divisé par deux depuis 2006. Ils préfèrent les mises à jour de statuts sur Facebook, mais ignorent Twitter.”

Les surprises des pratiques des 8-18 ans

Jean-Michel Salaün revient sur une étude de la Kaiser Family Foundation sur les pratiques des médias des 8-18 ans aux Etats-Unis. Le temps d’exposition aux médias reste toujours élevé (4h29 en moyenne en 2009) au profit de la télé surtout. Télé pour laquelle si la pratique diminue, le visionnage différé augmente.

Les jeunes et les médias : un stagiaire du Figaro répond à Morgan Stanley

“Toute la City avait tremblé, cet été, après la publication par Morgan Stanley du rapport d’un de ses jeunes stagiaires, Matthew Robson, 15 ans et 7 mois, sur la manière dont les jeunes consomment les médias. Une de ses trouvailles édifiantes – les adolescents n’utilisent pas Twitter – avait fait douter les plus sérieux financiers de la pertinence de ce service.”

Education : Facebook doit entrer à l’école

Comment les enseignants peuvent-ils introduire les réseaux sociaux dans la salle de classe ? Pour commencer, les jeunes peuvent parler de ce qu’ils font sur Facebook et cie, présenter les façons dont ils opèrent des connexions entre eux, et partager les vidéos et les logiciels qu’ils ont créés. Une fois la conversation engagée, les enseignants identifient quels étudiants ne participent pas et doivent trouver les façons d’accroître la capacité d’implication de ces étudiants pour les mettre à niveau. Les enseignants peuvent gérer le projet en sélectionnant le contenu et les conversations les plus intéressantes et en les intégrant dans les troncs communs du curriculum. Si un étudiant a créé une entrée sur Wikipedia pour un groupe de musique ou une équipe sportive locale, d’autres pourraient travailler en équipe pour réviser sa contribution ou pour l’incorporer dans un projet plus large sur l’histoire locale.

La génération « post-micro »

La génération des digital natives n’est pas si à l’aise que cela avec l’informatique, explique Jean-Noël Lafargue, qui voit arriver des “étudiants « post-micro-informatique », relativement malhabiles face aux logiciels bureautiques ou de création, auxquels ils ont pourtant eu accès au collège.” Cette nouvelle génération, à l’image de celle que pointait du doigt l’étude sur les jeunes off-line et la fracture numérique, publiée récemment par la Fondation Travail et Technologie de Namur, a une connaissance de l’informatique limitée aux outils de pure récréation. Pour Jean-Noël Lafargue : “Les outils cessent d’être des vecteurs d’émancipation lorsqu’on n’en a aucune maîtrise.”

Facebook comme bac à sable

L’ubiquité, la toute puissance, l’unité enfin accomplie, la victoire contre les instances parentales, la liberté enfin retrouvée, le contact permanent avec les « bons » objets.. Mais Facebook est juste un bac à sable et les châteaux de sable que nous y construisons ne nous appartiennent pas. Tout ce que nous y produisons est tributaire des outils que Facebook nous donne.

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Comment les nouvelles règles de Facebook vont modifier le comportement des utilisateurs

Si vous êtes utilisateur de Facebook (et il y a toutes les chances pour que vous le soyez, comme 15 millions de Français) alors il y a deux choses que vous devez savoir :

Vous êtes propriétaire de vos données personnelles mais Facebook se réserve le droit de les utiliser à sa guise (cf. les nouvelles CGU : Facebook’s Great Betrayal). Si vous ne modifiez pas les paramètres de confidentialité, vos données personnelles sont maintenant accessibles à tous et indexées dans Google. Oui vous avez bien lu : Facebook n’est officiellement plus un réseau social fermé mais une plateforme sociale ouverte où n’importe quel internaute peut parcourir votre profil et les informations qui y sont affichées.

Vie privée : le point de vue des “petits cons”

Pour Josh Freed, célèbre éditorialiste canadien, c’est la plus importante fracture générationnelle depuis des décennies, qu’il résume ainsi : d’un côté, nous avons la “génération des parents”, de l’autre, la “génération des transparents”.

La vie privée n’est pas ce que l’on croit

Je vais encore une fois jouer les vieux cons, mais je trouve parfaitement superflue l’agitation actuelle autour de ce qui serait la fin de la vie privée.

Les médias sociaux et le décès de Lhasa de Sela

La frontière entre la sphère publique et la sphère privée est flexible et mince. Les gens qui utilisent les médias sociaux n’ont pas encore le réflexe de tenir compte du fait que si leur profil est ouvert, ça devient accessible publiquement. Même avec un petit nombre de contact dans ses réseaux, une “fuite” peut arriver très rapidement. Je constate qu’il y a le besoin fort de l’humain de s’exprimer et de partager ses émotions avec ses proches. Dans ce cas-ci, les deux statuts sur Facebook ont été fait sur la sphère publique parce que les profils étaient libres d’accès. Dans le cas de Mike Pincus, il avait un réseau de 29 amis, alors que Jules Beckman avais un réseau de 318 amis. Ainsi, l’effet viral de l’information et de la rumeur était déjà enclenché. Par la suite, l’information est passée dans l’univers de Twitter et en français. De là est apparue cette explosion de la nouvelle et la création de la rumeur qui est présentée plus haut.

Le Vatican évangélise le “continent digital”

2009 aura donc marqué un tournant dans l’histoire digitale du Vatican, mais le plus dur reste à faire : l’évangélisation du continent digital, tout comme à l’époque des missionnaires, prendra beaucoup de temps. L’Eglise en a conscience et s’engage dans une stratégie de petits pas qui ne fait pas peur à une institution séculaire. Mgr di Falco la résume en quelques mots : “Pour terminer, permettez-moi de citer un écrivain français, Jules Renard : « Quelques gouttes de rosée sur une toile d?araignée, et voilà une rivière de diamants. » Puissent les quelques gouttes de rosées que nous déposons sur l?immense toile internet la transfigurer aux yeux de tous en rivière de diamants”

Le flux – NT2

Le laboratoire NT2 vient de livrer une intéressante introduction au concept de flux, plus particulièrement dans l’art hypermédias. Mais ceux qui s’intéressent au sujet pourront y puiser bien des références, dans ce flux, concepteur fondateur de la culture web.

danah boyd : Ce qu’implique de vivre dans un monde de flux

L’article revient aussi sur la conférence de danah boyd au Web 2.0 : d’accord avec JM Salaun en commentaires qui estime qu’il y a [peut y avoir] contresens dans sa perception que “Dans le modèle de la distribution de l’attention en réseau, il y a encore une forme de distribution qui ne passe pas directement par les créateurs, mais par d’autres intermédiaires?”. Retour aussi sur son expérience de backchaneling via le mur Twitter public (twitterwall) durant sa conférence : la vidéo ne montre pas grand chose. Le lynchage en ligne par la foule sur Twitter serait baptisé “Tweckle” par Marc Parry…Hubert Guillaud appelle très justement à la mise en place d’une sorte de savoir-vivre ou faire dans ce type de rencontre “Il faut mettre en scène la rencontre entre le back et le front channel”

danah boyd : “Voyez-vous ce que je vois?”

Puisque nous réfléchissons à la société numérique que nous sommes en train de créer, je vous invite à réfléchir à la visibilité. Que pouvez-vous voir que vous ne pouviez pas voir avant ? Quelles réactions cela provoque en vous ? Et qu’allez-vous faire à ce sujet ? Il est peut être temps pour nous de nous colleter à la visibilité et de prendre un moment pour regarder. Prenez un moment pour voir. Et, plus important que tout, prenez un moment pour agir.

Secousses syntaxiques et tremblements motorisés : Google, Twitter et Haïti.

Face à la catastrophe de Haïti, retour sur les logiques en cours sur Google et sur Twitter qui renvoie à la structuration de l’information.

Ingénieries de la sérendipité

Quels sont les procédés de la sérendipité, ces découvertes que l’on fait sans s’y attendre, en se baladant sur la Toile ?

Twitter ou la société d’adoration mutuelle

“Dans cette production tous azimuts de contenus par tout un chacun est surgi un phénomène tout particulier avec des plateformes de réseautage social comme le blogue, Twitter et Facebook: la diffusion de soi pour obtenir la reconnaissance de soi. Ces outils sont de fantastiques machines de promotion de soi. Et les gens ne se gênent surtout pas pour les utiliser, et c’est très bien ainsi. C’est à qui fera le plus possible la promotion de lui-même afin de rejoindre un public de « suiveurs » et d’admirateurs. Seth Godin, quant à lui, appelle ça votre « tribu ». (…) Une fois que la tribu est constituée, se développe alors une société d’adoration mutuelle.”

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L’Internet comme miroir des exclusions

Internet une “merveilleuse” méritocratie ? Pas vraiment expliquait danah boyd au dernier Personal Democracy Forum, en montrant comment la répartition des populations américaines sur MySpace et Facebook relève de mécanismes d’exclusion sociale. Facebook s’est peuplé depuis les universités et les grandes écoles au détriment de MySpace qui rapidement été ostracisé, à la manière des quartiers de banlieue. Au final, les deux espaces s’ignorent totalement. Pour danah boyd, il est clair que l’internet est le reflet de nos sociétés, que c’est un espace public qui appartient d’abord aux classes dominantes. Etre sur un réseau social c’est indiquer à quelle population on s’intéresse et à laquelle on ne s’intéresse pas.

Soyons sérieux, jouons ! (1/5) : Prendre le jeu au sérieux

L’actuelle vogue des “jeux sérieux” doit beaucoup à la montée en puissance des ordinateurs et à la perfection des simulations. Du coup, le jeu sérieux quitte ”école pour investir d’autres domaines. L’entreprise, bien sûr, mais aussi la santé, voire l’action militante, car certains de ces jeux ont moins pour ambition d’éduquer sur un sujet que faire passer des idées : c’est ce qu’on appelle les “jeux persuasifs”.

Mais le progrès technologique ne résout toujours pas la difficulté, le paradoxe du “jeu sérieux” : une simulation n’est pas un jeu, comme nous le rappelle Second Life ! Or, la dimension ludique reste nécessaire pour permettre l’immersion : on ne s’investira pas dans la meilleure des simulations si l’on s’y ennuie à mourir.

Google Chrome : les 10 meilleures extensions pour les blogueurs

Comme son titre l’indique.

Politique

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Hadopi, Loppsi: les censeurs du Net s’organisent

Il eut été plus juste et plus rassurant, touchant au domaine des libertés numériques et de l’usage d’Internet, de commencer par garantir les droits des internautes. Ce n’est pas le parti pris par nos gouvernants…

La disparition du secrétariat d’État à l’Economie numérique est-elle programmée ?

Derrière la rumeur, un bilan intéressant, car contrasté, du passage de NKM à l’Economie numérique.

Les solutions pour contourner Hadopi de plus en plus qualitatives

Comment contourner Hadopi ? Le ReadWriteWeb liste les solutions et souligne que la mutation des usages est déjà en cours et qu’elle ne va toujours pas se faire au profit des auteurs et des artistes. Hélas.

Réseaux sociaux politiques : tout le monde veut son MyBarackObama.com

Nicolas Vanbremeersch fait le point sur la floraison des sites politiques sociaux à la veille des régionales : “Les créateurs de possibles, par son ignorance de la sociabilité, et la Coopol, par sa fermeture, ignorent que l’important est ailleurs. Il est là : sur le web non comme outil d’organisation, mais comme territoire réel, comme lieu de rencontre, de circulation des idées, de partage, de mobilisations de pair à pair, sans gros site qui nous mâche le travail.”

Economie

Deezer, ou les raisons d’un beau gâchis

“L’avenir du streaming ne passe manifestement pas par le Web 2.0 mais, au contraire, par la fourniture d’un juke-box logiciel léger, puissant et ergonomique. Apple a déjà montré la voix avec iTunes. Spotify ne fait que confirmer cette tendance de fond. Jonathan Benassaya ne pouvait pas ne pas l’avoir perçu. Mais avait-il seulement les moyens de changer de stratégie ? La réponse est non.”

Neo-experts, post-gourous et wannabe consultants digitaux

Vous aussi ?! Alors pourquoi ne pas vous renseigner sur l’expert digital ou l’agence avec qui vous allez bosser ?

* Un expert en blog ? Il est où son blog ? Il fonctionne ? Combien de commentaires par articles, combien de lecteurs estimés ? Depuis combien de temps existe-t-il ? A-t-il une véritable ligne rédactionnelle ou est-ce un blog “seo-oriented” ?
* Un expert Twitter ? Combien de followers ? 300 ? Ben dites donc, ça doit être un expert de niche ou alors il se fout de votre g*. Lisez Self-Proclaimed Social Media Gurus on Twitter Multiplying Like Rabbits.
* Un expert en e-notoriété ? Googlisez son nom et analysez les résultats. Sa e-réputation se doit être nickel. Et ça vous permet de tester la longevité du bonhomme. Quoi ? Seulement 3000 résultats ? Il a découvert le web avant-hier ou quoi ?

Devenir influent ?

L’influence s’adapte à la loi du média : d’une stratégie du message standardisé, massif et persuasif à de multiples tactiques d’alliance, réseaux, reprise, réputation, adaptées aux configurations changeantes du nouveau Web.

Sciences

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Les vertiges de la technoscience. Façonner le monde atome par atome

” Pour B. Bensaude-Vincent, la technoscience est bien plus que l’avènement d’un nouveau champ pour la connaissance, c’est un véritable changement de régime, qui nous appelle à réévaluer toutes les notions et les distinctions sur lesquelles s’est fondée la découverte scientifique. Mais on peut penser qu’une telle manière de juger de l’histoire des sciences cède trop facilement aux mirages du postmodernisme”…Transhumanisme, nanotechnologies, convergence…

> Le best-of d’Owni (via PostRank) :

> Le dernier Best-Of publié sur la soucoupe

> Tous les (trops rares ;) ) WeeklyBest

> Les Top d’Aaaliens (fonctionne sur n’importe quel mot-clef)

> Le prochain WeryBest intégrera la sélection de la rédaction /-)

> Vous souhaitez partager un lien ? n’hésitez pas à le faire ici en commentaire !

Pour les fans : une page de photos volées qui sera actualisée en temps-réel, photos d’un chantier de design auquel nous vous inviterons ; celui de la V2 d’Owni !

Crédits Images (dans l’ordre d’apparition)

[image CC Fesoj]

[image CC topgold]

[image CC laurenlemon]

[image CC Balakov]

[image CC Brajeshwar]

[image Copyright Geoffrey Dorne sur jaffiche.fr]

[image CC Belgapixel's]

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Haïti : Ce qui s’est passé après la réplique http://owni.fr/2010/01/21/haiti-ce-qui-sest-passe-apres-la-replique/ http://owni.fr/2010/01/21/haiti-ce-qui-sest-passe-apres-la-replique/#comments Thu, 21 Jan 2010 15:41:31 +0000 Claire Ulrich http://owni.fr/?p=7173 Tôt ce matin mercredi 20 janvier, à environ 6h du matin heure locale, une forte réplique (évaluée à 6.1 degrés de magnitude) a à nouveau terrifié les habitants du sud de Haïti, avec un épicentre situé près de la ville de Petit-Goâve, à l’ouest de Port-au-Prince. Il s’agissait de la plus forte d’une série de répliques qui ont suivi  le  tremblement de terre du 12 Janvier qui a dévasté la capitale et les zones environnantes   (beaucoup de  Haïtiens dont la maison est toujours debout mais fissurée dorment à l’extérieur par précaution.)

Les réactions ont presque immédiatement surgi en ligne, à commencer sur Twitter. Forte réplique ! Merde !” a écrit @carelpedre (le journaliste de radio Carel Pedre) depuis Port-au-Prince. Réplique majeure, juste en ce moment  …ça m’a l’air d’une force cinq ,” a écrit  @troylivesay (le travailleur humanitaire Troy Livesay), presque simultanément. Je suppose qu’on a pas besoin de réveil quand la terre tremble et vous réveille comme si vous êtiez en retard pour un rendez-vous urgent ” a commenté @olidups (Olivier Dupoux). La réplique a aussi été signalée par @bibinetallez (Fabiola Coupet) à Petionville et @yatalley (le blogueur Yael Talleyrand) à Jacmel.

@RAMhaiti (musicien et propriétaire d’hôtel  Richard Morse) a été plus prolixe :

Encore un !! Bonjour. Hier soir je me suis couché en me demandant pourquoi je dormais toujours dehors. Ce matin, j’ai compris pourquoi.

Oui, il y a eu un autre tremblement de terre. Pas aussi long, pas aussi fort. C’était comme quand votre mère vous secoue le matin pour vous sortir du lit

Les gens hurlaient aux alentours…J’ai entendu ce qui semblait être une construction s’écrouler

Les photographes sont sortis en ville pour prendre des photos de ce qui s’était passé…Ils ont tous commencé à dormir à l’intérieur je sais pas pourquoi

Plus tard dans la matinée, des nouvelles des nouveaux dégâts ont été publiées. @troylivesay : Encore des maisons et des immeubles écroulés à cause de la réplique de  ce matin. Encore plus de monde à la rue à nouveau ce matin ” @RAMhaiti a ajouté: Un ami journaliste est allé dans la zone Carrefour Feuille après la réplique de ce matin. Dit que ce k je croyais être un immeuble qui s’écroule était plusieurs petits ”.

On a dit aussi que l’accès a internet était devenu impossible, mais on ne sait si cela a été provoqué par la réplique. @troylivesay a juste remarqué “plus d’internet”, et @JoyInHope (association caritative à Jacmel) : “Pas d’accès via AccessHaiti  à #Jacmel mais nous avons accès à iChat par satellite. L’information va être lente et rare aujourd’hui.”

Les blogueurs sur place à Haïti décrivent aussi la réplique et son effet sur les nerfs des habitants. Ellen in Haiti, une Canadienne qui travaille pour une organisation caritative dans le village de Fond des Blancs, a écrit :

Il est 6:15 et tout le monde est dehors dans la cour. Nous venons de subir une très forte réplique qui a duré environ 10 secondes. Comme d’habitude, nos pensées vont droit à Port-au-Pince où tout est si instable.

J’étais assise à la table de la cuisine en train d’écrire des e-mails et j’ai senti quand ça a commencé, je m’attendais à une autre petite réplique. Ça a grandi en intensité, ça ne s’arrêtait pas, alors j’ai crié pour appeler Nancy et nous avons couru dehors.

Les gens avaient juste commencé à respirer hier, ils travaillaient à l’intérieur des maisons ils dormaient dedans. Maintenant, ils vont de nouveau rester dehors.

BuxmanHaiti, qui elle aussi travaille pour une association caritative à Port-au-Prince, exprime une angoisse certainement partagée par beaucoup:

Je suis si fatiguée. J’ai si peur que ce deuxième séisme ait provoqué d’autres dégâts et d’autres morts. Je suis sure que la clinique va être débordée aujourd’hui…Ce matin durant le tremblement de terre j’ai sauté du lit en j’ai couru en hurlant “sortez, sortez” comme si les gens ne savaient pas qu’il fallait faire ça!

Sur le blog The Livesay [Haiti] Weblog, Troy Livesay commente:

C’est la réplique la plus forte qu’on a eu. J’ai regardé sur le Net et j’ai vu qu’ils disaient que c’était une  6.1. Je ne peux même pas décrire à quel point tout le monde est terrorisé…Ces répliques ramènent tout à la surface. Je suppose que de nombreuses constructions qui tenaient par un fil sont par terre maintenant. La réplique a duré environ 15 secondes. Le premier tremblement de terre avait duré largement 45 secondes. Chaque fois que quelqu’un ouvre le portail d’entrée (il fait beaucoup de bruit) on saute sur nos pieds pour sortir de la maison.

Mais peu après, il annonçait une nouvelle tentative pour amener les blessés à la clinique que son association gère. Pour beaucoup de personnes à Haïti, le nouveau choc de la réplique de  ce matin a déjà été surmontée par l’instinct de survie et de surmonter la catastrophe de la semaine dernière.

Le dossier spécial sur Haïti de Global Voices est ici.

» Article initialement publié sur Global Voices

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Google, Twitter et Haïti http://owni.fr/2010/01/20/google-twitter-et-haiti/ http://owni.fr/2010/01/20/google-twitter-et-haiti/#comments Wed, 20 Jan 2010 13:08:54 +0000 Olivier Ertzscheid http://owni.fr/?p=7135 Titre original :

Secousses syntaxiques et tremblements motorisés : Google, Twitter et Haïti.

Dans le domaine de la communication de crise, on peut aisément distinguer deux catégories d’analyses : lorsqu’il s’agit d’une entreprise – devant faire face ou mettre en place une communication de crise – la littérature sur le sujet pointe surtout les “dangers” des nouveaux médias en terme de vitesse de propagation des rumeurs et l’importance – pour l’entreprise – de réagir en temps réel, et en utilisant les mêmes canaux d’information/désinformation, soit les sites de micro-blogging, de réseaux sociaux, etc …

Lorsqu’il s’agit en revanche de communication de crise dans un contexte humanitaire, et tout particulièrement depuis l’avènement de Twitter, le traitement de ces nouveaux outils de communication en temps réel est largement salué et plébiscité, quand il ne vire pas franchement au panégyrique.

De fait, l’instantanéité de la transmission, la faculté de tisser des réseaux transcontinentaux temporaires mais exceptionnellement denses, la capacité d’entonnoir financier de ces services capables de drainer des fonds plus naturellement que ne le ferait n’importe quelle ONG, de fait cet ensemble de propriétés des sites communautaires contributifs ou simplement participatifs est une opportunité remarquable dans un contexte de catastrophe naturelle.

Le drame qui touche Haïti nous en offre quelques exemples.

CHAPITRE PREMIER : TREMBLEMENTS MOTORISÉS

Google et Haïti : tremblements motorisés. Le premier exemple est celui de la société Google qui met en place un site dédié : http://www.google.com/intl/fr/relief/haitiearthquake/, site dédié accessible grâce à un lien présent sur la page d’accueil du moteur, dont la légendaire sobriété n’est que très exceptionnellement dérangée. Les stratégies d’aide de Google se déclinent en trois points :

  • l’aide aux dons : grâce à la mise en place d’un paiement simple et direct à destination de deux ONG, paiement utilisant la solution Google Checkout. Naturellement c’est également l’occasion pour Google d’élargir son portefeuille de clients “Google Checkout” (lequel service nécessite authentification préalable), mais difficile en l’occurence de le lui reprocher …
  • la cartographie dynamique : les cartes de Google Earth ont été mises à jour dès après le séisme, et se déclinent avec la possibilité d’un mode d’affichage “avant / après” qui fait frissonner et permet de toucher du doigt la “réalité” du bouleversement résultant du séisme.

Et puis il y a le widget “Person Finder”, aisément téléportable sur n’importe quel site, et qui permet de nourrir en temps réel une base de donnée publique des personnes disparues ou recherchées. Un Widget qui fonctionne avec deux entrées : “I’m looking for someone” ou “I have information about someone”.

L’offre est là. Demande. Au-delà des offres de téléphonie gratuites pour Haïti, proposées par Google Voice comme par un très grand nombre d’autres opérateurs (SFR, mais aussi les autres), au-delà des dons pas SMS proposés là encore par la quasi-unanimité des opérateurs télécom en partenariat avec nombre d’associations caritatives, au-delà des donations des entreprises elles-mêmes (Google donnera 1 million de dollars), c’est la mise en place de ce widget “Person Finder” qui me semble peut-être la plus “signifiante”, la plus caractéristique.

Du panoptique au pancatalogue. En pareil cas de mobilisation planétaire, qu’elle soit liée à des actes de terrorisme ou à des catastrophes naturelles, les médias (anciens ou modernes) se sont fait une spécialité de l’organisation de panoptiques 24h/24h, panoptiques dans lesquels défilent – parfois jusqu’à la nausée – les mêmes images, les mêmes vidéos amateur, les mêmes montages. Les “nouveaux” médias, dont Google, ne sont naturellement pas exempts de cet habitus. Mais là où les médias “traditionnels” n’ont, pour sortir de leur propre panoptique, que les ressources de l’infographie et du commentaire journalistique (ressources rapidement épuisées), Google (et d’autres, mais Google surtout …) a la possibilité de cartographier en temps réel, a la possibilité de construire ce pan-catalogue des victimes, si nécessaire même s’il ne concerne “que” ceux qui sont “étrangers” à la territorialité de ce séisme et le regardent de loin en y cherchant un proche, un ami, un membre de leur famille.

Clair-obscur technologique. Clair obscur ou plus exactement mise en abyme. D’un côté la coupure télécommunicationnelle. Plus rien ne fonctionne à Haïti. Ni internet, ni téléphone, ni radio, ni télévision. Le black-out. De l’autre, la surenchère télécommunicationnelle : SMS qui explosent (pour la bonne cause …), espaces de téléphonie “vers haïti” bradés et offerts (pour la bonne cause encore), mobilisation technologique exceptionnelle de l’ensemble des acteurs et industries technologiques. Là-bas soudain plus de télévision. Mais là-bas, presque tout de suite toutes les télévisions d’ici. La technologie, l’industrie médiatique au secours d’elle-même. Ou peut-être aussi au chevet d’elle-même.

De la réponse à l’échelle à la réponse à la carte. En pareil cas de catastrophe, seul des états avaient capacité à fournir des réponses “à l’échelle”. A l’échelle par la mobilisation des moyens humains (civils et militaires) et financiers directement mobilisables. Cette proportionnalité reste naturellement valable à la différence près qu’aujourd’hui et notamment grâce à l’un de leurs principaux hérauts (les moteurs de recherche), à la différence près qu’aujourd’hui les industries lourdes de la technologie (télécommunications au sens large) ont elles aussi la capacité de fournir une réponse à l’échelle. Mais – et la nuance me semble de taille – elles peuvent surtout fournir une réponse “à la carte”. A l’évocation de la difficulté des secours pour localiser les victimes, sous les décombres ou bien dans l’état de chaos qui suivit la catastrophe, on songe naturellement aux immenses potentialités de la géolocalisation systématisée. Et l’on s’efforce tout aussitôt de penser à l’immensité de ses dangers au regard des libertés publiques.

CHAPITRE SECOND : SECOUSSES SYNTAXIQUES.

Twitter et Haïti : secousses syntaxiques. Vétéran du cataclysme participatif, le site Twitter n’est naturellement pas en reste pour ce qui est de la situation en Haïti, même si les médias traditionnels semblent – je dis bien “semblent”, je n’ai toujours pas la télé – semblent donc y faire moins systématiquement référence (en même temps c’est vrai que CNN est sur place et … twitte en direct). J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer assez longuement sur l’intérêt et les spécificités de Twitter, dont l’une des clé de voûte est sa cohorte de Hashtags et la syntaxe afférente. Car en pareille situation de crise, on touche du doigt la double limite imposée à la fois par la briéveté des messages (140 caractères max.) et le caractère profondément hétérogène (et hétérarchique …) desdits hashtags. Si l’on veut pouvoir aller “ensemble” à l’essentiel, c’est à dire en l’occurrence porter assistance de manière coordonnée, est-il possible de se reposer entièrement sur une hypothétique sagesse des foules concernant la mise en oeuvre de Hashtags dédiés ? Certains semblent penser que non. D’où l’initiative du projet EPIC (derrière lequel on trouve deux universités et la NSF), de lancer et de propager une syntaxe spécifique à la catastrophe en Haïti. Cette syntaxe comporte trois catégories de tags :

  • “primaires” : #need #offering or #have #imok <reporting I AM OKAY> #ruok <asking ARE YOU OKAY?>
    ces deux derniers étant respectivement traduits en français par #chuiok et #teok
  • “secondaires” : #food #water #fuel #medical of #med #volunteers… can shorten to #vols
  • “de données” : #name [name] #loc [location] #num [amount or capacity] #contact [email, phone, link, other] #photo [link to photo] #source [source of info]

Signalons enfin qu’un Wiki permet d’enrichir la base de (hash)tags.

Ou comment le fait de tenter de porter secours de manière coordonnée repose la question fondamentale de l’indexation libre ou contrôlée (coordonnée). Sans pousser trop avant la métaphore on remarquera cependant que face à des logiques d’effondrement, l’indexation se réaffirme comme marqueur, comme signal, à la fois comme vestige et comme balise topologique.

Facebook et Haïti : Un grand absent ?

Après Google et Twitter, sites différemment emblématiques, après Wikipédia (dont la page dédiée s’enrichit considérablement sur le modèle établi du palimpseste), le grand absent du paysage reste Facebook dont la page d’accueil reste désespérement sans signe de solidarité apparente. De fait, et mis à part quelques publicités sponsorisées, très peu de signes de mobilisation apparente. Faut-il y voir l’illustration du modèle “fermé” que véhicule Facebook, diamétralement opposé aux logiques ouvertes de Twitter, Wikipédia ou – dans une moindre mesure – Google ?

A lire aussi sur le même sujet :

» Article initialement publié sur Affordance

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http://owni.fr/2010/01/20/google-twitter-et-haiti/feed/ 3
Haïti: l’humanitaire et les médias sociaux http://owni.fr/2010/01/19/haiti-l%e2%80%99humanitaire-et-les-medias-sociaux/ http://owni.fr/2010/01/19/haiti-l%e2%80%99humanitaire-et-les-medias-sociaux/#comments Tue, 19 Jan 2010 09:12:26 +0000 Eric Scherer http://owni.fr/?p=7088 Comme le dit RWW, le tremblement de terre de Port au Prince a fait passer l’humanitaire au numérique !

Exemples :

Véritable QG d’informations sur la catastrophe, le site collaboratif Ushahidi, d’origine africaine, propose une page spéciale agrégeant de multiples fonctions (infos, aides, incidents, dons, cartes géographiques, zones de soins, flux de population…) alimentée par le web et les téléphones mobiles en plusieurs langues. Il travaille avec l’ONU et de nombreuses autres organisations humanitaires et technologiques. Ushahidi explique ici comment il s’organise.

La page Global Disaster Relief sur Facebook avait dimanche près de 100.000 fans, celle sur le seisme, Hearth Quake Haiti plus de 230.000 membres et celle del’aide plus de 108.000.

Google a mis à la disposition son service Geoye d’images satellites, une page pour venir en aide aux victimes, et une autre pour retrouver des gens.

Global Voices agrège aussi des flux d’informations (textes, tweets, photos, témoignages…) en plusieurs langues.

Le site Dipity propose une frise chronologique des informations (y compris des videos) et Wikipedia tente de rester informée des dernières évolutions en offrant une multitude de liens.

Les ONG utilisent d’ailleurs désormais très rapidement les réseaux sociaux comme ici Oxfam avec Youtube, ou l’Unicef avec Twitterl’UNDP avec Flickr, ou la Croix Rouge. Apple a également mis à la disposition son service itunes.

Les médias classiques ne sont pas en reste :

Comme le montre Hitwise, les sites des médias traditionnels ont notamment été à l’origine d’un trafic considérable vers les sites de dons pour les victimes.

Des journaux ou des télés ont créé des listes de flux Twitter sur la catastrophe, comme le Los Angeles TimesNPR, le NYTimes ou CNN, qui a recensé près de 70 flux, et qui propose une page web spéciale, comme le Miami Herald.

Comme souvent, l’équipe d’infographies animées et interactives du New York Times a réalisé des documents de qualité : l’étendue des dégats, une carte avant et après le seïsme, un diaporama.

Le site Big Picture du Boston Globe donne en très haute résolution les photos des grandes agences de presse et des reporters du groupe NYTimes.Le LA Times a produit une application flash expliquant les tremblements de terre.

Preneur d’autres exemples si vous en avez, y compris en Europe.

» Article initialement publié sur AFP Mediawatch

» Illustration issue de l’album Flickr de l’ONU consacré à la catastrophe

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