OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 LOPPSI : Bilan d’observations citoyennes d’un débat parlementaire http://owni.fr/2010/02/23/loppsi-bilan-d%e2%80%99observations-citoyennes-d%e2%80%99un-debat-parlementaire/ http://owni.fr/2010/02/23/loppsi-bilan-d%e2%80%99observations-citoyennes-d%e2%80%99un-debat-parlementaire/#comments Tue, 23 Feb 2010 11:13:47 +0000 Regards Citoyens http://owni.fr/?p=8833

« Utiliser Twitter sans accès à Internet et munis seulement de papier et de crayons » Voilà le défi que nous ont lancé les services de l’Assemblée en refusant l’accès aux tribunes presse à notre partenariat avec le site d’informations LePost.fr.

La richesse du projet de loi LOPPSI nous semblait une bonne occasion d’informer via Twitter sur le déroulement d’un débat parlementaire. Mais comment nous organiser alors que, sans accréditation, nous ne pouvions avoir sur nous ni téléphone, ni ordinateur ?

La solution que nous avons trouvée : avoir de bonnes jambes !

Nous avons donc assisté aux 26 heures de débats depuis les tribunes du public, comme le font de nombreux citoyens chaque jour. Dès qu’une information retenait notre attention, nous rédigions un message sur du papier. Tous les quarts d’heure, alors que l’un d’entre nous restait en tribunes pour ne rien rater du débat, l’autre en sortait avec ses notes et dévalait les escaliers jusqu’aux vestiaires. Il y récupérait notre mini-ordinateur et le branchait à Internet via une clé 3G. Après une rapide recherche de liens, il postait sur Twitter les 3 ou 4 messages préparés depuis les tribunes. Aussitôt les messages envoyés et les outils consignés aux vestiaires, il pouvait remonter quatre à quatre les escaliers pour retourner en tribune.

Au bout de quelques heures de débats, nous nous sommes aperçus que nous n’étions pas seuls à publier sur Internet en direct de l’Assemblée. Un journaliste informait pour LeMonde.fr depuis la tribune presse au dessus de nous.

Présents sur place ou suivant les débats via le flux vidéo, des journalistes proposaient donc eux aussi des compte-rendus. Alors que nous nous concentrions sur le déroulement des débats, eux s’intéressaient avant tout au contenu des prises de paroles. Leur travail venait donc parfaitement complémenter nos gazouillis : nous rapportions régulièrement sur l’équilibre des groupes présents, sur la répartition des votes, sur le contenu des échanges de fond ou de forme formulés hors micro, sur les discussions entre le gouvernement et différents députés lors des suspensions de séance, ou même sur des évènements plus anectodiques (lapsus, blagues ou rires) permettant de partager l’ambiance de l’hémicycle. On retrouve ainsi pêle-mêle :

» le discours du ministre commençant devant une majorité de députés… de l’opposition, l’équilibre des forces politiques se retrouvant par la suite pour les débats sur le fond du texte ;

»le public se retrouvant par moments plus nombreux en tribune que les députés en contrebas ;

»les bancs qui se remplissent pour le vote en « scrutin public » ;

» le soutien apporté par des députés de la majorité aux amendements et votes de l’opposition sur les articles relatifs à Internet ;

» le passage momentané de certains députés pour les débats sur des sujets spécifiques dont ils sont spécialistes comme Etienne Pinte avec les sans-papiers ;

» le consensus trouvé parfois par l’ensemble des députés pour des votes à l’unanimité ;

» les réunions informelles entre le ministre, le rapporteur et des députés de tous les groupes pendant les supensions ou après les séances, entraînant parfois des résultats concrets ;

» les échanges hors-micro formulés d’un bout à l’autre de l’hémicycle entre les députés, parfois suite à des lapsus ou des blagues provoquant l’hilarité générale ;

» les accélérations menées en fin de débat par la présidente Vautrin en l’absence de députés censés défendre leurs amendements ;

» les légers écarts au règlement qui ont interpellé certains députés sans les formaliser plus avant ;

» ou encore les députés se servant de leur nouvelle connexion Internet pour consulter NosDéputés.fr depuis leur fauteuil de l’hémicycle ! ;-)

Nath, présente en séance, fait des croquis des débats LOPP... on Twitpic
Le rapporteur de la LOPPSI, Eric Ciotti par une spectatrice Nath

Mais cette complémentarité n’a duré qu’un temps : pour des raisons d’organisation et de budget, aucun journaliste accrédité n’a pu assister à l’intégralité des 25h30 de débats, du mardi après-midi au jeudi passé minuit.

Équipés d’ordinateurs en tribune presse, notre travail aurait certainement gagné en qualité. Dommage donc que l’Assemblée nationale n’ait pas ouvert ses portes à notre partenariat avec un journal en ligne alors que son règlement l’autorisait. La coproduction citoyens/journalistes semble bien être l’une des seules façons de couvrir exhaustivement des débats parlementaires aussi riches.

Il existe pourtant une vraie demande citoyenne de mieux connaître le fonctionnement de l’Assemblée : toute la semaine, nous avons croisé dans les tribunes de nombreux citoyens venus assister aux discussions.

Munis de papier et de crayons, beaucoup ont pris des notes, d’autres réalisaient des croquis que nous avons diffusés, et certains ont bien voulu nous faire part de leurs impressions au travers de petites interviews vidéo.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Autre exemple de l’intérêt citoyen pour les débats, les réactions suscitées par nos comptes-rendus sur Twitter : beaucoup s’étonnaient de ne compter que peu de députés, tout particulièrement lors de la discussion générale. Nous avons choisi d’expliquer que les débats se déroulent en plusieurs étapes : certaines ne donnant lieu à aucun vote, il est compréhensible que les députés choisissent de se consacrer à d’autres tâches législatives ou de contrôle parlementaire. De même, quelque soit le nombre de députés en hémicycle, nos lecteurs ont pu remarquer que l’équilibre politique gauche-droite reflétait généralement celui de la chambre. En relatant ces différentes phases du processus législatif, notamment en introduction de nos pages de compte-rendus, nous espérons faire mieux comprendre certains aspects du fonctionnement parlementaire, et ce malgré les barrières qui nous sont mises par les services de l’Assemblée.

Vous pouvez donc retrouver nos « twitt-rendus de séance » agrémentés de croquis, vidéos et explications sur les enjeux pour chaque journée de débats :

Motions de rejet et discussion générale : Mardi 09/02/10
Suite de la discussion générale et Article 1 : Mercredi 10/02/10
Articles 2 à 46 : Jeudi 11/02/10
Vote Solennel : Mardi 16/02/10

Vous pouvez retrouver et commenter par ailleurs l’ensemble des débats du dossier LOPPSI sur NosDéputés.fr avec des statistiques sur la participation et les temps de parole, et les revoir en vidéo sur le site de l’Assemblée nationale. Le texte débattu et les amendements adoptés et rejetés sont également consultables sur NosDéputés.fr.

» Article initialement publié sur Regards Citoyens

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Europe 1 essaie le « comment it live » (#E1Fillon) http://owni.fr/2010/02/03/europe-1-essaie-le-%c2%ab-comment-it-live-%c2%bb-e1fillon/ http://owni.fr/2010/02/03/europe-1-essaie-le-%c2%ab-comment-it-live-%c2%bb-e1fillon/#comments Wed, 03 Feb 2010 15:08:58 +0000 [Enikao] http://owni.fr/?p=7631 Titre original :

Europe 1 essaie le « comment it live » d’interview matinale sur Twitter (#E1Fillon)

Europe 1 a testé ce matin, sur son site web refait à neuf, une expérience de live-twitting de l’interview du Premier Ministre François Fillon. Une vingtaine de « personnalités » (personnalités politiques, journalistes et blogueurs) pouvaient commenter en direct l’entretien, les gazouillis étant directement intégrés dans une rivière de flux sur le site d’Europe 1. Patrice Thomas m’avait proposé de participer, au sens de faire partie de cette sorte de panel. Ce genre d’opération permet de tester la nouvelle plateforme d’Europe1.fr, sans doute, mais aussi d’expérimenter de nouveaux formats hybrides, ce qui est plus intéressant et justifie que j’accepte, comme Vinvin.

Il semble que la technique ou un oubli m’ait fait passer à la trappe. Regardons tout de même de près ce que cela a pu donner.

En amont, certains se sont mis une sorte de pression, qu’il s’agisse de la qualité pour laquelle Europe 1 les avait choisi (comme Thomas Bronnec de l’Express.fr) ou de ne pas passer pour un intrus au milieu des autres participants (comme Vinvin). Il était plutôt drôle de voir les participants, qui ne se parlent pas plus que cela d’habitude dans la volière, s’apostropher ou s’échauffer. Sans doute pour se mettre en condition, un peu comme avant d’être… en plateau.

Plusieurs critiques sur Twitter ont fleuri quant à #E1Fillon, Donjipez y verra sans doute un nouvel avatar de ce qu’il appelle, sans doute pas complètement à tort, une forme de médiacratie. Voire un moyen d’attirer à soi ceux qui ont déjà une audience sur Twitter. D’accord. Accordons aussi sur le coup-là à Europe 1 le mérite d’essayer quelque chose, quitte à faire mieux ou différent la prochaine fois. Reprendre l’ensemble des gazouillis utilisant le hashtag dédié (#E1Fillon) plutôt que faire une préselection (toujours contestable) semblerait être plus ouvert, mais très honnêtement il devient difficile de suivre un événement à partir d’un simple hashtag (Laurent a testé), et surtout le taux de pollution (pas les plaisanteries, il en faut sans doute aussi, mais le volume de messages inutiles ou retwitts) gène la lecture.

L’idée est plutôt bonne à l’origine : Europe1.fr est un site web, il semble assez naturel d’intégrer les réactions des utilisateurs de Twitter. Mais cela n’a pas suffit et il semble que plusieurs participants même aient été déçus.

Les ratés :

  • L’interaction Twitter / interview ne s’est pas faite : Marc-Olivier Fogiel s’est contenté d’une courte mention (une phrase insignifiante de Jean-Paul Huchon, sur laquelle personne n’a rebondi) sans que cela ajoute quoi que ce soit à l’intérêt de l’exercice.
  • Jean-Pierre Elkabbach n’a pas l’air vraiment au fait de ce qu’est Twitter quand il parle de logiciel, mais à la rigueur ce n’est pas bien grave, son rôle n’est pas là et ce type d’opération peut nécessiter un partage des tâches. Il est dommage qu’il ait mené seul l’entretien.
  • Manifestement François Fillon, qui s’était fait représenter comme geek dans SVM, (technophile, sans doute, mais geek…), avait peur… des réactions en ligne et en direct (un exemple de off Twitter / ondes de Patrice Thomas). Ce qui n’a pas manqué de provoquer quelques déceptions.
  • Passons sur les soucis de touche CAPS LOCK coincés de Corinne Lepage et les messages très formatés (forme et fond) de Dominique Paillé, porte-parole de l’UMP, qui trolle puis semble regretter. Ce gazouillis a été effacé, si c’est uniquement une question d’orthographe c’est dommage car ce n’est pas le plus grave.

Ce qui serait (peut-être) plus pertinent :

Intégrer vraiment ce « panel » dans l’interview, par exemple garder deux ou trois questions ou demander à François Fillon de commenter les remarques, durant les cinq dernières minutes. Plusieurs émissions fonctionnent sur ce principe de questions extérieures (SMS, e-mail, rajouter donc Twitter), par exemple C cans l’air sur France 5, le format semble fonctionner.

Séparer web et radio ? Le tempo de l’un et de l’autre ne sont sans doute pas compatibles. La radio demande de faire court, de l’emphase, des effets de manche oraux. Le web est différent, il n’a pas les mêmes contraintes, il permet aussi de lisser les périphrases ou les phrases entières qui ne servent qu’à meubler le temps que l’on trouve quelque chose à dire quand on est pris au dépourvu ou que l’on ne souhaite pas répondre.

Il est difficile de savoir ce qui motive cet exercice.

Renouveler l’exercice compassé de l’interview matinale bien cadrée ? Sans doute. Ouvrir la parole à d’autres formes , l’autre exemple récent sur TF1, Paroles de Français, serait un signe de cette envie.Etrange, il existe déjà plein de chroniques qui font un peu la passerelle, apportant au grand public bruits, rumeurs et réactions de ce qui se dit et se passe en ligne, même chez Europe 1 avec C’est pas très net. Guy Birenbaum faisait d’ailleurs partie du panel, fidèle au style qu’il souhaite donner à sa chronique, il a navigué entre #LOL et verbatims.

Surfer sur le capital sympathie, haine et buzz de Twitter ? Peut-être bien aussi, l’expérience Huis Clos sur le Net procède peut-être de cet esprit là également.

L’envie d’essayer autre chose, de faire éventuellement émerger d’autres voix qui sont régulières mais ailleurs ? Le simple fait que Marc-Olivier Fogiel ne cite que Jean-Paul Huchon montre que ce n’est pas encore le cas. Quand on cherche un expert ou une personnalité pour commenter, les médias classiques ont encore recours aux vieux réflexes des « bons clients » et des têtes bien identifiées au détriment d’autres participants.

Quel autre média s’essaiera au mélange avec Twitter ? La télévision n’a pas encore cédé à la tentation de l’expérience, mais il me semble que c’est typiquement l’endroit, plus encore que la radio qui est elle aussi chaude mais sans besoin frénétique de l’image, qui ne s’y prêterait pas. A suivre.

Pour rire un peu : aucun des participants n’a contacté Magpie pour faire de la publicité sur Twitter, et argumenté pour obtenir une revalorisation des gazouillis sponsorisés relayés sur un site très visité. Même si l’idée de monétiser cette opération est bel et bien venue à l’idée de certains.

Pour aller plus loin :

Pour se rappeler :

Dans un genre différent, l’Express avait essayé un débat sur Twitter entre Nathalie Kosciusko-Morizet, Benoît Hamon et Alain Lambert. Cela n’avait pas été très concluant non plus, pour des raisons différentes.

» Article initialement publié sur Enikao

» Illustration de Une par jmilles sur Flickr

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