OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 VENDREDI C’EST GRAPHISM S02E42 http://owni.fr/2011/11/18/special-fascination-vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e42/ http://owni.fr/2011/11/18/special-fascination-vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e42/#comments Fri, 18 Nov 2011 07:30:12 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=87219

Hello à toutes et à tous !

Cette semaine, je suis en direct du grand froid (à Stockholm), et je vous ai rédigé un numéro spécial de “Vendredi c’est Graphism”, spécial “FASCINATION”. Drôle d’idée que celle-ci, je vous l’accorde. Et bien sachez que plus j’apprends, plus je surfe, plus je découvre, plus je vous raconte chaque semaine l’actualité du graphisme et plus certaines choses me fascinent ! Le graphisme, le design, les arts visuels sont donc souvent synonymes de magie, d’émerveillement, de passion, comme les projets que je vais vous présenter aujourd’hui. Au programme de la semaine, je vous invite à être fasciné par du papier qui prend vie à la lumière du jour, par un illustrateur qui manipule la lumière, par notre belle planète, par l’affiche pour le festival de Magie de Québec, par de la typo et par un WTF daté du 11/11/11 !

Bon vendredi et… bon Graphism !

Geoffrey

Allez, zou, on commence la semaine avec un projet assez fabuleux réalisé par des chercheurs de la “North Carolina State University”. Ils ont développé un moyen simple de convertir des formes plânes en… formes en 3 dimensions, et en utilisant seulement la lumière ! Imaginez donc un cube ou une pyramide applatie, balancez-y de la lumière et la forme se construira sous vos yeux. Vous vous en doutez, ça ne fonctionne pas avec de la magie, mais c’est tout simplement un procédé chimique. À noter également, que vous pouvez passer cette “feuille” dans une imprimante normale, et déterminer ainsi chaque pli vous-même. Par exemple, un simple trait noir d’une certaine épaisseur pliera la feuille à 90 degrés, un autre trait plus épais à 120 degrés, etc. Plus le trait est épais, plus la feuille se pliera.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Depuis quelques moins maintenant, Tang Yau Hoong publie ses derniers travaux dans lesquels il joue sur l’imaginaire, la fascination de la lumière, son détournement. Cet artiste et illustrateur de Kuala Lumpur en Malaisie nous fait réfléchir au travers de ses images et nous plonge dans son propre univers, simple, décomplexé du rapport au réel.

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Présentée il y a quelques jours, cette vidéo fascinante réalisée par Ron Garan et Satoshi Furukawa, est composée de photos de la Terre, prises à partir de la Station Spatiale Internationale. Située à 386 kilomètres au-dessus de notre tête, on y découvre des aurores boréales, des phénomènes météorologiques assez incroyables, bref, un moment qui nous rappelle que nous sommes quand même pas grand chose… :-)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Allez, on continue notre revue de la semaine avec une excellente idée d’affiche pour le célèbre Festival de magie du Québec ! Réalisée par l’agence Lg2 au Canada (Luc Du Sault, Vincent Bernard, Sandie Lafleur, Ève Boucher et Julie Pichette). Le concept est extrêmment bien pensé : prenez une affiche, mettez-lui un chapeau de magicien à l’envers, disposez quelques graînes à l’intérieur et… le tour est joué ! Je vous laisse découvrir le résultat qui fait tout de même s’arrêter bon nombre de passants dans la rue.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Ah la typographie ! Je vous en parle presque toutes les semaines depuis plus d’un an, mais sans cesse il y a des choses toujours plus fascinantes comme ce moment que l’on va passer en compagnie de Luca Barcellona. Ce jeune monsieur de 32 ans a son propre studio à Milan où il travaille comme graphiste freelance et calligraphe. Les lettres sont l’ingrédient principal de ses créations. Il enseigne la calligraphie avec l’Associazione Italiana Calligrafica et organise des ateliers dans plusieurs villes européennes. Il travaille également pour de grands noms de la mode ou du design. Un petit aperçu, assez incroyable de son talent, de son savoir-faire.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Et on conclue sur un WTF assez étrange ! La semaine dernière, nous avons tous attendu avec un peu d’impatience le fameux 11 Novembre 2011, à 11h11 et 11 secondes… ! Drôle d’idée mais tous ces “1″ alignés provoquent l’émoi, d’autant plus que c’est tout de même assez rare. Daniel Koren s’est mis en tête (c’est le cas de le dire) de réaliser une courte vidéo musicale pour honorer ce fameux “eleven” pour, comme on dit, “marquer le coup” !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Pour petit mot de la fin, j’invite les amoureux de la typographie à se rendre à Toulouse le 9 Décembre, car Frank Adebiaye et Suzanne Cardinal présenteront leur ouvrage sur François Boltana et la naissance de la typographie numérique. De même, si vous voulez  vous y rendre avant, le B.A.T. (Bureau des Affaires Typographiques) organise une table ronde sur le thème de la typo ! Pour finir, si j’ai placé ce “Vendredi c’est Graphism” sous la thématique de la fascination, c’est aussi car à force d’ouvrir en grand les yeux et d’être attentif à beaucoup de choses, on fait parfois de belles rencontres, et j’en profite aussi pour remercier toutes celles et ceux qui m’envoient leurs découvertes, leurs “rencontres graphiques” chaque semaine pour que je vous publie de nouvelles choses !

Excellent week-end !

Geoffrey

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Rembrandt squatter ! http://owni.fr/2011/07/10/rembrandt-squatter/ http://owni.fr/2011/07/10/rembrandt-squatter/#comments Sun, 10 Jul 2011 15:52:01 +0000 laboiteverte http://owni.fr/?p=73056

Le site de Patrick Baillet

Billet initialement publié sur La boite vertesous le titre « Peintures classiques dans des lieux abandonnés ».

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Vendredi c’est Graphism S02e09 http://owni.fr/2011/03/04/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e09/ http://owni.fr/2011/03/04/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e09/#comments Fri, 04 Mar 2011 07:30:57 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=49554 Bonjour à toutes & tous et bienvenue à bord de l’OWNI graphique du vendredi :-)

Aujourd’hui, notre revue de la semaine fait des aller-retours entre design numérique et graphisme imprimé, il va donc nous falloir sauter de l’un à l’autre avec, comme toujours, les yeux grands ouverts. Je vous propose donc cette semaine un travail mélangeant peinture classique et dessin-animés, une publicité Windows Phone 7 qui a des allures d’Apple, un coup de gueule pour protéger la vie de l’Association, une très belle animation et des interfaces mobiles. Je vous proposerai aussi de jeter un œil sur ma dernière affiche et un petit WTF avec un gros ours de deux mètres.

Un bon vendredi graphique à vous tous ! :-)

Geoffrey

Pour commencer notre revue de la semaine, voici un travail graphique vraiment intéressant car il s’agit de la rencontre entre le dessin animé & la peinture classique. Avec des airs de Roger Rabbit, une pincée de situationnisme et une bonne dimension culturelle, ces images racontent à chaque fois une histoire croisée. Un peu comme si deux mythologies se rencontraient. On redécouvre alors certains tableaux ou certains personnages de dessin-animé sous un nouvel œil.

Par exemple, l’avant-dernière peinture est une œuvre d’Édouard Manet intitulée « Un Bar aux Folies-Bergère ». Elle est inspirée du naturalisme de son ami Émile Zola. Le montage remplace ici le personnage principal (une vraie employée des Folies Bergère) par la célèbre Jessica Rabbit du film « Qui veut la peau de Roger Rabbit ». Le mélange des deux tournent autour de la thématique du double, du reflet, entre le « vrai tableau » qui place derrière la serveuse, un miroir qui la reflète de façon inexacte, et la symbolique de Jessica Rabbit qui déclare dans Roger Rabbit: « je ne suis pas mauvaise, je suis juste dessinée comme ça », on appréciera donc la subtilité du mélange ;-)

source

Cette semaine, nous avons également eu le plaisir de découvrir la dernière publicité non-officielle pour le Windows Phone 7 qui vient de sortir. Elle se veut novatrice, même si elle a parfois des allures de pub Apple et pourtant, on dirait qu’elle s’inscrit dans la « tradition » des publicités un peu psychédéliques de Microsoft, notamment celles avec Steve Ballmer.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Et Steve Ballmer en 1986 :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

On enchaîne avec une actualité assez malheureuse car il s’agit de l’Association qui ne se porte pas très bien. L’Association est une maison d’édition française de bande dessinée, fondée en mai 1990 par Jean-Christophe Menu, Lewis Trondheim, David B., Mattt Konture, Patrice Killoffer, Stanislas et Mokeït et elle édite des très bonnes bandes dessinées.

En quelques mots, l’Association va devoir licencier 3 ou 4 salariés (sur les 7 existants). Les salariés sont ainsi en grève depuis un mois car la direction refuse de présenter les résultats et notamment les bénéfices de l’entreprise pour justifier un tel licenciement…). Bref, en soutien aux salariés, les dessinateurs de l’Association ont mis aux enchères, chaque jour, un dessin pour payer les honoraires des avocats et si possible, les aider financièrement à supporter les 31 jours de grève qu’ils viennent de traverser.

le site pour soutenir l’Associationsource

Toujours du côté des artistes, voici un projet d’animation réalisé par une jeune équipe (Mathorne Bo, T. Sørensen Tue, Larsen Gil Arthur, Rie C. Nymand, Mads Simonsen, Thomas H. Grønlund, Sloth Jacob Esben, Martin Holm-Grévy) et qui n’a de cesse de m’enchanter. L’histoire est assez sombre mais saura trouver une touche graphique particulière, quelque chose de personnel, d’unique, notamment dans l’animation des personnages.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cette semaine fût également pour moi celle de la découverte d’un site Internet signé par Mari Sheibley, une designer de New-York qui travaille pour Foursquare. La majorité de son travail tournant autour du mobile, Mari a décidé de concevoir mobile-patterns.com, un site qui recense  les applications iPhone et Android par typologie d’interface. Cette bibliothèque de modèles d’interfaces mobiles vous servira peut-être si vous travaillez sur les interfaces mobiles et si vous recherchez l’inspiration :-)

le site

Avant-hier, j’ai pris un peu de temps pour dessiner cette affiche sur ce qu’on appelle les “Révolutions Arabes” (comme pour les circonscrire?). Je vous la partage donc, en précisant qu’elle est en Creative Commons & qu’elle est également disponible en grand format :-)

source

Pour finir cette semaine sur un WTF un peu trash, voici le travail de Mori Chack (森チャック), un artiste japonais spécialisé dans le domaine du graphisme. On se concentrera donc sur deux vidéos de “Gloomy Bear”, un ours rose de deux mètres de haut, violent et se nourrissant d’enfants. Vous l’aurez compris, ils sont l’antithèse de Hello Kitty et autres symboles kawaii… Attention les yeux ! ;-)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le petit mot de la fin sera pour attirer votre attention sur les images de ces révolutions en ce moment, ces images, A4, en noir et blanc, découpées rapidement sur Paint, ou ces affiches plus grandes, parfois sérigraphiées ou diffusées en masse sur Twitter. Ce sont des choses précieuses et rares que celles-ci, n’hésitez donc pas à vous y attarder, à les collecter et les garder bien au chaud :-)

Bon week-end ! :-)

Geoffrey

Bon vendredi

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Google Art Project: tout n’est pas rose http://owni.fr/2011/02/24/google-art-project-tout-nest-pas-rose/ http://owni.fr/2011/02/24/google-art-project-tout-nest-pas-rose/#comments Thu, 24 Feb 2011 17:00:59 +0000 aKa (Framasoft) http://owni.fr/?p=48230

Google vient de sortir un énième nouveau projet : Google Art Project [en].

Il est ainsi décrit dans cette dépêche AFP : « Google a lancé une plate-forme permettant aux amateurs d’art de se promener virtuellement dans 17 des plus grands musées du monde, dont le MoMA de New York et le Château de Versailles, grâce à sa technologie Street View, familier des utilisateurs du site de cartes Google Maps. »

La présentation vidéo de Google est spectaculaire et la visite virtuelle l’est tout autant. Ce qui m’a le plus impressionné, c’est le fait que chaque musée offre l’une de ses œuvres à une précision numérique hors du commun (7 milliards de pixels !). Regardez un peu ce que cela donne dans le détail pour La Naissance de Vénus de Boticcelli.

Faites un zoom sur son visage et vous serez peut-être comme moi saisi par une certaine émotion. Et si j’ai pris cet exemple ce que j’étais encore récemment devant le vrai tableau à Florence. L’émotion est tout autre, sans commune mesure, elle est bien plus intense évidemment, mais pouvoir regarder à la loupe un tel chef-d’œuvre n’est pas sans intérêt.

On a alors vu toute la presse, petit et grande, s’enthousiasmer sur ce nouveau service gratuit (cela allait sans dire avec Google). J’ai ainsi pu comptabiliser plus d’une centaine d’articles dans… Google Actualités (sic, on n’en sort pas !), et jamais je n’y ai lu la moindre critique.

La seule question que l’on se pose éventuellement est de se demander furtivement si un tel projet peut se substituer à la visite réelle. Et la réponse, aussi bien du côté Google que du côté musées, est au contraire que cela stimule la curiosité et amplifie le désir de venir. Un peu comme la vitrine d’un magasin vous donne envie de rentrer en somme. Et puis pour ceux qui ne peuvent vraiment pas y aller comme les enfants d’Afrique ou d’Amérique Latine, c’est toujours bien mieux que rien.

Et encore un projet sympa

Personne n’est donc venu apporter un seul bémol. On aurait pu souligner que c’est encore et toujours du Google, qui de projets sympas en projets sympas, commence à atteindre une taille intrinsèquement monstrueuse. On aurait pu regretter que pour pouvoir bénéficier d’un parcours individualisé et former ses propres collections il faille évidemment un compte Google (c’est gratuit mais c’est bien là le prix à payer à Google). Plus subtil mais pas moins important, on aurait pu se demander quelles étaient exactement les conditions juridiques des accords entre Google et les musées, notamment pour ce qui concerne l’épineuse question de la reproduction d’œuvres dans le domaine public (d’ailleurs on voit déjà fleurir dans Wikimedia Commons [en] des reproductions d’œuvres directement issues des reproductions de Google Art Project !).

Personne, sauf peut-être Adrienne Alix, présidente de Wikimedia France, qui a publié sur son blog personnel sa « vision critique » du projet, dans un billet que nous avons reproduit ci-dessous parce que nous partageons sa perplexité.

« Les wikimédiens passent énormément de temps à prendre de belles photographies de ces œuvres pour les mettre librement à disposition sur Wikimedia Commons et permettre à tous de les réutiliser. Il est souvent difficile de faire admettre aux musées qu’il est bon de permettre cette très large diffusion de la culture. Les choses changent peu à peu, le dialogue s’engage ces derniers temps, et c’est une très bonne chose (…) Quelle est ma crainte ? Que ces musées qui commencent timidement à ouvrir leurs portes et se lancent avec nous en faisant confiance, en prenant le pari de la diffusion libre de contenus dans le domaine public, se replient sur une solution verrouillée comme celle proposée par Google Art Project, où l’internaute ne peut absolument pas réutiliser les œuvres ainsi montrées. On visite, on ne touche pas. On ne s’approprie pas. On est spectateur, et c’est tout. Je crains que par envie de contrôle de l’utilisation des reproductions d’œuvres conservées dans les musées, la notion de domaine public recule. »

Vous trouverez par ailleurs en annexe, un petit clip vidéo montrant un photographe wikipédien à l’œuvre. Quand Google nous propose une visite virtuelle clinquante mais balisée et pour tout dire un brin étouffante, Wikipédia donne envie d’arpenter le vaste monde et d’en garder trace au bénéfice de tous.

Google Art Project : vision critique

URL d’origine du document

Adrienne Alix – 3 février 2011 – Compteurdedit
Licence Creative Commons By-Sa

Depuis deux jours, le web (et notamment le web « culturel », mais pas seulement) s’enthousiasme pour le dernier-né des projets développés par Google, Google Art Project [en].

Le principe est compréhensible facilement : Google Art Project, sur le modèle de Google Street View, permet de visiter virtuellement des musées en offrant aux visiteurs une vue à 360°, un déplacement dans les salles. On peut aussi zoomer sur quelques œuvres photographiées avec une très haute résolution et pouvoir en apprécier tous les détails, certainement mieux que ce qu’on pourrait faire en visitant réellement le musée.

Et donc, tout le monde s’extasie devant ce nouveau projet, qui permet de se promener au musée Van Gogh d’Amsterdam, au château de Versailles, à l’Hermitage, à la National Gallery de Londres, etc. En effet c’est surprenant, intéressant, on peut s’amuser à se promener dans les musées.

En revanche, au-delà de l’aspect anecdotique et de l’enthousiasme à présent de rigueur à chaque sortie de projet Google, j’aimerais pointer quelques petits points, qui peuvent paraître pinailleurs, mais qui me semblent importants.

1- d’une part, la qualité n’est pas toujours là. Vous pouvez en effet vous promener dans le musée, mais ne comptez pas forcément pouvoir regarder chaque œuvre en détail. On est dans de la visite « lointaine », un zoom sur une œuvre donnera quelque chose de totalement flou. Les deux captures d’écran ci-dessous sont, je pense, éloquentes.

2- Google rajoute une jolie couche de droits sur les œuvres qui sont intégrées dans ces visites virtuelles. Une part énorme de ces œuvres est dans le domaine public. Pourtant, les conditions générales du site Google Art Project sont très claires : cliquez sur le « Learn more » sur la page d’accueil. Vous verrez deux vidéos expliquant le fonctionnement du service, puis en descendant, une FAQ [en]. Et cette FAQ est très claire :

Are the images on the Art Project site copyright protected?

Yes. The high resolution imagery of artworks featured on the art project site are owned by the museums, and these images are protected by copyright laws around the world. The Street View imagery is owned by Google. All of the imagery on this site is provided for the sole purpose of enabling you to use and enjoy the benefit of the art project site, in the manner permitted by Google’s Terms of Service. The normal Google Terms of Service apply to your use of the entire site.

On y lit que les photos en haute résolution des œuvres d’art sont la propriété des musées et qu’elles sont protégées par le copyright partout dans le monde. Les images prises avec la technologie « Street View » sont la propriété de Google. Les images sont fournies dans le seul but de nous faire profiter du Google Art Projetc. Et on nous renvoie vers les conditions générales de Google.

En gros, vous ne pouvez rien faire de ce service. Vous pouvez regarder, mais pas toucher.

3 – D’ailleurs vous ne pouvez techniquement pas faire grand chose de ces vues. Y compris les vues en très haute définition. Effectivement le niveau de détail est impressionnant, c’est vraiment une manière incroyable de regarder une œuvre. Mais après ? Vous pouvez créer une collection. Soit, je décide de créer une collection. Pour cela il faut que je m’identifie avec mon compte Google (donc si vous n’avez pas de compte Google, c’est dommage pour vous, et si vous vous identifiez, cela fait encore une donnée sur vous, votre personnalité, que vous fournissez à Google. Une de plus). Je peux annoter l’œuvre (mettre un petit texte à côté, sauvegarder un zoom, etc). Que puis-je faire ensuite ? Et bien, pas grand chose. Je peux partager sur Facebook, sur Twitter, sur Google Buzz ou par mail.
Mais en fait, je ne partage pas réellement l’œuvre, je partage un lien vers ma « collection ». C’est-à-dire que jamais, jamais je ne peux réutiliser cette œuvre en dehors du site.

Donc si par exemple je suis professeur d’histoire ou d’histoire de l’art, je suis obligée de faire entrer mes élèves sur ce site pour leur montrer l’œuvre, je ne peux pas la réutiliser à l’intérieur de mon propre cours, en l’intégrant totalement. Ni pour un exposé. Je ne peux pas télécharger l’œuvre. Qui pourtant est, dans l’immense majorité des cas, dans le domaine public. Il faut donc croire que la photographie en très haute résolution rajoute une couche de droits sur cette photo, ce qui pourrait se défendre, pourquoi pas, mais aujourd’hui ça n’est pas quelque chose d’évident juridiquement.

Ce n’est pas la conception de partage de la culture que je défends

Antonio Pollaiuolo 005

Portrait de jeune femme, Antonio Polaiolo, fin XVe siècle, MoMa (à télécharger librement…)

Vous me direz qu’après tout, cela résulte de partenariats entre des musées et Google, ils prennent les conditions qu’ils veulent, c’est leur problème, on a déjà de la chance de voir tout cela. Ok. Mais ce n’est pas la conception de partage de la culture que je défends.

Je me permettrai de rappeler que, en tant que wikimédienne, et défendant la diffusion libre de la culture, je suis attachée à la notion de « domaine public ». Au fait que, passé 70 ans après la mort d’un auteur, en France et dans une très grande partie du monde, une œuvre est réputée être dans le domaine public. Et donc sa diffusion peut être totalement libre. Sa réutilisation aussi, son partage, etc.

Les wikimédiens passent énormément de temps à prendre de belles photographies de ces œuvres pour les mettre librement à disposition sur Wikimedia Commons et permettre à tous de les réutiliser. Il est souvent difficile de faire admettre aux musées qu’il est bon de permettre cette très large diffusion de la culture. Les choses changent peu à peu, le dialogue s’engage ces derniers temps, et c’est une très bonne chose. Nos points d’achoppement avec les musées tiennent souvent à la crainte de « mauvaise utilisation » des œuvres, le domaine public leur fait peur parce qu’ils perdent totalement le contrôle sur ces œuvres (notamment la réutilisation commerciale). Ils discutent cependant avec nous parce qu’ils ont conscience qu’il est impensable aujourd’hui de ne pas diffuser ses œuvres sur Internet, et Wikipédia est tout de même une voie royale de diffusion, par le trafic énorme drainé dans le monde entier (pour rappel, plus de 16 millions de visiteurs unique par mois en France, soit le 6e site fréquenté).

Quelle est ma crainte ? Que ces musées qui commencent timidement à ouvrir leurs portes et se lancent avec nous en faisant confiance, en prenant le pari de la diffusion libre de contenus dans le domaine public, se replient sur une solution verrouillée comme celle proposée par Google Art Project, où l’internaute ne peut absolument pas réutiliser les œuvres ainsi montrées. On visite, on ne touche pas. On ne s’approprie pas. On est spectateur, et c’est tout. Je crains que par envie de contrôle de l’utilisation des reproductions d’œuvres conservées dans les musées, la notion de domaine public recule.

Alors certes, la technologie est intéressante, le buzz est légitime, l’expérience de visite est plaisante. Mais au-delà de cela, est-ce vraiment une vision moderne et « 2.0 » du patrimoine qui est donnée ici ? Je ne le pense pas. J’ai même une furieuse impression de me retrouver dans un CD-ROM d’il y a 10 ans, ou dans le musée de grand-papa.

Pour terminer, je vous invite à aller vous promener sur Wikimedia Commons, dans les catégories concernant ces mêmes musées. C’est moins glamour, pas toujours en très haute résolution, mais vous pouvez télécharger, réutiliser, diffuser comme vous voulez, vous êtes libres…

Au cas où il serait nécessaire de le préciser : je m’exprime ici en mon nom personnel, et uniquement en mon nom personnel. Les opinions que je peux exprimer n’engagent en rien l’association Wikimédia France, qui dispose de ses propres canaux de communication.

Annexe : Vidéo promotionnelle pour Wiki loves monuments

Réalisée par Fanny Schertzer et Ludovic Péron (que l’on a déjà pu voir par ailleurs dans cet excellent reportage).

La vidéo au format WebM à télécharger (2 min – 35 Mo)

URL d’origine du document

Billet initialement publié sur Framasoft sous le titre “Google Art Project : Une petite note discordante dans un concert de louanges”

Image CC Flickr jrodmanjr

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http://owni.fr/2011/02/24/google-art-project-tout-nest-pas-rose/feed/ 7
Vendredi c’est Graphism ! S01E12 [spécial International] http://owni.fr/2010/10/29/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s01e12-special-international/ http://owni.fr/2010/10/29/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s01e12-special-international/#comments Fri, 29 Oct 2010 07:30:09 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=34041 Bonjour à toutes et tous, ici Geoffrey qui vous présente Vendredi c’est Graphism! :-)

Vous l’avez peut-être remarqué, Owni s’est mis sous le signe de l’international avec Owni.eu. Et pour saluer cette bonne nouvelle, je vous propose un numéro spécial de Vendredi c’est Graphism! qui sera axé sur l’international et ouvert au multiculturel ! Cette semaine, les artistes viennent des quatre coins du monde pour notre plus grand plaisir. Italie, Angleterre, États-Unis, Japon, Brésil… C’est parti !

On commence notre petit aperçu de la semaine avec quelques superbes illustrations surréalistes par l’italien Alessandro Gottardo. Ce jeune illustrateur maintes fois primé  a commencé à dessiner quand il était enfant et à vite compris qu’il pouvait en faire son métier en travaillant sur la simplicité du dessin. Il a donc commencé réellement sa carrière à l’Istituto Europeo del Design à Milan puis dans les magazines italiens. Alessandro est ensuite passé par le Canada pour travailler sur des projets d’illustration. Il œuvre aujourd’hui dans une agence néerlandaise au Royaume-Uni. Un artiste européen & réellement talentueux que je vous invite à découvrir.

On passe de l’Italie à la Grande-Bretagne avec un designer aux mille et unes idées décalées et astucieuses, j’ai nommé Wilcox dominic. Ce designer a pour projet de concevoir un “petit quelque chose de créatif” chaque jour, et ce pendant 30 jours. À la maison, dans son studio, dans le train, etc. partout où il se trouve, Wilcox crée quelque chose de matériel, de conceptuel, de design. Il réalise tout ceci avec les moyens du bord et notamment les choses qu’il trouve autour de lui. Voici quelques réalisations qu’il s’est amusé à concevoir.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

[source]

Toujours dans la culture anglo-saxone, voici une visualisation d’information sur la fortune de Marc Zuckerberg. Car oui, “un million de dollars n’est pas cool. Vous savez ce qui est cool? 6,9 milliards de dollars, ça c’est cool.” (ce n’est pas moi qui le dit). Cette petite infographie pose la question de ce que vous feriez si vous aviez la fortune de Zuck. Une fortune folle pour un projet fou.

[ source ]

On enchaine ensuite avec travail des deux suisses Martin Kovacovsky et Marius Hügli. Ces deux designers ont repris le principe de Camille Scherrer (mais si, rappelez-vous!) et ont réalisé un livre « augmenté » sur le thème de Dr Jekyll & Mr Hyde. Le résultat n’est pas une « incroyable surprise » mais s’avère être intéressant dans la façon dont il s’inscrit dans la continuité du livre en réalité augmentée. Je vous laisse découvrir le projet.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

[ source ]

Toujours dans l’actu internationale de la semaine je souhaite vous présenter un artiste brésilien assez intéressant car il s’est amusé à retravailler un matériau assez vivant qui est… la planche de skateboard ! Afin de promouvoir un nouveau « Utra Skate Store », le designer Beto Janz a récupéré des planches de skate brisées, abimées, cassées et les a sculpté pour produire des crânes. Ces planches ont ensuite été déposées aux alentours des skate parcs et autres lieux de skate afin que quiconque rapportant une planche de ce type en boutique puisse recevoir un petit cadeau (un skate?).

On termine notre aperçu de la semaine avec un bon petit WTF qui nous vient… du Japon bien évidemment ;-) Il s’agit de compétitions de “Micromouse”, un genre de divertissement robotisé. Ce concours particulier est un concours de robot qui doit résoudre un labyrinthe en moins de cinq secondes.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Un petit mot de la fin, (français car il vient de moi :-p) je voulais vous remercier d’être présent pour notre petit rendez-vous hebdomadaire ! Par ailleurs, la semaine prochaine je serai aux États-Unis pour travailler, dans la Sillicon Valley pour être plus précis, et je risque de ne pas pouvoir assurer l’épisode 13 de Vendredi c’est Graphism! Je me rattraperai la semaine suivante, promis ! ;-) Sur ce soyez sages & ouvrez grand les yeux !

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Vendredi c’est Graphism ! S01E11 http://owni.fr/2010/10/22/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s01e11/ http://owni.fr/2010/10/22/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s01e11/#comments Fri, 22 Oct 2010 06:30:43 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=32676 Et c’est reparti cette semaine avec le onzième épisode de Vendredi c’est Graphism !

Le programme de cette semaine est orienté “artiste” avec de nombreux coups de projecteurs à de talentueuses personnes. Je vous propose de découvrir dans quelle branche de geek vous vous situez, ou encore comment Willi Dorner a su transformer des gens en éléments architecturaux. Toujours dans l’architecture, on jettera un œil à cette exposition d’archi urbaine en Allemagne puis on plongera dans le numérique ;-)

On commence notre revue de la semaine avec une visualisation “geekesque” sur l’évolution du geek depuis sa création. Tout a commencé avec une simple évolution linguistique, “geckus” qui a conduit à “geek” qui a finalement conduit à “Gleek”. Il a fallu attendre les années 1950 pour que le mot geek devienne un élément de la pop-culture même si les geeks ont toujours existé. Créé par Flowtown, cet organigramme nous présente l’évolution du geek et ses différentes sous-cultures.

Et vous, quel geek êtes-vous ?


source

Des geeks, on passe aux fondus de la danse avec le travail du chorégraphe, Willi Dorner, qui a réuni un groupe d’artistes à New York pour participer à sa performance sur le corps dans l’espace urbain. Les performers ont fait le tour des différentes parties de Manhattan et se sont “imbriqués” ensemble dans l’architecture pour créer, comme dans tétris, des morceaux architecturaux vivants. L’idée véhiculée derrière tout ceci est de questionner les limitations physiques, émotionnelles et spirituelles dans l’espace dominant de la ville.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

On continue notre revue de la semaine avec une exposition d’architecture urbaine vraiment impressionnante de par son ampleur !

« Realstadt.wishes knocking on reality’s doors » (c’est son nom), est une exposition composée de plus de 250 maquettes architecturales et urbaines venues différentes villes allemandes. Voici donc 65 projets présentés en mots et en images dans une salle immense. cette salle est tout simplement la salle des turbines de grande station désaffectée. C’est également la première installation du genre qui se passe dans un lieu désaffecté. Voici le résultat, incroyable :

archi Une immense exposition darchitecture urbaine en Allemagne !

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Voici également l’animation 3D qui a fait du bruit cette semaine. Il s’agit d’un travail signé par Warp Records qui est basé principalement sur des personnages en 3D disponibles sur beeple-crap.com. La réalisation a une esthétique très intéressante de part son côté cubique, son aspect dessiné à la main et également un certain humour graphique.

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Cette semaine aura aussi été l’occasion de faire le plein de créativité et d’inspiration avec cette longue mais très intéressante présentation de Boris Loukanov. Ce document présente la création sur internet, tout simplement. Vous retrouverez donc de nombreuses choses connues et certainement des petites trouvailles encore inconnues. C’est par ici avec 119 slides pour en prendre plein les yeux…

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“Flotsam Wonder World” et le talentueux Mike Shine ont ouvert leurs portes à la caméra de Colin M. Day. Derrière cet artiste se cache un monde d’émerveillement, de spectacle où le graphisme, la peinture ont une place réellement nouvelle. Comme dans une galerie ou un musée, le travail de Mike Shine crée vraiment non seulement un dialogue entre les visiteurs, mais de l’interaction avec l’œuvre. Bref, si vous vous rendez à San Francisco, allez faire un tour à Flotsam Wonder World ;-)

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Le WTF de la semaine est à ranger dans la catégorie “Mais pourquoi est-il si méchant ?”

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Un petit mot de la fin avec des actus en plus, notamment un chouette concours chez Etsy, ou un autre chez moi pour des places de cinéma, si vous n’y êtes pas encore allé, je vous recommande également l’expo Moebius, et puis si vous êtes sage vous pourrez également aller à l’Opéra… mais dans un univers virtuel !

Bon week-end :-)

Geoffrey

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http://owni.fr/2010/10/22/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s01e11/feed/ 4
Quand la photographie se dit objective http://owni.fr/2010/03/20/quand-la-photographie-se-dit-objective/ http://owni.fr/2010/03/20/quand-la-photographie-se-dit-objective/#comments Sat, 20 Mar 2010 08:54:16 +0000 Valentina Grossi http://owni.fr/?p=10454 rudiknew

Le cas récent de l’exclusion de Stepen Rudik par le jury du World Press Photo, signalé par Sébastien Dupuy, a replacé la question de la retouche au centre de l’attention. Mais, la notion même de « retouche » étant loin d’être neutre, il est intéressant d’observer à quelle vision de la photographie elle est liée et quel système de valeurs elle met en mouvement lorsqu’on l’utilise. Si, en effet, l’on peut dire que parler de « retouche » nous ramène à l’idée d’une intervention humaine qui viendrait « parasiter »  l’acte photographique, déjà conclu en lui-même, l’on pourrait se demander pourquoi certains groupes et institutions veulent encore préserver la pureté du médium à une époque où le numérique rend extrêmement faciles et presque indétectables les retouches photographiques.

Un moyen de « reproduction »

La réponse pourrait se trouver dans le statut que la photographie a depuis sa naissance et qui est profondément lié à son haut degré d’automaticité. Comme Daguerre lui-même le précise, le daguerréotype « n’est pas un instrument qui sert à dessiner la nature, mais un procédé physique et chimique qui lui donne la facilité de se reproduire elle-même »[1]. Depuis ses origines, la photographie serait donc un moyen de « reproduction », et non pas de « représentation » ; la « médiation » et l’ « interprétation » humaines mises à l’écart grâce au corps mécanique et automatique de l’appareil (la célèbre expression de George Eastman « you press the button, we do the rest » est à ce propos très parlante) on arriverait à l’« objectivité » nécessaire pour obtenir une image qui n’est plus une copie de l’objet, issue d’une interprétation humaine, mais « cet objet lui-même […] libéré des contingences temporelles »[2]. Comme André Bazin l’explique, « le phénomène essentiel dans le passage de la peinture baroque à la photographie ne réside-t-il pas dans le simple perfectionnement matériel (la photographie restera longtemps inférieure à la peinture dans l’imitation des couleurs), mais dans un fait psychologique : la satisfaction complète de notre appétit d’illusion par une reproduction mécanique dont l’homme est exclu. La solution n’était pas dans le résultat mais dans la genèse »[3].

Et si, comme Bazin le souligne, l’on pourrait déjà reconnaitre les premiers pas de l’esthétique réaliste de l’image photographique dans les représentations picturales de la Renaissance, il ne va pas de même pour son « objectivité », qui est obtenue seulement au moment où le daguerréotype permet de mettre de côté l’humain (en lui substituant l’ « objectif »)[4], comme s’il s’agissait d’un intrus entre la nature et l’image de la nature même. Dans ce contexte, une expression de Barthes comme « la photographie est une image sans code »[5] prend toute son ampleur : libéré de la « médiation » humaine, « le référent adhère à la photographie »[6]. Bazin, encore une fois, le dit de façon éclairante : « tous les arts sont fondés sur la présence de l’homme; dans la seule photographie nous jouissons de son absence »[7]. William J. Mitchell pointe aussi l’importance de l’automaticité photographique pour la mettre en relation avec les images « acheiropoïètes » (non faites de main d’homme), en ce qui concerne le passé, et les procédures de production du discours scientifique, en ce qui concerne le présent, car l’absence de l’intervention de l’homme semblerait dans tous ces cas fournir la garantie de l’absence de manipulation, et donc une « véridicité » supposée.[8]

L’acte médiateur à la base de l’image photographique

Mais comment pouvoir oublier le geste de l’homme, quand tout dans la photographie est là pour nous le rappeler ? Choix du sujet, de l’exposition, cadrage, recadrage, tirage, impression et contexte de publication, sans parler de l’invention de la technique photographique elle-même : tout cela nous renvoie sans cesse à l’acte médiateur qui est à la base de l’image photographique, et que tant de photographes plus ou moins proches de la création artistique ont revendiqué pour  parler de la photographie comme d’un moyen d’expression à part entière. Ce grand oubli doit bien avoir une explication, qui est à chercher peut-être dans la vision naturaliste moderne, laquelle oppose « un esprit plus ou moins immatériel et un monde corporel objectif, c’est-à-dire dont les propriétés seraient spécifiées préalablement à toute opération de connaissance »[9], et qui a fait de la photographie l’une de ses techniques privilégiées pour l’observation de ce monde. Dans un monde où l’interprétation, la « médiation » de l’homme n’est plus nécessaire pour arriver aux choses, ou, pire encore, déforme ou manipule les choses mêmes, à quoi bon la prendre en considération ? Mais sans s’aventurer dans de telles spéculations, l’on ne peut pas nier que, même pour le sens commun, l’interprétation s’oppose à l’objectivité, et que cette dernière est gagnante si l’on veut entendre un discours « sérieux ».

Une vision répandue dans le milieu du photojournalisme

Parler de « retouche » par rapport à la question du travail numérique postérieur à la prise de vue signifierait donc l’opposer à une présumée « véridicité » de la photographie telle qu’elle existe au moment de sa « capture ». Comme le souligne André Gunthert, l’exclusion de Stepan Rudik par le jury du World Press Photo s’appuie sur une telle conception de la photographie, pour laquelle le fichier RAW constitue un moyen pour distinguer le travail de prise de vue de celui de l’intervention postérieure avec les outils numériques[10]. Mais cette vision de l’image photographique, répandue dans le milieu du photojournalisme et qui présuppose une technique « transparente » et « mimétique » par rapport aux objets du monde, s’oppose non seulement à une photographie supposée « fausse » ou « menteuse » mais aussi, d’un autre point de vue, à une photographie en tant que « moyen expressif ». La photographie en tant que « document » s’oppose donc à la photographie en tant que « création », et, en quelque sorte, les deux se définissent mutuellement.

L’exclusion de Stepan Rudik, un mal mineur

Mais comment cette opposition peut-elle tenir la route si, comme nous l’avons vu précédemment, elle repose sur l’idée facilement contestable du mimesis de l’image par rapport au monde ? Évidemment, et comme Tom Gunning le suggère, « la valeur sociale de la prétendue vérité de la photographie »[11] doit garder des encrages profonds au sein de notre société pour que cette dernière continue à croire dans le réalisme de l’image photographique. Selon Gunning, les outils numériques de retouches ne menaceraient donc pas cette vérité : « Puisque celle-ci est autant le produit d’un discours social que la qualité indicielle de l’appareil, il est fort probable que l’on trouvera le moyen de la préserver, du moins dans certaines circonstances. Le risque sera toujours un risque, sans devenir une fatalité. De même, puisque la fascination d’une photo truquée repose en partie sur sa vraisemblance, il est probable que même sur un plan populaire ou artistique, la photographie continuera de donner l’impression d’enregistrement exact de ce à quoi ressemblent les choses, faute de quoi l’on prendra beaucoup moins de plaisir à la distorsion »[12].

L’exclusion de Stepan Rudik constituerait-il donc un mal mineur pour la photographie, indispensable à cette dernière pour maintenir l’encrage dans le « réel » et continuer à exister en tant qu’entité autonome et indépendante des autres formes d’illustration? Même s’il est légitime de poser la question sous cet angle, il reste néanmoins souhaitable de s’interroger sur la nature des liens que la photographie entretient avec ce « réel », aussi bien que de ceux que nous entretenons avec la photographie elle-même.


[1] Louis Jacques Mandé Daguerre, « Daguerréotype », publicité de Daguerre pour son procédé, imprimerie de Pollet, Soupe et Guillois, Paris, 1838, dans Le daguerréotype français. Un objet photographique, Paris, éd. de la Réunion des Musés Nationaux, 2003, p. 384.

[2] André Bazin, Qu’est-ce que le cinéma ?, Paris, éd. du Cerf, 1990, p. 14.

[3] Ibid, p. 12.

[4] Voir ibid. p. 13.

[5] Roland Barthes, « Le message photographique », Communications, n° 1, 1962, p. 127-138.

[6] Id., La Chambre claire, Note sur la photographie, Paris, Gallimard, 1980, p. 18.

[7] A. Bazin, Qu’est-ce que le cinéma ?, op. cit., p. 13.

[8] Voir William J. Mitchell, The Reconfigured Eye, Visual Truth in the Post-photographic Era, Cambridge (Massachusetts), The MIT Press, 1994, p. 28.

[9] Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005, p. 259.

[10] Voir André Gunthert, « Le détail fait-il la photographie ? », L’Atelier des icônes, 7 mars 2010.

[11] Tom Gunning, « La retouche numérique à l’index », Études photographiques n°19, décembre 2006.

[12] Ibid.

Billet initialement publié sur Métamorphoses, blog de Culture visuelle

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