OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La cyberpropagande d’Obama et Romney http://owni.fr/2012/11/02/la-cyberpropagande-dobama-et-romney/ http://owni.fr/2012/11/02/la-cyberpropagande-dobama-et-romney/#comments Fri, 02 Nov 2012 13:32:59 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=124904

Mr et Mrs Sinker, mari et femme, assis sur un même canapé à Chicago, ont reçu en mars dernier le même mail de l’équipe de campagne de Barack Obama. Le même, à un détail près : M. Sinker se voyait proposer un don de 20$ et madame, de 25$. Une simple ligne corrigée automatiquement par une machine ayant eu accès à une information cruciale : Mme Sinker, 61 ans, avait auparavant été identifiée comme une grosse donatrice dans les fichiers du parti démocrate.

Analysés par ProPublica, les mails d'appel aux dons envoyés par l'équipe d'Obama en mars 2012 montraient des différences notables dans la formulation et les sommes demandés, selon que les sympathisants étaient enregistrés comme déjà donateurs ou non.


Les mystérieuses bases de données de Mitt Romney

Les mystérieuses bases de données de Mitt Romney

Aux États-Unis, le candidat républicain joue avec des bases de données (et avec la vie privée) de millions de potentiels ...

Décortiqué dans un graphique (voir l’illustration ci-dessus), ce cas d’école a été le départ d’une opération de reverse engineering (déconstruction d’un processus technologique) des “mail machines” des principales équipes de campagne. Si la première version du mail s’adressait en part égale à des hommes et à des femmes, donateurs réguliers ou non, pour une somme faible, la version 4 n’a été reçue que par des militants ayant déjà versé de l’argent, majoritairement des femmes, et proposait des montants allant de 0 à 300 dollars. La 5emouture, elle, s’adresse principalement à des hommes, seulement au-dessus de la trentaine et pour des petites sommes.

En faisant appel à ses lecteurs pour qu’ils partagent tous les mails reçus de la part des deux équipes de campagne, les journalistes du site ProPublica ont mis en place un système d’analyse comparative des différents mails envoyés avec pour objectif de prouver que ces équipes avaient recours à des systèmes automatisés de microciblage des militants.

Le 7 juillet, le site a ainsi analysé trois envois de l’équipe d’Obama. Grâce aux données récoltées par ProPublica, les journalistes ont pu classer les mails par “donation signal”, c’est-à-dire selon les montants des dons proposés lors des précédents mails. Aux profils gros donateurs, habitués aux mails demandant 220 à 280 dollars est envoyée une version remplie de liens de dons en un clic, prélevant automatiquement la somme proposée sur le numéro de compte enregistré. Pour les petits donateurs, bombardés de demandes de dons à moins de $40, il faut passer par une URL. Une preuve de la génération de mail “sur mesure” selon un critère renseigné dans les bases de données des partis.

Dans cette frise réunissant tous les mails transmis à ProPublica, chaque barre correspond au volume de mail envoyé par chaque équipe un jour donné, sa couleur correspondant à le nombre de variation par mail (tirant vers le rouge pour les plus optimisés).

Si l’analyse est encore en cours et les outils s’affinent au fil des jours, un résumé général donne à voir le bilan des mails déjà scannés. De mars à aujourd’hui, la quantité de mails est représentée pour chaque jour par une barre colorée, sur la ligne de l’expéditeur, dont la couleur change en fonction du nombre de variations, tirant vers le rouge pour les mails proposant le plus de versions différentes. Et dans les sondages comme dans l’utilisation des bases de données, Barack Obama semble conserver une avance certaine.


Illustration via la galerie Flickr de Nick Jugular [CC-byncsa]

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Pourquoi ProPublica se met à la publicité ? http://owni.fr/2011/01/06/pourquoi-propublica-se-met-il-a-la-publicite/ http://owni.fr/2011/01/06/pourquoi-propublica-se-met-il-a-la-publicite/#comments Thu, 06 Jan 2011 16:43:21 +0000 Megan Garber http://owni.fr/?p=41315 Allez jeter un œil au site de ProPublica, et vous noterez peut être qu’à coté des articles de blog, des boutons de dons, des projets spéciaux, et de tout ce qui fait la réputation de ce site de journalisme d’investigation, est apparu une nouvelle fonctionnalité : des bannières publicitaires. A partir d’aujourd’hui, le site internet va afficher des publicités afin de compléter les dons des différentes fondations partenaires ainsi que des lecteurs : ses deux principales sources de revenu.

“Nous avons attendu longtemps avant de le faire, ce n’était qu’une question de temps” m’a expliqué Richard Tofel au téléphone.

ProPublica n’est pas le seul à s’aventurer dans le domaine de la publicité caritative. Un certain nombre de site semblables dont California Watch, Texas Tribune, Voice of San Diego, et MinnPost affichent des messages sponsorisés de manière directe via des partenariats communautaires ou des souscriptions d’entreprises. Comme l’a expliqué Tofel dans un billet de blog expliquant et annonçant la démarche : “Nous le faisons dans l’objectif habituel : générer des recettes permettant d’alimenter nos activités, promouvoir ce que les personnes dans le milieu appellent la “durabilité”.”

Les revenus ainsi perçus ne seront certainement pas supérieurs à ce que rapportent les autres canaux de financement de ProPublica. Le site avait 1300 donateurs en 2010, en plus des 3,8 millions de dollars  accordés par la Fondation Sandler. Or la publicité web étant ce qu’elle est, les revenus publicitaires seront probablement une goutte d’eau par rapport aux donations. “Compte tenu de ce qui s’est passé ces cinq dernières années pour des prévisions raisonnables et comparables à notre audience (ndrl : plus de 1 million de pages vues mensuelles), il ne s’agira pas d’un montant très important”.

En somme, rien de comparable avec le Huffington Post, tant en termes de revenus que de contenu. Les annonces ProPublica seront délivrées via le réseau Public Media Interactive Network, un réseau de publicités web opéré par National Public Media lancé en 2008 pour vendre les espaces publicitaires vacants sur NPR.org et PBS.org. Mais ce réseau s’est récemment étendu aux sites d’information non-lucratifs (dont Texas Tribune et MinnPost feraient d’ailleurs partie selon ce communiqué de presse). Ce réseau vend des packs : les éditeurs peuvent ainsi sélectionner ou non des packs de publicités à afficher sur leur site. “Nous avons regardé la liste des annonceurs et pour le moment, aucun d’entre eux ne nous a semblé problématique.” précise Tofel. Pas de “Perdez 3 kilos en 1 semaine” ou autres monstruosités… Et puis surtout, comme le dit Tofel : “Il est de notre ressort d’accepter ou non un annonceur qui nous est proposé”. ProPublica a d’ailleurs publié une charte d’acceptabilité des publicités qui stipule :

Tout d’abord, ProPublica se réserve le droit d’accepter ou de rejeter n’importe quelle publicité ou parrainage qui nous est proposé.

ProPublica refusera toute publicité qui est réputée ou supposée trompeuse, frauduleuse, illégale, ou qui omettrait de se conformer au normes de décence, de gout ou de dignité. Ces conditions demeurant à la discrétion seule de ProPublica.

ProPublica, comme tout éditeur de journalisme de qualité, maintient une séparation claire entre les informations publiées et le contenu publicitaire. Les publicités qui tenteraient de brouiller cette distinction seront rejetées.

Voilà une approche qui permet à la fois de prendre le meilleur tout en évitant le pire. Tofel explique : “il s’agit de lâcher un peu de latitude sans risquer de tomber dans des situations inconfortables – ou pire, qui nuiraient à la confiance des lecteurs”

Cette relation avec les lecteurs – qui en définitive, considère l’audience de ProPublica non pas comme un collectif anonyme mais comme des individus dans le meilleur des sens : des amplificateurs de messages – restera constante chez ProPublica y compris avec cette stratégie publicitaire. Comme nous le verrons, promet Tofel, les partenariats existants avec d’autres médias (48 rien que la dernière année – ce qui est rare dans le milieu) continueront d’envoyer du trafic vers d’autres sites, partenaires ou autres.

Même si l’intégration de bannières publicitaires implique un intérêt à conserver et faire grossir le trafic vers ProPublica, Tofel rappelle : “nous ne sommes pas là pour faire de l’argent, nous sommes ici pour provoquer du changement, ce qui est toujours le cas aujourd’hui. Mais nous avons besoin d’argent pour maintenir le navire à flots, ceci non seulement pour aujourd’hui et demain, mais aussi et surtout pour un futur plus lointain.”

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Article initialement publié sur Nieman journalism Lab

>> photos flickr CC Propublica ; mammal ; Trey Ratcliff

Traduction : Stanislas Jourdan

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ProPublica: journalisme à (très) haut coût, financé par des dons http://owni.fr/2010/11/18/propublica-journalisme-a-tres-haut-cout-finance-par-des-dons/ http://owni.fr/2010/11/18/propublica-journalisme-a-tres-haut-cout-finance-par-des-dons/#comments Thu, 18 Nov 2010 11:00:53 +0000 Benoit Raphaël http://owni.fr/?p=36079 Difficile de parler des nouveaux modèles économiques des médias sans parler de ProPublica.

Même s’il parait difficilement applicable en France, il passionne autant qu’il pose de nombreuses questions.

Son fondateur, Paul Steiger (ancien directeur de la rédaction du Wall Street Journal, ci-contre), était invité aux Assises du journalisme de Strasbourg, hier, où j’étais présent, pour brosser devant un parterre de professionnels et d’étudiants fascinés, un modèle unique au monde.

Fascinant, le modèle de ProPublica l’est forcément : ce pure player américain fait du journalisme d’intérêt général, dans la plus pure tradition de l’investigation à l’américaine. Un journalisme que l’on ne connaît pas, ou peu, en France, où ce que l’on appelle “l’enquête”, se résume bien souvent à donner suite à des informations fournies par des sources intéressées à faire sortir telle ou telle affaire.

Le journalisme de ProPublica coûte cher. “Plusieurs de nos investigations ont nécessité jusqu’à deux ans de travail”, précise Paul Steiger.

L’enquête réalisée sur les hôpitaux de la Nouvelle-Orléans au moment du passage de Katrina, qui a reçu le prix Pulitzer cette année, (une première), a demandé un travail de plusieurs mois et publié sur plus de soixante feuillets, a coûté la bagatelle de 400.000 dollars (300.000 euros), rappelle Rue89.

300.000 euros, des sommes que l’on peut retrouver en télé, où les budgets ne sont pas les mêmes, jamais en presse écrite.

ProPublica, c’est une rédaction de trente-deux journalistes, dont huit prix Pulitzer. Depuis 2008, date de la création du site Internet ProPublica, rappelle le quotidien régional Les dernières Nouvelles d’Alsace le média a réalisé “138 enquêtes publiées dans trente-huit médias différents”. Et ces journalistes sont parfois des techniciens. Car ProPublica fait aussi dans le journalisme de données, c’est-à-dire un journalisme qui recoupe des données disponibles pour les mettre en scène et révéler de nouvelles informations. Par exemple ici, ce travail remarquable sur les labos qui paient les docteurs pour promouvoir leurs médicaments. Les données sont publiées par ProPublica et mises à disposition de toutes les rédactions des États-Unis. Chaque média local a la possibilité de récupérer les données de sa région et d’enquêter pour écrire ses propres histoires autour.  Un journalisme qui implique une hybridation du métier. Être technicien ne suffit pas pour croiser les données, il faut savoir passer des coups de fil, recouper les infos et les contextualiser. “Nos codeurs et analystes data ont beau avoir des diplômes d’ingénieurs, ce sont des journalistes”, rappelle Paul Steiger.

Combien ça coûte ? 10 millions de dollars par an. Le modèle économique ? Il n’y en a pas. Enfin, pas exactement. ProPublica est entièrement financé par des dons. 10 millions de dons par an. 70% en provenance d’un seul donateur, la famille Sandler. Ce qui n’est pas sans poser des questions sur l’indépendance à moyen terme. Ainsi, Paul Steiger cherche-t-il à diversifier ses donateurs.

Conséquence inédite de ce modèle d’intérêt public, ces enquêtes très coûteuses sont publiées en Creative Commons, c’est-à-dire qu’elles peuvent être reprises ou ré-exploitées par d’autres médias (sélectionnés par ProPublica).

Aux États-Unis, le système du mécénat par les fondations est très répandu. Difficile à imaginer en France. Chez nous, c’est plutôt le modèle de l’aide de l’État qui prime. Ce qui ne favorise ni le dynamisme, ni ce genre d’initiative.

Selon Paul Steiger, en dehors des dons, “il n’y a pas de modèle économique pour le journalisme d’investigation à (très) haut coût”. Il est pourtant indispensable au fonctionnement d’une démocratie. À méditer.

Billet initialement publié sur La Social NewsRoom

Image CC Flickr BillRhodesPhoto et luca.sartoni

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Comment créer un média à but non-lucratif? http://owni.fr/2010/10/14/comment-creer-un-media-a-but-non-lucratif/ http://owni.fr/2010/10/14/comment-creer-un-media-a-but-non-lucratif/#comments Thu, 14 Oct 2010 12:31:51 +0000 Jean Abbiateci http://owni.fr/?p=31555 Je signale simplement une très intéressante ressource mise en ligne par la Knight Foundation. Pour rappel, cette fondation américaine, très à la pointe dans la prospective sur l’avenir du journalisme, finance nombre de médias à but non lucratif (Propublica, San Diego Voice,  California Watch, Texas Tribune pour les plus connus).

Le dossier, très dense et sans blabla théorique, s’intitule : Comment créer un média non-lucratif?

C’est ici. Je partage sur Papier Brouillon mes notes de lecture qui pourront peut-être intéresser quelques personnes. Précision : ce sont des notes subjectives et surtout sélectives. Le dossier en lui-même est beaucoup plus étayé et il contient de nombreux liens en prolongement. Bref, une mine d’or.

1. Travaillez votre énoncé de mission

Il deviendra votre document de référence tout au long de votre projet. Celui-ci doit être toujours tourné vers le service que vous pouvez rendre au public. Il faut que cette mission ait un but d’utilité publique comme « accroître la participation civique » ou « chercher les solutions aux problèmes ».

2. Soyez transparents

La naissance d’un média à but non-lucratif fait cohabiter tout un tas d’acteurs différents, lecteurs et bailleurs de fond notamment. D’où la nécessité de mettre en place des mécanismes pour protéger la mission de votre projet et surtout pour répondre par avance aux possibles accusations qui peuvent « tuer » un projet éditorial. Quel argent acceptez-vous ou (ou pas) ? Que faites-vous si l’un des vos enquêtes porte sur l’un de vos donateurs ? Cette nécessité de transparence concerne aussi l’éthique, la collecte de fonds, la vérification des faits ou le sort des données recueillies.

3. Gagnez de l’argent

On croit souvent à tort que les organismes sans but lucratif et ceux qui les dirigent n’ont pas besoin de se concentrer sur la recherche d’argent. Erreur ! Comme toute entreprise normale, un média à but non-lucratif doit s’appuyer sur un business plan qui tient compte des ressources et des dépenses, et doit suivre une stratégie marketing au service d’une croissance à venir. La seule différence est que l’argent est réinvesti dans l’association et pas redistribué.

Votre business plan doit vous aider dans la recherche de subventions et de dons. Il vous sert aussi d’outil de transparence pour vos donateurs. Principaux dépenses d’un média non-lucratif : salaires (+ charges), loyer et fournitures, voyage, recours à des entrepreneurs extérieurs, équipement, marketing, coût de collecte de fond. Ressources : mécénat, dons des particuliers, subventions, vente, formation, événements, revente contenus, déclinaisons papier, consulting…

4. Créez de l’envie autour de votre projet

Commencez par rassembler tous vos mails pour lancer une alerte ou un bulletin électronique. . Ancrez votre projet dans les réseaux sociaux. Mettez en ligne une vidéo présentant le projet. Utilisez Twitter comme un moyen informel d’avertir vos lecteurs de l’avancée du projet. Soyez accessibles et dialoguez.

5. Soyez actif pour construire votre communauté

Le travail de création d’une communauté est une forme essentielle pour le bon développement de votre projet. C’est la meilleure façon de faire vous faire connaître sans argent. Listez les groupes, associations, acteurs, personnes que vous voulez atteindre et avec qui vous souhaitez travailler. Une fois fait, établissez un planning pour les rencontrer. Organiser des réunions avec des personnes clés de votre secteur pour leur expliquer ce que vous faites. Ils pourront peut-être vous offrir quelques portes. Faites la promo de votre projet, dans la presse, la blogosphère ou lors de conférences.

6. Collaborez

Collaborez avec d’autres sites, d’autres médias, d’autres communautés. Partagez et faites connaître l’information que vous produisez. Laissez d’autres médias enrichir (photo, infographie) vos histoires et vos enquêtes. Faites équipe avec d’autres journalistes. Travaillez à plusieurs. Faites de la promotion croisée.

Attention : il faut une relation gagnant-gagnant. Alors avant de vous lancer dans une collaboration, vous devez vous poser plusieurs questions : est-ce le meilleur partenaire pour mon entreprise? Comment puis-je établir une collaboration ? Quelle est la réputation de ce partenaire ? Que m’apporte-il (plus d’audience, ressources complémentaires, enrichissement). Toujours se baser sur son intitulé de mission. Et rappelez-vous que les organisations ne collaborent pas ensemble, ce sont les gens.

7. Soignez votre présence en ligne

N’hésitez pas à lancer très vite un site, même une seule page, où vous pourrez collecter les adresses email de ceux qui veulent avoir plus d’infos sur le développement du projet. Ensuite, privilégiez un site fiable techniquement qu’une usine à gaz. Cependant, ne croyez pas que les gens vont venir sur votre site simplement parce que votre contenu est bon. Allez chercher les internautes là où ils sont, notamment sur les réseaux sociaux (Facebook et dans une moindre mesure Twitter). Soignez votre présence sur ces réseaux. C’est la porte d’entrée de votre travail.

8. Mesurez votre impact

Fixez-vous des objectifs, définissez des critères concrets, quantifiables et réalisables pour mesurer votre avancée, et tenez-y vous. Par exemple : « je vais livrer X enquêtes dans l’année ». Mesurer votre audience, l’importance de votre communauté, l’audience de vos histoires qui rencontrent le plus de succès et qui montre l’impact de votre travail. Votre impact, c’est aussi le nombre de gens que vous aurez éventuellement formés ou le nombre de personnes présentes à vos conférences. Ces mesures de votre impact seront inclus dans vos rapports, auprès de bailleurs de fond et dans les demandes de subventions.

9. Soyez à l’écoute

Soyez à l’écoute des premiers retours de vos premiers lecteurs. Mon organisation est sur la bonne voie ? Quelles nouvelles opportunités devrions envisager ? Nous sommes-nous éloigné de notre mission à cause de la pression des donateurs ?

10. Lancez-vous

Après tout votre planification, vous êtes enfin prêt à faire le grand saut. Prenez une grande respiration. Et sautez le pas.

>> Article initialement publié sur Papier Brouillon

>> Photo CC FLlickr : Purdman1, ShironekoEuro[slow]

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Media bizmodels: time-sellers & watchmakers http://owni.fr/2010/10/01/media-bizmodels-the-time-sellers-and-the-watchmakers/ http://owni.fr/2010/10/01/media-bizmodels-the-time-sellers-and-the-watchmakers/#comments Fri, 01 Oct 2010 18:23:00 +0000 Nicolas Kayser-Bril http://owni.fr/?p=30040 Can you imagine a world where people on the street charge you $1 to tell you the exact time? Sounds ridiculous, doesn’t it? And yet, that’s exactly what news outlets are aiming to do: making a profit selling a free commodity.

At its core, news is available for free. Not only can you read it, see it or hear it in various forms, online or on air, many actors actually have an interest in spreading news for free. Traditional media organizations produce a smaller and smaller share of the total news output. Now that publishing costs have crashed, all those who have a message to push across can do it on their own.

Everybody wants to give you news

Governments, NGOs and captains of industry all have an interest in spreading their world-view so as to shape minds and advance their agendas. When a government pays for a 24-hour news channel that you can watch for free, such as Qatar’s AlJazeera and its YouTube channel, they don’t plan so much on selling eyeballs to advertisers, as on spreading a Weltanschauung that differs from the one provided by traditional international media. When Greenpeace posts job offers on journalists’ websites, their interest lies not in producing independent journalism, but in having articles written that will promote their activities.

Even traditional brands now operate under a for-prestige rather than for-profit rationale. Russian oligarch Pugachev Junior’s buyout of money-bleeding French daily France-Soir coincided strangely with Pugachev Senior’s deal that will see his shipyards build three French-designed Mistral-class amphibious assault ships. Some observers took it as evidence of newspapers now being used to funnel influence rather than profit.

Media organizations ceased to act as a filter between the public and business or political actors. The latter can reach their audience directly by giving away news content, therefore driving the cost of a single news item to 0. Just like the time of the day is shown on public displays, news is shared and received by the end-user at no cost.

Selling watches

Despite the obviousness of time’s costless nature, the clock and watch industry is a $17-billion operation in Switzerland alone. Value comes not from the end-use; rather, it is added with the case, the prestige, its simplicity or the style of the object.

News outlets have to switch their standing from time sellers to watchmakers. Is it a surprise to see an aggregative media outlet such as the Huffington Post, jump past established brands of the likes of The Washington Post and The LA Times? Not if it is understood that value isn’t derived from the volume of the content, but rather from the way it is organized.

One might look at an ancient sculpture and see a piece of stone while others can see a work of art. It all depends on the conservation efforts of the museum it is exposed in. In an age of content overabundance, care must be at the center of a news organization’s processes. Value doesn’t lie in the content, but in the way it is edited. Editors must watch over the sea of content available to them, select the pieces that will be most relevant to their audience and present them in an attractive way, just like a curator prepares his or her exhibition. This method is at work in the most successful single-person news operation online ever, the Drudge Report.

Manufacturing luxury cases for your news

In France, OWNI works in much the same way. A team of about 6 editors picks content from a 700-strong community of contributors and bloggers and edits it. Here at Owni, Editing is intended in its original, Latin sense of putting forward, as articles are sublimated from a basic, blog post form into a full-fledged news article and propelled into social networks, to be used and discussed by the whole community.

Original content can be commissioned when needed. Since editors watch over content produced elsewhere, these articles are sure to escape the pitfall of pack or copy & paste journalism. They are, most of the time, high-quality investigations that are then republished by other news websites, à la ProPublica.

Our business model differs from the ones described above, in the sense that our media is not and will not become a revenue stream. Rather, it is a showcase and a R&D lab. The experience we gather at OWNI is then reused on our for-profit arm, 22mars, which offers social media and datajournalism solutions to institutional and media clients.

Beyond our success, as shown by our nomination in the Online Journalism Association Awards, internet mogul Xavier Niel is taking part in our first financing round, and the fact that we’re probably the only profitable online, general-interest news operation in France, this business model is in use in many other companies, albeit in a less obvious form. Another French website, Rue89, also makes close to half of its turnover from services such as website deployment and training.

In Ukraine, the online media group FineWeb also has a news operation, HighWay (that resembles Oh My News rather than OWNI), as part of a larger portfolio of brands focused on particular verticals, such as Formula1, tennis or fashion. These properties run on cross-posting and translation of already-published content, playing the role of a luxury case that displays information. And it works, judging from the 400,000 monthly unique users the group gathers in a market 50 times as small as the US.

Content curation will not be the silver bullet that saves journalism. Nor will the bicephalous combination of a for-profit arm allied to a non-profit media. But they’re an answer among others to the media crisis. A sustainable one.

Photo credits CC : BrandonCwarren / bgavard-renoirCurious Expeditions

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Pour un journalisme de suivi http://owni.fr/2010/07/04/pour-un-journalisme-de-suivi/ http://owni.fr/2010/07/04/pour-un-journalisme-de-suivi/#comments Sun, 04 Jul 2010 12:07:10 +0000 Théo Haberbusch http://owni.fr/?p=21048 Vous aviez été nombreux à vous intéresser à l’enquête exemplaire menée par Propublica en partenariat avec le Los Angeles Times sur les faiblesses du contrôle des infirmières en Californie. Je vous en donne donc quelques nouvelles. Petit rappel : les révélations publiées étaient fondées sur la constitution et l’exploitation d’une base de données sur les infirmières sanctionnées pour des abus (négligence, abus sexuels, usage de drogue, criminalité) dans d’autres États mais autorisées à pratiquer en Californie, par manque de contrôle. Très vite, ce scoop avait fait tomber des têtes. Oui mais ensuite ? Et bien ce n’est pas fini.

C’est tout l’intérêt de cette enquête que de nous proposer un journalisme de suivi, qui ne se contente ni de l’incantation, ni de la dénonciation, mais qui suit les faits, au fil du temps.

Un récent article publié sur le site de Propublica nous apprend que le conseil des infirmières enregistrées (California’s registred nursing board) a découvert que 3500 de ses infirmières (donc autorisées à pratiquer!) avaient été punies dans d’autres États. Près de 2000 vont désormais devoir faire face à des procédures disciplinaires : c’est plus que le nombre total de procédures disciplinaires engagées durant les quatre dernières années !

Un suivi des conséquences de l’enquête

Gare au Schwarzie /-)

Le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger avait démis une bonne partie du Conseil des infirmières enregistrées après publication des révélations de Propublica.

Mais l’affaire est loin d’être terminée, comme l’expliquent bien les auteurs qui assurent un suivi pointu de leur enquête. Réduire la durée nécessaire pour traduire un soignant négligeant constitue un gros défi, l’objectif des autorités californienne étant de faire passer ce délai de plus de trois ans à moins de dix-huit mois. Difficile à tenir alors que l’enquête Propublica/LA Times a donc révélé 2000 cas qu’il faut désormais instruire!

Et pour assurer que de telles dérives ne se reproduisent pas à  l’avenir, un autre défi doit être relevé : celui d’une meilleure circulation de l’information entre les États américains, qui ne pratiquent pas tous le même type de contrôle sur leurs infirmières.

Une enquête vraiment multimédia

Pour finir, petit récapitulatif des composants de cette enquête épatante qui, si elle est effectivement longue à lire, tire aussi partie des potentialités d’Internet (clin d’oeil appuyé à Eric Mettout qui avait tapé il y a quelques temps sur une autre enquête de Propublica) :

  • le reportage complet
  • la « recette » du reportage pour le reproduire dans d’autres Etats
  • la base de données des infirmières sanctionnées depuis 2002
  • Des présentations multimédia de cas particuliers d’infirmiers coupables d’abus (ici et ici par exemple)
  • Des graphiques analysant la durée prise pour qu’aboutisse les procédures disciplinaires
  • Des diaporamas audios sur des victimes d’abus (par et par ici)

Billet initialement publié sur Mon journalisme sous le titre “Les (méchantes) infirmières californiennes sont de retour !”

Image CC Flickr bbcworldservice

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Des datas d’utilité publique sous la blouse http://owni.fr/2010/05/04/des-datas-dutilite-publique-sous-la-blouse/ http://owni.fr/2010/05/04/des-datas-dutilite-publique-sous-la-blouse/#comments Tue, 04 May 2010 15:52:37 +0000 Théo Haberbusch http://owni.fr/?p=11988 Les journalistes français sont-ils si mauvais ? se demande, dans un ouvrage récent, François Dufour, rédacteur en chef de Mon quotidien et ex vice-président des États généraux de la presse écrite. Je reviendrai bientôt en détail sur ce stimulant essai, mais je peux vous donner la réponse de François Dufour : oui, les journalistes français sont mauvais. Je ne souhaite pas reprendre en bloc ce jugement. Mais il est certain que les journalistes français démontrent  régulièrement des faiblesses inquiétantes. Plutôt que de pointer tel ou tel raté, je voudrais souligner notre marge de progression, en vous racontant l’histoire d’une enquête exemplaire. Pas de chance, elle n’a pas été réalisée chez nous.

Une fois n’est pas coutume, je vous invite à prendre l’avion pour traverser l’Atlantique. Direction la Californie. Là-bas, deux journalistes  ont réalisé un travail de dix-huit mois  et publié une enquête (commune au Los Angeles Times et à Pro Publica) de haute volée sur la façon dont étaient (ou plutôt n’étaient pas) sanctionnées les infirmières coupables de fautes ou de négligences professionnelles.

Enquête fondée sur des statistiques

Charles Ornstein et Tracy Weber, auteurs de l'enquête

Charles Ornstein et Tracy Weber, auteurs de l'enquête

C’est sur la méthode des deux journalistes que j’aimerais m’attarder. Ils se sont d’abord procuré une liste des infirmières ayant fait l’objet d’une procédure disciplinaire depuis 2002. À partir de là, ils ont consulté leurs dossiers disciplinaires, disponibles en ligne. Et ont remarqué dans plusieurs cas que les sanctions mettaient beaucoup de temps à être prises. Un infirmier condamné pour tentative de meurtre s’est ainsi vu renouveler son autorisation de pratiquer alors qu’il était en prison !

Mais il y a une différence entre un papier basé sur des anecdotes et une enquête fondée sur des statistiques. C’est pourquoi nos deux enquêteurs ont entré chaque cas d’infirmière faisant face à une procédure disciplinaire (2 400 en tout) dans une base de données. Y figure le nom de la personne, de ses employeurs, la date de la procédure et le type de sanction prises à son encontre, y compris dans différents États.

Une fois ces informations renseignées et consolidées, les reporters ont pu établir de façon chiffrée, donc  formelle, qu’en Californie, près de 100 infirmières considérées comme des dangers publics avaient pu continuer à pratiquer en raison des négligences du California nursing board, instance de régulation de la profession.

Une autre exploitation de la base de données met en évidence le fait que le California nursing board a mis en moyenne treize mois pour engager des poursuites à l’encontre de quelque trois cents infirmières déjà condamnées (licence révoquée ou suspendue) dans d’autres États.

Impact politique garanti

Impact garanti : après la publication de l’enquête, le gouverneur Arnold Schwarzenneger a remplacé dans les 48 heures la majorité du California nursing board, dont le président a démissionné.

Pour ceux qui sont intéressés par cette enquête, tout est en ligne, expliqué par le menu, mieux que je ne saurais le faire. Car le summum de la classe des deux reporters américains et de Pro Publica est d’avoir rendue publique leur « recette » pour réaliser l’enquête. Leur but : que leurs confrères d’autres États, qui disposeraient de moins de temps et de moyens, puissent la reproduire ! Il s’agit là d’une forme de journalisme collaboratif, qui pourrait permettre de donner à leur enquête une dimension nationale, si d’autres journalistes s’en saisissent.

Ce que nous pourrions en tirer en France

Quant à nous, qui passons en France beaucoup de temps à débattre de l’avenir du journalisme, voilà qui devrait nous remettre les idées en place. Plutôt que de pinailler sur l’intérêt ou non du « datajournalism » sans le pratiquer, plutôt que de nous demander si notre avenir est « entrepreunarial », plutôt que de débattre pour savoir s’il faut tweeter les résultats des régionales , ou encore plutôt que de disserter sur le futur de notre profession, mieux vaudrait se mettre au boulot.

Le chemin est clair. Ne pas avoir peur de nous confronter à des problèmes nouveaux. Mettre à l’épreuve notre méthodologie. Apprendre à manier les outils de gestion de base de données (Access, Excel). Et appliquer tout cela à des sujets qui parleront forcément à nos concitoyens : qui oserait dire qu’une enquête sur la santé en France (les hôpitaux, les maisons de retraite, les infirmières), plus ambitieuse que le simple reportage, ne trouverait pas d’écho ?

Quand la presse spécialisée se saisit des chiffres

Il ne s’agit pas de vœux pieux. Il est possible de s’y mettre, même modestement. J’ai par exemple réalisé (poussé et guidé par mon rédacteur en chef de l’époque  et avec l’aide de collègues) il y a quelque temps trois enquêtes de ce type. L’une visait à dresser le portrait-robot des présidents d’université (âge, sexe, conditions d’élection, responsabilités antérieures…) au moment où le gouvernement leur accordait l’autonomie. Nous avons réitéré l’enquête un an après pour voir si des évolutions étaient à noter.
L’autre enquête, dans le même contexte de passage à l’autonomie, portait sur les moyens dont disposaient les universités. Nous avions calculé des ratios (qui ont d’ailleurs été débattus ensuite avec l’administration) éclairants sur un sujet d’intérêt général, l’éducation : taux d’encadrement par étudiant, budget par étudiant, poids des différents financeurs dans le budget des établissements…

Ce travail, fondé sur des données essentiellement publiques, a fait du bruit dans le landerneau, mais il est resté le fait d’une publication spécialisée. Pourquoi donc aucun journal, aucun magazine français ne tente-il jamais ce type d’investigation, si ce n’est sur des sujets éculés comme les classements salariaux, de grandes écoles… ?

La manipulation de chiffres et de données sérieuses nous ferait-peur ? Le recueil de témoignages et le commentaire de l’actualité seraient-ils des pratiques plus confortables ?

À moins que je ne sois passé à côté d’initiatives en ce sens en France ? Si oui, faites le moi savoir !

Article initialement publié sur Monjournalisme.fr sous le titre “Journalistes, les infirmières californiennes peuvent vous faire aimer les chiffres !”

Photo CC Flickr amayzun

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ProPublica remporte un Pulitzer: la fin de l’hypocrisie d’une information “for profit”? http://owni.fr/2010/04/13/propublica-remporte-un-pulitzer-la-fin-de-lhypocrisie-dune-linformation-for-profit/ http://owni.fr/2010/04/13/propublica-remporte-un-pulitzer-la-fin-de-lhypocrisie-dune-linformation-for-profit/#comments Tue, 13 Apr 2010 12:23:51 +0000 Nicolas Kayser-Bril http://owni.fr/?p=12174

En récompensant une enquête financée par l’organisation new-yorkaise sans but lucratif, le jury du plus prestigieux prix de journalisme invite le secteur à repenser son business model, en particulier s’agissant d’investigation. La logique de rentabilité, surtout en cette période de crise, a des limites.

ProPublica, l’organisation new-yorkaise sans but lucratif pilotée par l’ancien du WSJ Paul Steiger, remporte un prix Pulitzer ! Les forçats de l’info se sont fait une joie de copier/coller l’information toute la journée d’hier. Les 968 articles sur le sujet le répètent à l’envie : pour la première fois, un article écrit pour le web remporte le glorieux prix (voir chez LCI et France Info pour des exemples). Seul Pierre Haski relève le niveau sur Rue89.

En réalité, ce Pulitzer n’est pas la première récompense reçue par un site web.

Le jury avait déjà trempé ses orteils dans le bain de l’info en ligne. Bien qu’étant composé à 95% de gros bonnets du journalisme traditionnel (le rédac chef de Politico est l’exception), ils avaient déjà salué la couverture en ligne du Times-Picayunes lors de l’ouragan Katrina en 2005. L’année dernière, ils ont également récompensé le Saint-Petersburg Times pour PolitiFact, une application qui détermine le degré de vérité des déclarations des politiques.

Photo Andres Rueda/Flickr

Une reconnaissance pour les nouveaux modèles de l’info ?

Avec un Pulitzer 2010 à ProPublicac’est la première fois qu’un média explicitement “non-profit” monte au sommet du journalisme mondial. Le message qu’a voulu envoyer le jury cette année est sans équivoque : en période de crise des vieux modèles économiques, le journalisme d’investigation ne peut se baser seulement sur des logiques de profit et de recherche de l’audience à tout prix.

Les médias financés par des mécènes font désormais officiellement jeu égal avec les entreprises traditionnelles. Philippe Couve le rappelait la semaine dernière, l’information n’a jamais été un produit commercialement viable. Jacques Rosselin, fondateur de Courrier International, en rajoute une couche. Citant Alain Minc, il compare le journalisme à de la haute-couture, “activité non rentable financée par les parfums et produit dérivés”.

Dans leur expérience du for-profit, les médias ont déjà exploré plusieurs pistes, des services Minitel à l’organisation de conférences pour la presse professionnelle. Rosselin cite l’exemple de CityzenTV, une télé locale caennaise financée par les recettes du bar dans lequel elle était implantée. Sans que ça le choque pour autant : “Après tout, un bistro, un site local, une télé local ou un journal local jouent tous le même rôle de lien social non ?”

Les limites du non-profit

Eric Scherer, directeur de la stratégie de l’AFP, revient sur les limites du non-profit. Pour lui, la déconnexion entre publicité et journalisme survenue sur le web pousse les producteurs de contenus à chercher de nouvelles sources de revenus. Si le non-profit se développe aux US, avec Spot.usTexas TribuneMinnPost, entre autres, ça n’est pas la solution à tout. D’autant plus que la culture du mécénat n’existe pas en France.

Scherer met le doigt sur un autre problème du journalisme non-profit : le journalisme orienté. De plus en plus d’ONG se lancent dans l’investigation pour combler le manque de moyens de la presse traditionnelle (voir le dossier du Nieman Labs sur le sujet). Pas sûr cependant qu’elles n’apportent pas plus de problèmes qu’elles n’en résolvent. En effet, ProPublica et consorts restent les héritier d’une certaine tradition d’objectivité quand Greenpeace ou Amnesty International cherchent à faire passer un message.

Les systèmes hybrides, se finançant via des subventions ou des dons directs de leur audience, semblent plus prometteurs aux yeux de Scherer.

Non-profit mais pas sans le sou !

Toujours aux États-Unis, c’est la Fondation Knight qui est à la pointe du soutien au journalisme innovant, en particulier avec les Knight News Challenge, des prix annuels pour un montant de 5 millions de dollars dont les gagnants seront annoncés au mois de juin prochain.

Cette évolution ne laissait que peu de doutes sur le nom du vainqueur 2010, deviné fin mars par Editor&Publisher. Face à ce mouvement de fond vers le web et le non-profit, le prix de l’université de Columbia ne pouvait rester en marge. Dorénavant, l’Europe non plus ne pourra pas durablement ignorer ce glissement vers le non-profit…

ProPublica a été créé en 2007 par le milliardaire américain Herbert M. Sandler qui l’a dotée d’un budget annuel de 10 millions de dollars. Le budget courant est financé par des mécènes plus modestes. Les dons s’élèvent en moyenne à 66.000 euros par donateur, d’après les calculs d’Alan Mutter.

D’après les documents fiscaux de ProPublica, les journalistes sont payés un peu plus de 60 000 dollars par an. Un peu moins de 3 700 euros bruts par mois. Un salaire relativement correct en temps de crise du journalisme. Pas étonnant qu’ils soient en mesure de sortir plus de Pulitzer que leurs homologues de Seed, le programme de sauvetage du journalisme d’AOL. Là bas, les piges sont payées 50 dollars. et l’optique semble demeurer la vente de pixels publicitaires.

Dans la même veine, Owni, le média social que vous êtes en train de lire, s’achemine vers un développement explicitement non-profit (fonds de dotation européen, association des éditeurs…) que nous vous conterons dans les jours et les semaines à venir. D’ici-là, vous découvrirez également la nouvelle soucoupe /-)


A contribué : Adriano Farano.

Disclosure: Adriano était dans le jury des Knight News Challenge cette année

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