[application] DespoticMind: qui bafoue les droits de l’homme ?

Le 13 septembre 2010

Plutôt que de vous donner une synthèse des 500 pages du rapport annuel L'Obstination du Témoignage, OWNI vous propose de le découvrir au travers d'un serious game: Despoticmind.

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme publie aujourd’hui son rapport annuel, L’Obstination du témoignage. Plus de 500 pages racontant par le menu comment les puissants torturent, violent et frappent impunément les défenseurs des droits humains, un peu partout dans le monde.


La masse de données ne doit pas cacher les situations nationales, toutes particulières. Pour sortir d’un mode de pensée binaire où les gouvernements occidentaux s’opposent aux gouvernements voyous, OWNI vous a mâché le travail et lu chacune des 63 fiches pays assemblées par l’Observatoire (programme conjoint de la FIDH et de l’OMTC).

Avec Despoticmind, vous devez retrouver les atteintes aux droits humains commises dans chaque pays suivant les règles d’un jeu de plateau connu.

Toutes les atteintes n’ont pas été répertoriées. Le gouvernement français, en particulier, mériterait de figurer dans le prochain rapport suite aux expulsions collectives de Roms qu’il organise. Si vous souhaitez proposer une atteinte (perpétrée en 2009), envoyez une courte description ainsi qu’un lien vers la source à nkb@owni.fr et nous l’ajouterons à la base de données.

Le serious game au service du journalisme

Pourquoi faire un jeu autour d’un sujet si grave ? En demandant aux utilisateurs de placer des pions symbolisant la torture ou l’esclavage sur un plateau, ne sommes nous pas en train de trivialiser ces crimes ?

Non, tout simplement. La banalité de l’horreur n’a rien de nouveau. Au contraire, en cherchant à simplifier les problèmes, les rédactions ont pris l’habitude d’appliquer les mêmes grilles de lecture à des situations complètement hétérogènes. Soudan = Guerre. Géorgie = Amie. Arménie = Amie aussi. Iran = On doit y aider les verts. Tunisie = Moins violent que l’Algérie. La liste des clichés avec lesquels on gave le téléspectateur serait sans fin.

C’est la raison pour laquelle la vision que nous avons de l’Afrique, par exemple, ressemble souvent à ça :

Despoticmind redonne toute leur place aux situations nationales. Nous cassons les modèles manichéens en remettant les faits au centre. Les problèmes du Gabon ne sont pas les mêmes que ceux de son voisin le Congo. Entre les grossières fausses preuves utilisées en Ouzbékistan et les moyens habiles de contrôle de la société civile par les ONG d’Etat en Azerbaïdjan, Despoticmind permet de saisir la diversité des moyens utilisés par les gouvernements lorsqu’il s’agit de piétiner les droits humains.

Le traitement de l’actualité par le jeu n’est pas nouveau. Wired s’était illustré avec Cutthroat Capitalism, où l’on rentre dans la peau d’un pirate somalien. De son côté, le site Newsgaming a produit September 12th, où l’on peut tirer les terroristes et les conséquences de la guerre en Afghanistan. Des chercheurs de Georgia Tech ont même écrit un livre, à paraître en octobre, sur l’application du jeu vidéo au journalisme.

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